| DONZELLE, subst. fém. A.− Rare et vieilli 1. Sans nuance péj. Jeune fille. Elle [la table d'hôte de l'auberge] était servie (...) par une avenante donzelle (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 357). − Plus spéc. Demoiselle d'honneur. Assise entre ses parents, entourée des donzelons et des donzelles, la fiancée tendait son pied. La première donzelle apportait le sabot, le premier donzelon en chaussait la promise (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 218). Rem. À noter que dans cet ex. apparaît le subst. masc. donzelon. Garçon d'honneur. 2. P. ext. Fille ou femme à l'allure ou à la tenue équivoque, de mœurs légères. Dans un wagon rempli de monde, j'avais en face de moi une donzelle qui fumait des cigarettes, étendait ses pieds sur la banquette et chantait (Flaub., Corresp.,1869, p. 42).Des femmes de chambre de luxe, c'est-à-dire des donzelles qui ne veulent rien faire... qui ne travaillent pas, et dont je ne garantis pas l'honnêteté et la moralité (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 289). − Spéc. [Avec un poss.] Maîtresse. Je vais toujours aller relancer mon gredin chez sa donzelle (Zola, Cap. Burle,1883, p. 14). B.− Usuel, fam. et par dénigrement. Jeune fille ou femme prétentieuse et ridicule. Ces donzelles qui, tour à tour, rient, pleurent, chantent, grognent, soupirent à propos de rien (Courteline, Linottes,Météores, 1897, p. 166).Cette étrange petite donzelle, ce petit perroquet jacassant ou muet (La Varende, Goût esp.,1946, p. 53): 1. Malgré son âge, sa bosse et ses chicots, elle [Martoune] s'était mis dans la tête qu'elle pouvait faire un peu la donzelle. Elle resta cachée. − Hé là-dedans! dit Langlois, alors quoi? Tu te fous du monde? Amène un peu tes abatis, d'une voix qui fit immédiatement sortir Martoune de son coin d'ombre.
Giono, Un Roi sans divertissement,1947, p. 92. − En partic. [Souvent pour indiquer péjorativement un comportement naïf dans le domaine sentimental] J'aurais bientôt réduit la donzelle malgré ses airs de prude et de vertueuse. Rien ne s'oublie plus vite qu'un galant défunt (Gautier, Fracasse,1863, p. 250): 2. Il y a un autre cas où je serais prêt à me marier. En cas de catastrophe, guerre ou révolution sanglante. Alors, comme tout est foutu, un peu plus, un peu moins. Si ça doit faire tant de plaisir que ça à une donzelle, bouclons le ceinturon mais passons par la mairie.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1239. Rem. On rencontre ds Ac. 1798-1878 donzelle au sens de : ,,Hist. nat. Poisson de mer dont les couleurs sont très variées``. Prononc. et Orth. : [dɔ
̃zεl]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. Ca 1160 donzele « jeune fille » (Eneas, 1147 ds T.-L.); 1643 iron. (Scarron, Recueil de quelques vers burlesques, Paris, 1643, p. 91 : Vis-à-vis de quelque Donzelle Qui l'amuse de sa prunelle Et de son affetté caquet). Du lat. pop. *dom(i)nicella (v. demoiselle). Il ne semble pas nécessaire de recourir à l'intermédiaire de l'a. prov. donzel(l)a « jeune fille » (dep. xies., Poème sur Boèce ds Bartsch Prov., p. 6). Fréq. abs. littér. : 42. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 107. − Kohlm. 1901, p. 41. −Saint-Jacques (B.). Sex, dependency and language. Linguistique. 1973, t. 9, p. 95. |