| DÉCROISER, verbe trans. A.− [Le suj. désigne une pers.] Changer de place ou de position ce qui est croisé. Catherine décroisa ses jambes et ses doigts, s'abandonna contre le dossier (Nizan, Conspir.,1938, p. 185). − Emploi subjectif. [Avec un réfl. indir. équivalent de l'adj. possessif si le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Le député (...) se croisait et se décroisait les bras (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 406). − En partic., TISS. Décroiser les fils d'un métier (Ac.1932; cf. Thiébaut, Fabricat. tissus, 1961, p. 139). − P. métaph. : 1. Mais à présent, ne croirait-on pas qu'elle [une danseuse] se tisse de ses pieds un tapis indéfinissable de sensations? Elle croise, elle décroise, elle trame la terre avec la durée. Ô le charmant ouvrage.
Valéry, Eupalinos,1923, p. 25. B.− Emploi pronom. avec valeur passive. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Se décroiser.Cesser d'être croisé. Le châle se décroisa sans que Célestine s'en aperçut (Balzac, Employés,1837, p. 94): 2. Je parlais de ces deux boulevards. (...) Ils sont parallèles, monsieur le conseiller, l'un tout au nord, l'autre tout au sud, et il est peu probable qu'ils forment jamais un carrefour (...). Il faudra que vous veniez un jour à Paris voir quelles rues s'y croisent et s'y décroisent.
Giraudoux, Siegfried,1928, III, 4, p. 129. Prononc. et Orth. : [dekʀwaze], (je) décroise [dekʀwa:z]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1548 descroiser [les jambes] (Noël du Fail, Baliverneries d'Eutrapel, éd. G. Milin, p. 19). Dér. de croiser* « disposer en croix »; préf. dé-*; ca 1221 descroisier « détourner de la croisade » (Huon de St Quentin, Complainte de Jérusalem ds Cod. Digby, 86, 108 ds T.-L.); dér. de se croiser* « prendre la croix ». Fréq. abs. littér. : 46. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 325. |