| DÉCORATIF, IVE, adj. A.− ARTS. Qui sert à décorer (cf. ce mot A 1); qui est relatif ou qui est propre à la décoration (cf. ce mot A). (Quasi-)synon. ornemental.Un grand panneau décoratif où, dans un paysage tourmenté, une femme tombait épuisée, hagarde, les cheveux épars (Péladan, Vice supr.,1884, p. 90): 1. Dans la littérature d'Italie, on retrouve ce souci d'expression plastique et décorative obstinée qui lui fait couvrir de fresques non seulement les chapelles des églises et les murs des cimetières, mais les façades des maisons : ...
É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 102. SYNT. Composition, effet, élément, motif, peinture, procédé, style, thème décoratif(ive); école, musée des arts décoratifs. − Expr. synt., spéc. Arts décoratifs. Branche des arts appliqués ayant pour but la décoration (notamment des édifices, des intérieurs, etc.) et comprenant la peinture, la sculpture, la tapisserie, l'ébénisterie, etc. P. ext. Musique décorative. Musique uniquement orchestrale. Dans son essence même, la musique décorative (...) est un support expressif et brosse une toile de fond (Samuel, Art mus. contemp.,1962, p. 764). B.− [Gén. sans intention ni recherche et parfois avec une idée d'inutilité, de superflu] Qui décore (cf. décorer A 2); produit l'effet esthétique d'une décoration. 1. [En parlant de choses concr. ou abstr.] Disposition décorative. La vue de pivoines confucius, de ces fleurs de soie rose turc, reflétées de blancheurs indescriptibles en leur décoratif découpage (Goncourt, Journal,1887, p. 678).Elles [les bergères] demeuraient purement décoratives, décorative aussi la table (Estaunié, Bonne-Dame,1891, p. 16): 2. La question est pour nous de savoir si ces nouvelles civilisations (...) méritent ici et là le nom de civilisations humaines, c'est-à-dire qui atteignent le cœur même de l'homme non seulement pour user de lui et brûler ses réserves d'héroïsme et d'exaltation, mais pour y susciter de stables formations de vertus, et pour créer dans la conscience et dans la société des structures vitales et progressives, et non pas seulement décoratives; ...
Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 299. 2. P. anal. (et parfois p. iron.). a) [En parlant d'une pers.] Qui, par sa belle prestance, sa mise brillante, ses qualités esthétiques, relève l'éclat d'une réunion; p. ext., qui n'a que des fonctions d'apparat. Un de ces enfants bien habillés, décoratifs, à qui l'on tient, parce qu'ils rehaussent la population scolaire (Frapié, Maternelle,1904, p. 237): 3. Et jamais je n'avais si bien compris qu'il y a d'innocents petits êtres purement décoratifs, créés pour le seul charme de leur coloris et de leur forme...
Loti, La Troisième jeunesse de Madame Prune,1905, p. 259. − Emploi subst. Le(s) décoratif(s). La réunion d'apparat, où tous venaient, les muets et les décoratifs (Zola, Argent,1891, p. 175). b) P. ext. [En parlant du comportement d'une pers.] Fonction décorative, rôle décoratif. Elle [MmeBovary] ne s'en tient pas aux gestes décoratifs (...) mais elle ose accomplir des actes véritables (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 22). Prononc. et Orth. : [dekɔ
ʀatif], fém. [-i:v]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1478 « qui sert à décorer, qui décore bien » (Panis ds Fr. mod., t. 29, p. 141), rare av. le xixes. 1836 (Ac. Suppl.); 2. 1890 en parlant d'une pers. (DG). Dér. de décorer*; suff. -(at)if*. Fréq. abs. littér. : xixes. : a) 9, b) 158; xxes. : a) 537, b) 557. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 92. |