| * Dans l'article "DÉBROUILLER,, verbe trans." DÉBROUILLER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] a) [concr.] Mettre en ordre ce qui est emmêlé. Débrouiller les fils d'un écheveau : 1. Il défit tranquillement la grande corde qu'il avait autour du corps et qui s'embrouilla deux fois; il lui fallut beaucoup de temps pour la débrouiller et l'étendre sur le parapet.
Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 365. b) [abstr.] Au fig. Rendre clair à l'esprit ce qui était complexe, confus, obscur. Débrouiller une intrigue. Expliquez-vous. J'étais dernier en Histoire Sainte, je n'ai jamais très bien su débrouiller les paraboles (Anouilh, Répét.,1950, II, p. 40): 2. ... à cette vue, il se jette à mes pieds et ajoute (...) que des dépêches importantes arrivées dans le jour exigent sa présence au village voisin où il est attendu par un courrier.
− Cette lettre au surplus pourra débrouiller l'énigme.
La Martelière, Robert, chef de brigands,1793, IV, 4, p. 45. 3. ... quatre audiences par semaine, de onze heures à cinq heures; toujours les mêmes écheveaux de chicanes à débrouiller; ...
Zola, Pot-Bouille,1882, p. 133. 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Fam. Débrouiller qqn.Apprendre à quelqu'un à surmonter ses difficultés, à le rendre plus habile. C'était une petite femme sèche et vive, d'allure paysanne, mais très débrouillée par ses continuels voyages à Paris (Zola, Fécondité,1899, p. 133). B.− Emploi pronom. 1. [Le suj. désigne une chose] a) [En parlant de ce qui était brouillé] S'éclaircir Le jour ne se débrouillait pas, sale et triste, un de ces petits jours d'hiver lugubres (Zola,
Œuvre,1886, p. 385): 4. ... aussitôt que (...) les chants de ces pauvres larves eurent cessé, le ciel se débrouilla, laissa voir quelques morceaux de bleu.
A. Daudet, Tartarin sur les Alpes,1885, p. 74. b) P. ext. Apparaître clairement : 5. ... la légende de Pierre, premier pape, est écrite d'avance; mais il faudra quatre ou cinq siècles pour que cela se débrouille.
Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Antéchrist, 1873, p. 35. 2. [Le suj. désigne une pers. ou un animal] a) Se tirer habilement d'affaire. Débrouillez-vous! S'arranger avec. Ça va. Il est même là-dessus. Il était signalé. Que la police se débrouille avec lui! (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 295): 6. Quand le chien a empaumé la voie, on le laisse se débrouiller et chacun court prendre un de ces postes que savent bien les chasseurs...
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 88. b) Subsister par des moyens astucieux mais privés de tous scrupules (cf. débrouillardise). c) Être débrouillé et au part. passé en fonction adj. un garçon assez débrouillé. Être dégrossi : 7. Pourtant, il ne fallait pas se fier à l'air bêta de Lucien. Avant un an, lorsqu'il se serait un peu débrouillé, ce serait un gaillard.
Zola, Une Page d'amour,1878, p. 836. Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. débrouillamini. Action de débrouiller un embrouillamini. Le jour où je voudrai recommencer d'écrire dans ce cahier des notes vraiment sincères, il me faudra d'abord un tel travail de débrouillamini dans ma cervelle encombrée, que j'attends, pour remuer toute cette poussière, de vastes heures vides, un long rhume, une convalescence où se reposent un peu mes curiosités sans cesse ressoulevées (Gide, Journal, 1890, p. 18). Prononc. et Orth. : [debʀuje], (je) débrouille [debʀuj]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desbrouiller; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1549 « rendre intelligible à l'esprit ce qui est embrouillé » (Est.); 2. 1611 sens concr. (Cotgr.); 3. av. 1648 pronom. « s'éclaircir (du temps) » (Voiture, Lett. 61 ds Littré); 4. 1822 au fig., pronom., « se tirer d'affaire, voir clair dans quelque chose » (Michelet, Mémorial, p. 191). Dér. de brouiller*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 545 (débrouillé : 70). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 322, b) 356; xxes. : a) 749, b) 1 399. DÉR. Débrouilleur, euse, subst.Personne ou chose qui aide à débrouiller. Survient Cuvier au cerveau large, Puissant débrouilleur qui se charge D'écrire ses notes en marge De ce livre prodigieux, Qui fait un savant commentaire À ces chroniques de la terre (Pommier, Océan.,1839, p. 173).Emploi adj. J'avais oublié de vous dire que c'est lui qui est mon père débrouilleur, mon arracheur et mon père à secrets, mon Amalric (M. de Guérin, Corresp.,1832, p. 59).− [debʀujœ:ʀ], fém. [-jø:z]. − 1reattest. 1648 (Scarron, Virgile Travesti, 5, ds DG); de débrouiller, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 238. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 247. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 266. |