| DRÔLERIE, subst. fém. [Correspond à drôle I A 1] A.− Parole, acte ou fait amusant, divertissant ou pittoresque. Dire, faire des drôleries; les petites drôleries d'un gamin. Quasi-synon. bouffonnerie, facétie, plaisanterie, blague (fam.).Moi, je n'ai jamais pu être le héros d'aucune histoire. Tenez, voici la seule drôlerie qui me soit arrivée (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 264).Je sens l'auteur excédé se venger (...) par quelque drôlerie qui lui échappe invinciblement (Valéry, Variété I,1924, p. 87). − Vieilli. ,,Trait de gaillardise, de bouffonnerie`` (Ac. 1835, 1878). Et je trouve qu'il n'y a pas de festin excellent, s'il ne se termine par quelque bonne drôlerie et joyeuseté (Banville, Gringoire,1866, p. 23): 1. Elle n'avait vu ni Louise ni Maxime parmi les danseurs, elle se disait qu'ils devaient être là, dans quelque trou des feuillages, réunis par cet instinct des drôleries et des polissonneries, qui leur faisait chercher les petits coins, dès qu'ils se trouvaient ensemble quelque part.
Zola, La Curée,1872, p. 563. B.− Caractère de celui ou de ce qui est amusant, divertissant ou pittoresque. La drôlerie de cette enfant, de cette aventure; la drôlerie d'une réponse, d'une répartie; elle en parlait avec drôlerie. Quasi-synon. cocasserie; anton. tristesse.Le bal s'agitait dans une drôlerie adorable (Zola, Page amour,1878, p. 899).Mon oncle était un très grand bonhomme (...) d'une drôlerie infinie, pétri d'esprit et amusant comme on ne l'est plus guère (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 66).J'aime la vulgarité, la drôlerie forte, l'obscénité élisabethaine de certains pitres adorés du public des « burlesks » (Morand, New-York,1930, p. 170): 2. Il est fin, je l'ai vu drôle, dit-elle encore en riant d'un air gourmet et connaisseur, comme si porter le jugement de drôlerie sur quelqu'un exigeait une certaine expression de gaîté, ou comme si les saillies du duc de Guastalla lui revenaient à l'esprit en ce moment.
Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 521. SYNT. Drôlerie adorable, émouvante, enfantine, touchante et ingénue; drôlerie amusante, comique, des plus plaisantes, gentille, malicieuse, réjouissante; drôlerie canaille, gouailleuse; drôlerie énorme, imprévue, inénarrable, infinie, intense, irrésistible, prodigieuse, profonde, remarquable. Rem. Le mot est fam. selon Ac. 1835-1932. Prononc. et Orth. : [dʀolʀi]. Cf. drôle. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 drollerie « ensemble des débauchés » (Fr. Habert, trad. d'Horace, Satyres, I, 2, Paraphrase ds Hug.), emploi isolé; 2. ca 1570 « action, propos plaisant » (V. Carloix, Mémoires de la vie de Fr. de Scépeaux, III, 9 ds Littré); 3. 1595 « chose sans importance » (Montaigne, Essais, III, 2, éd. A. Thibaudet, p. 904); 4. av. 1850 « côté plaisant d'une personne ou d'une situation » (Balzac, Lettres, t. 3, p. 76). Dér. de drôle*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 120. |