| DUÈGNE, subst. fém. A.− [Dans la tradition esp. ou p. réf. à cette tradition] Femme âgée, chargée de veiller sur la conduite d'une jeune personne. Duègne espagnole, Madame la duègne; un emploi de duègne; jeune femme, jeune fille gardée par une duègne; sous la surveillance d'une duègne; donner une duègne (à qqn); duègne ou chaperon. Qui reconnaîtrait en Mademoiselle la duègne qui nous chaperonna ces trois jours? (Colette, Cl. école,1900, p. 238).Ces duègnes, qui suivent les jeunes filles à la promenade, et puis font leur petit rapport en rentrant (Loti, Désench.,1906, p. 63): ... En un mot, ce n'est ni une duègne ni une suivante que j'adresse à l'aimable baronne, mais une compagne et une amie...
Sand, Consuelo,t. 1, 1842-43, p. 199. ♦ P. métaph. Et vos sourires sont les duègnes de votre vertu (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 13). − Spéc., THÉÂTRE. Les duègnes du théâtre classique. Il [M. Lavoine] jouait les raisonneurs, les pédants, les personnages de composition et, en cas de besoin, les duègnes (Duhamel, Suzanne,1941, p. 225). B.− P. ext., péj. Vieille femme insupportable et gênante, généralement chargée de surveiller une jeune personne. Une vieille, une sotte duègne; une duègne revêche. Une affreuse duègne (...) quelque chose comme la femme de Cerbère (Dumas père, Fille du régent,1846, III, 2, p. 209).La laideur et la vulgarité de cette duègne sont à peine croyables (Bloy, Journal,1904, p. 65). Prononc. et Orth. : [dɥ
ε
ɳ]. Ds Ac. 1798-1932. Fér. 1768 renvoie à douègne. Étymol. et Hist. Dueña 1621-46 « en Espagne, dame âgée chargée de veiller sur une jeune fille, une jeune femme » (F. de Bassompierre, Mémoires, t. II, p. 272 ds Reinh., p. 362); 1643 Doëgne (La Fontaine de jouvence, 2epart., entrée 2, in Fournel, Les Contemporains de Molière, t. II, p. 239 ds Quem. Fichier); 1655 duègne (Scarron, Le Roman comique, éd. A. Adam, I, 22 : les Dames en Espagne ont des Duegnas auprés d'elles [...] ces Duegnas ou Duegnes sont animaux rigides et fascheux, aussi redoutez pour le moins que des belles-mères). Empr. à l'esp.dueña, attesté dep. 1063 au sens de « dame », et dep. 1140 au sens « dame de compagnie » (Cid d'apr. Cor., s.v. dueño), issu du lat. dŏmĭna (cf. doña). Fréq. abs. littér. : 122. Bbg. Boulan 1934, p. 71. − Darm. Vie 1932, p. 142. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 243. − Quem. 2es. t. 2 1971. − Reinh. 1963, p. 188. |