| DOCTRINAL, ALE, AUX, adj. I.− [P. réf. aux docteurs] (Quasi-)synon. docte, doctoral. A.− Qui se rapporte aux docteurs, à leur autorité morale, intellectuelle, à leurs modes de penser, à leurs directives, à leurs travaux. Il [Mgr Baudrillart, Recteur de l'Université Catholique] avait pris pour texte mon « Magnificat ». Ce n'est pas un médiocre honneur pour moi de savoir que ma littérature a résonné dans une église du haut de la principale chaire doctrinale de France (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1911, p. 187).S'ils [les maîtres du XVIIesiècle] ont mérité (...) ces éloges magnifiques, le moyen de supposer que leur œuvre doctrinale présente un grand nombre de subtilités inutiles, de vues hasardées? (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 676).Il y a péché de témérité doctrinale (...) à refuser soit un enseignement « doctrinal » distribué par le Pape (...), soit une décision « doctrinale » non infaillible déterminant ce qu'il est plus sûr de penser en telle ou telle matière (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 51). − Subst. masc. [Au Moy. Âge] Ouvrage ayant pour but d'enseigner (notamment en matière de morale). Rosny est agaçant avec sa parole continue, sa dialectique professorale, ce quelque chose de superlativement embêtant qu'il doit avoir pris dans le parler du « Doctrinal de Sapience » (Goncourt, Journal,1888, p. 749). B.− Péj. Qui se donne des airs importants pour paraître savant, imiter les docteurs. Ton doctrinal. L'emphase doctrinale de ses adeptes, leur satisfaction béate (RenouvierEssais crit. gén.,3eessai, 1864, p. 183).La musique prenait dans ce milieu un caractère doctrinal; ce n'était pas un délassement; les concerts devenaient des leçons d'histoire, ou des exemples d'édification (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 695).La voix de Martial tour à tour et celle de Marie-Jeanne, l'une doctrinale et impérieuse, l'autre ardente et enthousiaste. (...) Comme cet éloquent et dangereux sophiste avait su conquérir cette naïveté! (Bourget, Actes suivent,1926, p. 80). II.− [P. réf. aux doctrines] Qui se rapporte à une doctrine quelconque, à un système d'idées, à une morale de conduite. Fulgence Tapir se serait élevé (...) jusqu'au faîte du spiritualisme doctrinal et aurait conçu cette puissante théorie qui fait converger les arts de tous les pays et de tous les temps à l'Institut de France, leur fin suprême? (France, Île ping.,1908, p. 12).La foi (...) assentiment de la raison à la vérité reçue de Dieu par la splendeur de la doctrine. À cette connaissance doctrinale, M. Barrès attache si peu de prix (Massis, Jugements,1923, p. 236): 1. ... la médecine expérimentale est une médecine anti-systématique et anti-doctrinale. Elle est progressive, en ce que n'ayant que des théories et jamais de systèmes, elle aura toujours besoin d'expérimentation pour vérifier ses vues ou ses idées anticipées, au lieu de dogmatiser et de ramener par la logique scolastique les faits à l'idée préconçue considérée comme absolue.
C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 117. 2. Aucun parti ne se soucie autant de donner à ses adhérents une formation théorique; aucun ne fait tant d'efforts pour expliquer sa stratégie pratique par des principes doctrinaux. Dans aucun, les discussions idéologiques n'ont une si grande place : cela ne va point sans une certaine scolastique, naturellement, qui est souvent pesante, et l'exégèse des auteurs marxistes ressemble quelquefois aux disputes théologiques du Moyen âge.
Traité de sociol.,1968, p. 30. − Péj. (Quasi-)synon. doctrinaire.Collaborateurs compétents, dégagés de tout sectarisme doctrinal et de toute préoccupation confessionnelle (Civilis. écr.,1939, p. 2805).Cf. aussi bolchevi(c)k ex. 1. Prononc. et Orth. : [dɔktʀinal], plur. [-o]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. (Reclus de Molliens, Miserere, 259, 7 ds T.-L.). Empr. au b. lat.doctrinalis, lui-même dér. de doctrina (doctrine*). Fréq. abs. littér. : 132. |