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DÉGONFLER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Faire perdre son gonflement à une chose, la vider de l'air ou gaz qu'elle enferme. Dégonfler un ballon, un pneu :
1. La tempête qui règne actuellement sur notre littoral a obligé l'administration des ballons captifs et libres de Nice, pour éviter un accident, de dégonfler son grand aérostat. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Notes d'un voyageur, 1884, p. 436.
P. ext. Faire perdre du volume à une chose enflée, boursouflée. Une application de sangsues dégonfla le doigt enflammé (Littré);attesté aussi ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
2. Au fig.
a) Ramener une chose à ses justes proportions, en dénoncer la démesure ou l'importance excessive. Ces réputations de salles d'armes qu'une piqûre dégonfle à la première rencontre (A. Daudet, Immortel,1888, p. 233).Si Montherlant avait véritablement dégonflé le mythe de l'éternel féminin, il faudrait l'en féliciter (Beauvoir, Deux. sexe,t. 1, 1949, p. 314).
b) Se libérer d'une oppression morale, d'un sentiment oppressant. Dégonfler son cœur. Dégonfler son âme des colères que le passé y avait accumulées (Estaunié, Empreinte,1896, p. 189).
B.− Emploi pronom.
1. Perdre son gonflement, être vidé de l'air ou du gaz enfermé. Un ballon qui se dégonfle (Ac.).
P. anal., trivial. Un hydropique se dégonflait, et faisait boucher le nez à quatre ou cinq larronnesses (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 100).Les chiens ont une espèce de civilité et de délicatesse réflexes − Ils font mine de couvrir leur ordure; ils se dégonflent contre un arbre (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 121).
Avec ell. du pron. Le débouché s'opéra, (...) les cuirs se desserrèrent, la vache dégonfla (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 74).
P. ext. Perdre du volume. Cet abcès commence à se dégonfler (Ac.1932).
2. Au fig.
a) Être ramené à ses justes proportions, perdre sa démesure, son intensité :
2. Le père Ubu, hier soir, au T.N.P., quel petit homme, après tout! En voilà un qui s'est dégonflé! À mesure que nous vieillissons, les caricatures les plus chargées qu'on fait de nous deviennent ressemblantes. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 137.
b) Se libérer d'un sentiment, d'une oppression morale, s'épancher. Son cœur se dégonfla, et elle put pleurer (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 155).Il [Stéphane] disait cela pourtant sans se mouvoir, éprouvant un immense désir de se dégonfler du chagrin qui l'étreignait (Estaunié, Simple,1891, p. 109).
Avec ell. du pron. Madame Lerat ne dégonflait pas de vanité (Zola, Nana,1880, p. 1359).
c) Pop. Perdre sa détermination, son courage ou son audace au moment d'agir; p. ext., se retirer lâchement d'une affaire. Je le connais, moi, c'est une chiffe, une poule mouillée, il se dégonfle toujours (Cendrars, Moravagine,1926, p. 137).
Rem. On rencontre l'adj. dér. dégonflable. Qui peut être dégonflé. Un ballon dégonflable (Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [degɔ ̃fle], (je) dégonfle [degɔ ̃:fl̥]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1558 se desconfler « cesser d'être gonflé » (L. Joubert, Hist. des poissons de Rondelet, Des Insect., ch. XXVI ds Gdf. Compl.), réapparaît au xixes. 1802 trans. (Nouveau dictionnaire françois-allemand et allemand-françois, éd. chez S. Flick d'apr. FEW); 2. 1862 fig. (Hugo, Misér., t. 1, p. 688 : Il s'étonne peu, s'effraye encore moins, chansonne les superstitions, dégonfle les exagérations); 3. 1913-18 fig., pop. se dégonfler « manquer de courage » (d'apr. Esn. Poilu, p. 203). Dér. de gonfler*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 86.
DÉR.
Dégonflard, arde, subst.[Correspond à dégonfler B 2 c] Pop. Personne qui manque de détermination, de courage ou d'audace au moment d'agir. Je rougirais de mirer une face de dégonflard dans la lame de mon épée (Arnoux, Rhône,1944, p. 37).Le fém., qui n'est pas attesté ds la docum., est mentionné ds Quillet 1965 et Rob. Suppl. 1970.Rem. On rencontre ds la docum. le synon. dégonfleur, euse, subst. Je ne suis pas un dégonfleur, dit-il et il signa (Vialar, Éperon arg., 1952, p. 258). 1reattest. 1932 (Céline, Voyage, p. 555); de dégonfler, suff. -ard*. Fréq. abs. littér. : 1.