| DÉPENAILLÉ, ÉE, adj. A.− Qui est en haillons. Synon. déguenillé. 1. [En parlant d'une pers.] Vêtu de haillons : 1. Il [Samuel] était tout dépenaillé, pieds nus, jambes nues, la chemise en lambeaux, mais propre comme une chatte.
Loti, Aziyadé,1879, p. 9. − P. ext. Dont la mise est très négligée et désordonnée. Synon. débraillé : 2. ... il [Fould] a les joues pendantes, l'œil éteint, le poil plus blanc, et ce je ne sais quoi de débraillé et de dépenaillé qui annonce le vieillard.
E. Delacroix, Journal,t. 2, 1853, p. 126. 2. P. méton. [En parlant d'une étoffe et plus partic. d'un vêtement] Déchiré en maints endroits. Étoffe, robe dépenaillée. [Un] drapeau dépenaillé, tourné à la loque déteinte (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., 2, p. 27). − P. métaph. Notre bonheur ressortit de cette longue et triste aventure, mais tellement dépenaillé qu'il faisait pitié (Gide, Journal,1932, p. 1126). B.− 1. Fam. ,,Visage dépenaillé, figure dépenaillée`` (Ac. 1878). ,,Visage flétri, défait`` (Ac. 1878). 2. P. ext. et au fig. [En parlant d'une chose en gén.] En très mauvais état. Synon. délabré.,,Fortune dépenaillée, fortune délabrée`` (Ac. 1878). Une vieille maison toute dépenaillée (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1838, p. 43).[Un] vieux roman dépenaillé, qu'on a lu quarante fois en cachette (Renard, Journal,1908, p. 1199). Rem. On rencontre ds la docum., le verbe trans. dépenailler. Mettre en lambeaux. Attesté ds Lar. 19e-20eet Quillet 1965. Les prés se dissociaient, dépenaillaient leur tapis de haute laine verte (J. de La Varende, La Normandie en fleurs, 1950, p. 209). Les branches [des épicéas] (...) se dépenaillent (...) en barbes, en confusions desséchées (Id., Indulgence plénière, 1951, p. 116). Gérard (...) sort de sa poche un paquet de tabac, en arrache l'enveloppe, et le dépose, petit cube se dépenaillant, au fond du pot resté ouvert (M. Butor, Passage de Milan, 1954, p. 40). Prononc. et Orth. : [depənɑje]. Transcrit [depnɑje] ds Pt Lar. 1968 et, en ce qui concerne le lang. cour., ds Warn. 1968. Pour Barbeau-Rodhe 1930, [ə] muet est facultatif. On rencontre également à titre de var. du lang. cour. [dεpnɑje], cf. Pt Rob. et Warn. 1968; à ce sujet, cf. dépecer. Admis ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1546 c[ouillon] depenaillé (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, ch. 28); 1611 « en haillons » (Cotgr.); p. ext. 1798 « dont la mise est très négligée » (Ac.). Issu du croisement du m. fr. pennallye, penaille « ensemble des vêtements de quelqu'un » xves. [ms.] (Des estats du siècle ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 266), dér. de l'a. fr. penne, panne « étoffe de soie » avec l'a. fr. despaner « déchirer » (xiies. ds T.-L.); dér. de l'a. fr. pane « chiffon » (lat. pannus, FEW t. 7, pp. 556 b-557 b). Fréq. abs. littér. : 37. |