| DISEUR, EUSE, subst. Celui, celle qui dit, qui prend plaisir à dire. A.− Employé absol., sans constr. prépositionnelle. Une vieille femme, assez belle diseuse, vint à Chateaubrun me faire une scène de reproches (Sand, Péché de M. Antoine,1847, p. 3). − Diseur, euse, p. ell. de diseur à voix. Celui, celle qui récite, déclame. Quant à Cora Vaucaire, il paraît que c'est un choix de roi, la plus fine « diseuse » qui soit (Monde,19 janv. 1952, p. 8, col. 3): 1. Un caf' conc' du boulevard de Sébastopol avec ses gommeuses, ses chanteuses de genre, ses diseuses à voix, me comptait tous les soirs parmi les habitués.
Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 78. − Fam. Beau diseur. Ce Prudhomme érotique que nous avons entendu faire le galantin et le beau diseur avec la marchande de modes d'ici (Goncourt, Journal,1860, p. 763).La phrase ne venait pas. Et il aurait voulu paraître beau diseur (Reider, MlleVallantin,1862, p. 197). − Proverbe vieilli. L'entente est au diseur. ,,C'est celui qui a parlé qui sait le mieux le sens de ce qu'il a dit`` (Littré). Rem. Attesté ds Ac. 1798, 1835. B.− Diseur de + subst. déterminé.Je me montre même plus prévenante, diseuse de banalités et de lieux communs (Colette, Cl. Paris,1901, p. 227).En vérité, si l'administration connaît les curés comme distributeurs d'aumônes, elle peut les connaître comme diseurs de messes (Barrès, Cahiers,t. 6, 1908, p. 108): 2. Christ les aimait, lui. Il prenait une verge et il époussetait le temple. Son fouet plein d'éclairs était un rude diseur de vérités.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 54. 3. ... c'est le type parfait du gentleman britannique : grand diseur d'histoires de chasse à courre, de pêche et de guerre.
Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 15. − Locutions ♦ Diseur de bons mots, de gros mots. Le mauvais élève, indiscipliné, diseur de gros mots et qui lit en cachette des choses qui lui plaisent (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 141).Et ce ne sera pas ces diseurs de bons mots Qui nous remplaceront une illustre parole (Péguy, Ève,1913, p. 908). ♦ Diseur, diseuse de bonne aventure. Qui fait comme profession de prédire l'avenir. Un ton de diseuse de bonne aventure (France, Vie fleur,1922, p. 521): 4. Dès qu'un diseur de bonne aventure vous explique minutieusement les faits connus de vous seul, dans votre vie antérieure, il peut vous dire les événements que produiront les causes existantes.
Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 122. ♦ Diseur de contes et nouvelles, diseur de nouvelles. Il [Rabelais] y joignit la manière non moins franche et plus légère d'un causeur facétieux, d'un diseur de contes et nouvelles (Sainte-Beuve, Table poés. fr.,1828, p. 266).Il est le diseur de nouvelles du canton, et l'habitude de les raconter en a fait l'orateur des veillées, le conteur en titre (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 90). ♦ Diseur de riens. Le voluptueux, le diseur de riens, l'inoccupé Rastignac (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 597).Toujours en colère contre Chateaubriand, qu'il appelle « l'empereur des diseurs de rien » (Goncourt, Journal,1855, p. 220). Rem. On rencontre ds la docum. le synon. diseux à valeur péj. Cet homme des basses classes, timide, débile, d'épaules étroites, assez peureux, petit diseux de bonne aventure, mystique et magicien (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 122). Attesté ds Canada 1930. Prononc. et Orth. : [dizœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Ca 1200 maldisseor (R. de Beaujeu, Bel inconnu, éd. G.-P. Williams, 4853). Dér. du rad. du part. prés. de dire1*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 74. Bbg. Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 103. |