| DON JUAN, subst. masc. [P. réf. au personnage littér.] Séducteur, le plus souvent libertin et sans scrupules. À moins d'être un don Juan de carrière, (...) un homme, (...) qui se déplace souvent, ne trouve pas séance tenante, en n'importe quel endroit du monde, une femme à son goût, et qui soit prête à se donner à lui (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 215):Tu t'imagines que j'ai envie d'aller parader à ton bras dans des endroits où il y aurait des maîtres d'hôtel et de la femme en peau? Merde, alors! Si tu tiens à jouer au Don Juan, loue un mannequin pour t'accompagner.
Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 348. Rem. 1. On rencontre ds la docum. le plur. don Juan. Les vulgaires don Juan au manège bavard (Dierx, Lèvres cl., 1867, p. 135). 2. Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Guérin 1892, Quillet 1965, Rob. Suppl. 1970 enregistrent le verbe intrans. donjuaniser, don(-)juaniser « faire le don Juan » ou pronom. réfl. se donjuaniser, se don(-)juaniser « devenir un don Juan ». Certains de ces dict. l'illustrent par l'ex. suiv., unique ds la docum. Les âmes grandes peuvent seules sentir la noblesse qui anime ces airs bouffes (...). C'est quelque chose de la majesté de l'Olympe. Il y a le rire amer d'une divinité opposé à la surprise d'un trouvère qui se donjuanise (Balzac, Gambara, 1837, p. 95). Prononc. : [dɔ
̃
ʒ
ɥ
ɑ
̃]. Étymol. et Hist. 1822 (Stendhal, Amour, p. 231 : Les vrais don juan finissent même par regarder les femmes comme le parti ennemi); 1822 (Id., ibid., p. 236 : L'amour à la don juan est un sentiment dans le genre du goût pour la chasse). Du nom de don Juan, héros de théâtre d'orig. esp. (don Juan Tenorio, héros de Tirso de Molina, El burlador de Sevilla, 1630) devenu le type du séducteur, introduit dans le théâtre fr. par Dorimond en 1659 (Le Festin de pierre ou le fils criminel) et popularisé par Molière en 1665 (Dom Juan ou le festin de pierre). DÉR. 1. Donjuanesque, don(-)juanesque,(don juanesque, don-juanesque) adj.Propre à un don Juan. Je n'oserais te dire que ma carrière don-juanesque se soit poursuivie toujours avec le même bonheur (Nerval, Voyage en Orient,t. 1, 1851, p. 51).Puisqu'il était convenu que je ne l'aimais pas (...) ce partage devenait simplement une des mille petites gredineries donjuanesques que l'usage permet aux honnêtes gens (Arène, J. des Figues,1870, p. 121).On n'en finirait pas d'énumérer les ravages de l'affectation ou de l'insincérité dans la littérature du XIXesiècle, soit du côté crevard (...) soit du côté truculent, fendant, épateur, don juanesque (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 18).− [dɔ
̃
ʒ
ɥanεsk]. Donjuanesque ou don-juanesque (Lar. Lang. fr.). − 1reattest. 1851 don-juanesque (Nerval, loc. cit.); de don Juan, suff. -esque*. 2. Donjuanisme, don(-) juanisme,(don juanisme, don- juanisme) subst. masc.Attitude de don Juan. Son Don Juanisme est de moitié dans ses gains et les succès de vanité dont il est si friand (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 314).Swann ayant pris à l'aristocratie cet éternel donjuanisme qui, entre deux femmes de rien, fait croire à chacune que ce n'est qu'elle qu'on aime sérieusement (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 522).Je me demande souvent à quoi peuvent penser des gens [les Espagnols] qui parlent si longtemps et si fort. (...) Peut-être, après tout, dans ce pays du don-juanisme bruyant, parlent-ils de leurs amours (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 259).− [dɔ
̃
ʒ
ɥanism̥]. Donjuanisme, don juanisme (Rob. Suppl. 1970) ou don-juanisme (Lar. Lang. fr.). − 1reattest. 1864 don juanisme (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, 2 mai, Paris, t. 7, 1867, p. 403) [en it. dans le texte]; de don Juan, suff. -isme*. − Fréq. abs. littér. : 4. BBG. − Quem. 2es. t. 2 1971 (s.v. donjuanesque); 2es. t. 4 1972. |