| DÉPAILLER, verbe trans. [Le compl. d'obj. désigne un siège (chaise, fauteuil, tabouret)] Dégarnir totalement ou en partie de sa paille : Le père, avec l'agilité d'un saltimbanque, saisit un pot égueulé qui était sur la cheminée et jeta de l'eau sur les tisons. Puis s'adressant à sa fille aînée :
− toi! dépaille la chaise! sa fille ne comprenait point. Il empoigna la chaise et d'un coup de talon il en fit une chaise dépaillée. Sa jambe passa au travers.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 892. Rem. On rencontre ds la docum. dépaillé, ée, part. passé et adj. Dégarni de sa paille. Jacques alla dans la cuisine. Il y vit Eugénie qui, assise sur une chaise dépaillée, pleurait devant le vautour, et le vautour qui la regardait de ses yeux impassibles et fatigués (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 226). Prononc. : [depɑje], (je) dépaille [depɑ:j]. Lar. Lang. fr. transcrit [a] ant. Cf. -aille. Étymol. et Hist. 1. 1758 « abîmer, épuiser les champs » (Dup. de Nemours, Note à Quesnay, 1erProbl. Écon., D., II, p. 117 ds Brunot t. 6, p. 237, note 6 : ils [...] dépaillent leurs terres), attest. isolée; 2. 1834 part. passé adj. « dégarni de sa paille » chaise à moitié dépaillée (Balzac, Chabert, p. 70); 1862 trans. (Hugo, loc. cit., dépaille la chaise!); 3. 1894 pop. « déménager » (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., p. 87 : [Les ouvriers couchant sur des paillasses] quand un propriétaire ... vient les faire expulser ... : Tu peux aller chercher le quart ... tu ne me feras pas dépailler). Dér. de paille* formé comme anton. de empailler; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 2 (dépaillé : 21). Bbg. Darm. 1877, p. 136. |