| DROSSER, verbe trans. MAR. [Le suj. désigne un phénomène naturel] Détourner (un navire) de sa route (par opposition à porter). Synon. dévier.Pour comble de désagrément, il s'élève une brise de S.E. qui nous drosse à vue d'œil tout droit sur la côte (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud,t. 2, 1842, p. 31).Faire tête à un fort vent possible ou à des glaces dont la masse aurait pu nous drosser à terre (Charcot, «Pourquoi-Pas?» 1934, p. 16).L'embrun l'avait tellement drossé [le trois-mâts russe] que sa grand'vergue taillait dans l'eau (Céline, Mort à crédit,1936, p. 140):C'était une grande péniche qui, silencieusement, et sans un feu à bord, entreprenait de barrer le fleuve. Le vent la drossait. Le marinier peinait, à bord, arcbouté sur sa gaffe. La lourde et massive barque obéissait avec maladresse et s'engageait dans les joncs avec de longs froissements.
Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 63. − P. anal. Il est venu de Pythô, le fugitif, drossé par la rafale de tous les dieux! (Claudel, Choéphores,1920, p. 941).L'équipage était condamné à s'enfoncer, avant trente minutes, dans un cyclone qui le drosserait jusqu'au sol (Saint-Exupéry, Vol nuit,1931, p. 126). Prononc. et Orth. : [dʀ
ɔse]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1777 (Lescallier, Vocab. des termes de mar. ds DG). Prob. empr. au néerl. drossen « id. » (De Vries Nederl.; FEW t. 15, 2, p. 76b), plutôt que dér. de drosse* (sens 2) p. compar. avec le mouvement du cordage; dans cette dernière hyp., le néerl. serait empr. au fr. (Bl.-W.1-5; FEW t. 13, 2, p. 157b). Fréq. abs. littér. : 4. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 245. |