| DUC1, subst. masc. A.− HISTOIRE 1. Vx. Synon. de doge.Un doge (c'est-à-dire un duc) de Venise (Proust, Guermantes 1,1920, p. 459). 2. HAUT MOYEN ÂGE. Celui qui est à la tête d'une armée, d'une tribu; celui qui gouverne une circonscription administrative supérieure au comté. Les Thorings et les Baïwares, qui conservaient leur nationalité sous des ducs héréditaires (Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 25): 1. L'Aquitaine, toujours jalouse de son indépendance, même sous les plus puissants des Mérovingiens, s'alarme, tourne les yeux vers le grand chef militaire du Nord. On a besoin d'un sauveur et il n'y en a d'autre que le duc d'Austrasie [Charles Martel].
Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 31. 3. MOY. ÂGE et HIST. MOD. Celui qui a le gouvernement d'un territoire (duché) relevant en principe directement du roi ou de l'Empereur. Duc de Bourgogne, duc de Lorraine, duc d'Aquitaine. Parmi ces souverainetés locales qui avaient poussé partout, il en était de plus importantes que les autres. Ducs de France et de Bourgogne, comtes de Flandre et de Toulouse : ce sont les grands feudataires (Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924p. 46): 2. Nancy n'est pas une ville ancienne, mais son site ou ses abords immédiats sont de très anciens centres de groupement. Sa position justifie la pensée politique qu'eurent les ducs en y fixant leur capitale. Nul poste meilleur pour dominer la falaise, surveiller le Barrois, grouper les éléments territoriaux d'un duché qui se constitua et se maintint, de Bourmont à Longwy, ...
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 209. 4. HIST. MOD. et CONTEMP. a) Prince d'une maison souveraine portant le titre de duc. Il est vrai qu'une nouvelle révolution pouvait sortir de cet acte d'héroïsme désespéré : l'empire pour le duc de Reichstadt et la monarchie pour le duc de Bordeaux (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 114): 3. L'insurrection parisienne, canalisée d'ailleurs par la bourgeoisie parlementaire, aboutit non à la République, mais à une nouvelle monarchie constitutionnelle plus libérale. Le monarque est le duc d'Orléans, cousin de Charles X, qui régnera sous le nom de Louis-Philippe.
Vedel, Manuel élémentaire de dr. constit.,1949, p. 77. b) Personne qui porte le titre de noblesse honorifique le plus élevé. M. de Caraman, qu'on avait fait duc, apparemment parce qu'il avait été valet de M. de Metternich (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 619): 4. On dit de notre maison : « Plus noble que le roi! » − Je suis vingt-deux fois comte. Mon grand-père avait trois cent mille livres de rente, était gouverneur de Saint-Domingue, général de brigade, et marquis de l'Isle-Adam, près Paris. − J'ai la grande croix de l'Ordre de Malte, et notre titre sous Louis XII, était grands barons de France, qui avaient le pas sur les ducs.
Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1873, p. 179. − Duc à brevet*. − Duc et pair. Celui qui, en vertu de son titre de duc, avait les privilèges de la pairie. Sa hautaine figure de duc et pair, [M. de Saint-Simon] (Hugo, Rhin,1842, p. 16). B.− Spéc. Voiture de luxe à quatre roues comportant deux places ainsi qu'un siège à l'avant pour deux domestiques et un autre identique à l'arrière. Il amena les quatre poneys attelés sur le duc (L. Halévy, L'Abbé Constantin,1882, p. 115). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. ducaillon « petit duc » dér. péj. de duc (cf. Stendhal, Lamiel, 1842, p. 122). Prononc. et Orth. : [dyk]. Ds Ac. 1694-1932. D'apr. Lab. 1881, p. 72, on ne fait pas de liaison quand l's du plur. est précédé de c; ex. : ducs et marquis [dykemaʀki]. Étymol. et Hist..Cf. duc2. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 354. − Herb. 1961, pp. 72-73. |