| * Dans l'article "-AIN3, -AINE,, finales de subst. ou d'adj." -AIN3, -AINE, finales de subst. ou d'adj. I.− -ain, finale de substantifs masculins (gén. de l'inanimé), sans unité réelle de signification et d'origines diverses (cf. infra étymol.) − Le subst. désigne ce qui doit se développer : couvain « amas d'œufs d'abeilles ou d'autres insectes » levain « pâte de farine fermentée et additionnée de levure; tout ce qui est capable d'exciter, d'aviver » nourrain « fretin qu'on met dans un étang, un vivier, pour le repeupler » − Le subst. désigne un matériau : douvain « bois pour faire des douves » merrain « bois débité en planches destinées surtout à la tonnellerie »; on écrit aussi mairain − Le subst. est un terme de géol. : ridain « nom donné à certains plis de terrain qui se trouvent au fond de l'eau » terrain « étendue de terre » − Le subst. désigne une plante : fusain « 1. arbre ou arbrisseau ornemental. 2. charbon friable fait à partir du bois de fusain dont on se sert pour dessiner » plantain « plante herbacée très commune dont la semence sert à nourrir les oiseaux captifs » Rem. La base ne se reconnaît pas dans les subst. : airain « bronze » andain « enjambée du faucheur » rouverain ou rouverin « fer cassant, de couleur rouge » Cf. aussi les subst. désignant des êtres vivants :poulain « petit de la jument » vulcain « vanesse (variété de papillon) de couleur rouge et noire » II.− -aine, finale de substantifs de l'inanimé (gén. au fém.) : bedaine, - bourdaine, - fontaine, - fredaine, - futaine, - marjolaine, - migraine, - misaine, - mitaine, - moraine, - porcelaine, - poulaine, - prétentaine, - rivelaine .- Cf. cependant, les subst. masc. : chevaine, domaine.Rem. -aine entre dans la formation de mots à valeur onomatopéique ou dans la formation de séquences où le rad. est répété. -ain commute avec -on après des bases terminées en [d] ou en [t] : bed-aine / bed-on - dond-aine / dond-on - miront-aine / miront-on - mit-aine / mit-on - tont-aine / tont-on - Une termin. -daine ou -taine peut s'accoler à un mot en -on ou en -our : bedondaine / bedon - calembourdaine oucalembredaine / calembour - mirontaine / miron - Cf. aussi turlutu/turlutaineIII.− -ain, -aine, finale d'adj. : certain, - hautain, - lointain, - prochain, - soudain. - Noter aussi :hautain subst. masc.variante hautin,« vigne cultivée en hauteur, appuyée sur des arbres ou de grands échalas » (Rob.). Prononc. : [εn]. Cf. la rem. de Mart. Comment prononce 1913 citée à aine1. − Rem. Fér. 1768 fait une distinction entre, p. ex., chaîne ou haine, et capitaine ou plaine. Dans le 1ercas la voyelle, longue, ,,se prononce comme un ê fort ouvert, dans le second comme un è moyen``. Étymol. ET HIST. − Les termin. -ain et -aine ont des orig. très variées.
1. -ain
a) Venant de termin. lat.
− -ain < -amen :
airain < b. lat. *aramen, issu par assimilation vocalique du b. lat. aĕrāmen (Bl.-W.4)
levain < lat. pop. *lĕvāmen « levure » (Dauzat 1964)
merrain < lat. pop. *materiamen « bois de construction » (ibid.)
− -ain < -ago, -aginem :
fusain < lat. pop. *fusago, -agĭnĭs, dér. de fusus « fuseau » (Dauzat 1964)
plantain < lat. plantagĭnem, acc. de plantago de même racine que planta (ibid.)
b) -ain s'explique par des changements de suff. ou confusions graph. dues à l'homophonie
− -ain/-in (cf. -in*) :
nourrain < *nutrimen « action de nourrir »; apparu début xive, sous la forme norrin (Dauzat 1964)
poulain < *pullanus < pullinus, ou peut-être de pullamen, d'abord coll. (Nyrop t. 3 1936, § 160); forme pulain début xiie; anc. prov. polin
− -ain < -ein < -ēnum :
terrain < lat. terrēnum, neutre substantivé de l'adj. terrēnus « forme de terre »; au xviie, on écrit aussi terrein (Dauzat 1964)
c) Orig. diverses :
andain, peut-être sur un rad. and-, comme dans l'ital. andare « marcher »; il existe des formes latinisées andainus, andena (Dauzat 1964) ou < lat. pop. *ambitānus, adj. formé pour qualifier passus « pas », dér. de ambitus (Bl.-W.4)
d) Formations fr. en -ain : couvain, sur couver (anciennement couvin); douvain, sur douve; pelain, sur peler; ridain, sur ride
2. -aine
a) Le subst. fém. a pour orig. un anc. adj. en -ain disparu :
aubaine, fém. de l'adj. aubain (xiie-xviiies.), du frq. *aliban « appartenant à un autre ban »; par le droit d'aubaine, la succession revenant au seigneur, puis au roi; d'où le sens fig. « profit inattendu » (Dauzat 1964)
fredaine, fém. de fredain « mauvais »; sans doute du germ. *fra-aidi, « qui a renié son serment » (a. haut all. freidi) (ibid.)
poulaine, fém. de l'a. fr. poulain, « polonais » (ibid.)
b) Le subst. a pour orig. une termin. lat.
− -aine < -ana :
fontaine < lat. pop. fontana
marjolaine, mariolaine (marjolaine étant une faute de lecture); de *marionaine, altéré de l'anc. maiorane, xiiies., par croisement avec Marion, dimin. de Marie; du lat. médiév. maiorana, d'orig. obscure (Dauzat 1964)
− -aine < -aneum :
futaine < lat. médiév. fustaneum, calque du b. gr. xulina lina, c.-à-d. tissu « qui vient d'un arbre » pour désigner le coton (ibid.)
− -aine < -inium :
domaine < lat. dominium « propriété » (Dauzat 1964)
Le mot migraine, migraigne < lat. médiév. hemicrania, du gr. hêmikrania « douleur dans la moitié du crâne » (ibid.) est un cas isolé.
c) Le subst. est une formation fr. en -aine :
bourdaine, 1467, refait sur bourd < lat. burdus « mulet »; initialement, vers 1200, borzaine, orig. obscure (Dauzat 1964)
mitaine, de l'a. fr. mite « chatte », à cause de la fourrure, d'orig. onom. (ibid.)
tiretaine, prob. de l'a. fr. tiret, dér. de tiré « étoffe de soie » < b. lat. tyrius, « étoffe de Tyr »; le 2eélément est peut-être issu de futaine (ibid.)
d) Le subst. en -aine est un emprunt :
misaine, migenne, 1382; mizenne fin xve; misaine 1573 d'apr. ital. mezzana; < cat. mitjana, proprement « (voile) moyenne » (ibid.)
moraine < savoy. morena « bourrelet de terre en bas de la pente d'un champ »; dér. du prov. mor(r)e « museau » (ibid.)
porcelaine < ital. porcellana « coquillage » < porcella « truie », par compar. avec la vulve de la truie (ibid.)
rivelaine < d'un rad. néerl. riven, par le wallon (ibid.)
3. -ain, -aine (après adj. ou adv.) :
certain < *certanus, adj., sur adv. certe
forain < *foranus, adj., sur adv. foris
lointain < *longitanus, adj., sur adv. longiter
prochain < *propeanus, adj., sur adv. prope « proche »
soudain < *subitanus < subitaneus, sur subito, ablatif de subitus
souterrain < *subterranus < subterraneus sur subter
souverain < *superanus, adj., sur adv. super
Rem. 1. Sur le même modèle suzerain est formé sur sus; hautain correspond à l'adv. lat. alte, et l'a. fr. dererain au lat. de retro. 2. Acérain, refait au xxes. sur a. fr. acérin, ne s'est pas imposé. Pour les formations onomatopéiques en -aine, cf. supra II rem. BBG. − Baldinger 1950, pp. 79-82, 143-151. − Cohen 1946, p. 41, 44, 68. − Darm. 1877, p. 85. − Dub. Dér. 1962, pp. 16-17, 84-85; p. 104. − Lew. 1960, p. 17, 28; pp. 53-55; p. 185, 246, 248. − Wolf 1964. |