| DOCTORESSE, subst. fém. A.− Femme docteur en médecine. Je ne partage pas du tout les mauvais sentiments des vaudevillistes à l'endroit des doctoresses. Si une femme a la vocation de la science, de quel droit lui reprocherons-nous d'avoir suivi sa voie (France, Jard. Épicure,1895, p. 192).Maladie nerveuse que la doctoresse soigne selon une méthode toute nouvelle (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1068).Il admirait la sagesse des romans de Colette Yver où l'avocate, la doctoresse, finissent par sacrifier leur carrière à l'harmonie du foyer (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 106). Rem. 1. ,,Le féminin doctoresse est correct, mais seulement pour les diplômées en médecine. Il est peu employé en France, peut-être parce que le suffixe -esse paraît ironique ou péjoratif; aussi parce que les femmes ne semblent pas toujours désireuses de féminiser leurs titres scientifiques`` (Hanse 1949). ,,Outre le fait que les femmes médecins ne sont pas encore aussi nombreuses que leurs confrères du sexe fort, il semble que certaines d'entre elles répugnent à employer le terme doctoresse. Leurs cartes de visite portent la mention Madame le Docteur Untel et les en-tête de leurs ordonnances des indications du type Docteur Isabelle Untel, où seule la forme du prénom est chargée de renseigner sur le sexe de l'individu`` (M. Arrivé, Le Mot « docteur » en français contemporain, Fr. Monde, no33, juin 1965, p. 40). 2. Doctoresse ne s'emploie pas comme appellatif, en interj. (cf. docteur). Il s'associe parfois à un nom propre : la doctoresse Weill-Hallé (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 500); mais on utilise de préférence la formule Madame/Mademoiselle le Docteur + nom propre. 3. La var. doctrice a été empl. qqf. : Je ne doute pas que nos enfants, quand ils auront attrapé des maladies honteuses, n'aillent montrer leur cas à des doctrices en médecine (Mérimée, Lettres Panizzi, t. 2, 1870, p. 339); p. anal. : Jamais le malade n'a moins mérité ce nom. Il est prêt à s'aller promener (...) il ira proposer à madame la doctrice de profiter de ce beau jour pour prendre un bain d'air (Balzac, Lettres, t. 1, 1850, p. 102). B.− P. ext., rare. Femme docteur en une spécialité quelconque. Tu collectionnerais tous les diplômes de la création : licenciée, doctoresse, agrégée, académicienne et même décorée, tu ne pourrais pas enseigner la grammaire (Frapié, Maternelle,1904, p. 2).Sa Brunnhilde, sa Kundry « doctoresses en théologie » (Benda, Fr. byz.,1945, p. 283). − P. plaisant. Je ne suis pas toujours à la fête Alors tu me fais la leçon, Ô doctoresse en droit féminin! (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 3, Invect. 1896, p. 404). Rem. Ce sens élargi de doctoresse, quoique condamné par certains grammairiens, est attesté aussi ds qq. dict. (cf. Lar. 20e, Quillet 1965). Prononc. et Orth. : [dɔktɔ
ʀ
εs]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. xves. « femme savante » (Évangile des quenouilles, 2ejournée, conclusion, éd. P. Jannet, p. 43); 2. av. 1778 (J.-J. Rousseau ds S. Mercier, Néologie, t. 1, p. 194 : docteurs et doctoresses); 1855 « femme médecin » (R. de thérapeutique médico-chirurgicale, III, 332 ds Quem. Fichier). Dér. de docteur* d'apr. le lat. doctor; suff. -esse* (Nyrop t. 2 § 425). Fréq. abs. littér. : 14. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. − Vuille (P.). Madame le dir... Vie Lang. 1961, p. 492. |