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DIFFÉRENCE, subst. fém.
A.− Caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d'un autre être, d'une autre chose. Anton. analogie, rapprochement, similitude.La différence entre les choses mêmes et l'idée qu'on s'en faisait (Amiel, Journal,1866, p. 163).La différence des conformations, la variété des sexes (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 178).L'esprit vit de différences, l'écart l'excite (Valéry, Tel quel II,1943, p. 148):
1. L'amour, c'est, d'abord, respecter la différence, permettre la liberté; puis prouver, en se donnant, s'assimilant, que la différence est extérieure, qu'elle n'est qu'apparence, qu'il n'y a pas de différence, ou du moins qu'il n'y en a plus. Michelet, Journal,1849, p. 9.
2. Ces quatre mains [du singe] rapportées à ce petit crâne, définissent l'imitation simiesque; la ressemblance fait apparaître aussitôt l'immense différence. Et plus le singe imite l'homme, plus la différence se montre. Alain, Propos,1921, p. 270.
3. Elle me regardait avec l'attention de ces personnes de province qui, dans un catalogue de magasin de nouveautés, copient la robe tailleur si seyante à la jolie personne dessinée (en réalité la même à toutes les pages, mais multipliée illusoirement en créatures différentes grâce à la différence des poses et à la variété des toilettes). Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 647.
Loc. verbales
[Le suj. désigne une pers., parfois un inanimé] Faire une différence entre/de. Faire un départ, mettre une distinction. Faire la différence entre/de. Apporter une distinction décisive. Même race [de chevaux]. Sans doute l'éducation fait la différence (Michelet, Journal,1834, p. 140).Je fais une énorme différence entre lui et son camarade (Stendhal, H. Brulard,1836, p. 314).Faire la différence de ce qui est courant avec ce qui ne l'est pas (Goncourt, Journal,1882, p. 158):
4. ... on croit qu'il y a de la différence entre les êtres humains, et par là, on manque à la justice, soit en faisant une différence entre nous et autrui, soit en faisant acception de personnes parmi les autres. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 83.
SP. Faire la différence. Prendre une avance décisive sur ses concurrents. Synon. creuser l'écart.Cf. Amis Lex. fr., 1975, no3, p. 3.
[Le suj. désigne un inanimé] Faire de la/une différence. Être différent. Ne pas faire de différence. Être égal, indifférent. Il peut mouiller à cette heure (...) ça ne nous fera pas de différence (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 98).N'être nulle part, ne plus être, ça ne fait pas beaucoup de différence (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 30).
Loc. prép. À la différence de. Au contraire de. Une forme réelle, à la différence des formes abstraites de la géométrie, n'est jamais dépourvue d'inertie (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 61).
Loc. conj. À la différence que, avec cette/la différence que, à cette/la différence près que, avec cette différence toutefois que. Avec cette nuance que, à ceci près que, compte tenu que. Ces soirées ressemblaient à la plupart des soirées parisiennes, avec cette différence qu'on s'y amusait (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 78):
5. ... mes rideaux de plumes, (tout semblables, disait Hawkins, aux rideaux dont on camouflait les routes près du front, avec la différence qu'ils étaient en plumes de paradis). Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 202.
SYNT. La différence des climats, des conditions, d'idées, des langues, des mœurs, des opinions, des sexes, des temps; la/une différence de degré(s), de dimension, de forme, de position, de qualité, de quantité, de race, de rang, de religion, de structure, de tempérament, de valeur; différence absolue, appréciable, capitale, considérable, énorme, essentielle, fondamentale, immense, irréductible, marquée, originelle, profonde, radicale, réelle, remarquable, sensible; différences analogues, apparentes, caractéristiques, importantes, individuelles, morphologiques, notables, partielles, radicales, sensibles, sociales; énorme, extrême, grande, immense, légère, petite, principale, prodigieuse, profonde, seule, simple différence; accentuer, apercevoir, apprécier, établir, expliquer, marquer, offrir, présenter, sentir, souligner, trouver, voir la/les différence(s); il existe une différence, voilà (toute) la différence; la différence consiste dans, en ce que; la différence qui existe entre, qui sépare, qui se trouve.
Rem. On rencontre de fréq. emplois de différence en phrase nom. déclarative, interr. ou exclam. Vous êtes bien changé; vous étiez maigre alors, mais quelle différence aujourd'hui! (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 162). Quelle différence entre un tailleur et un médecin? (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 217). Il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence (Céline, Voyage, 1932, p. 16).
B.− Emplois partic.
1. LOG. [La différence est envisagée comme non comptable ou non mesurable] Qualité essentielle qui distingue entre elles les espèces du même genre. Entre une morale sociale et une morale humaine la différence n'est pas de degré, mais de nature (Bergson, Deux sources,1932, p. 31).La différence spécifique du mouvement volontaire (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 304):
6. Le Malais, le Mongol, le nègre, ont des traits caractéristiques qui ne permettent de les confondre ni entre eux ni avec l'homme d'Europe. Cela est vrai. Toute la question est de savoir si la différence est substantielle ou n'est qu'un accident, si elle constitue une nature séparée emportant une origine propre, ou si elle n'est qu'une nuance... Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 218.
2. P. méton. [La différence est envisagée comme comptable ou mesurable]
a) ÉCON. et JEU
BOURSE. Écart positif ou négatif entre le cours d'une négociation et le cours d'exécution du marché. Régler ses différences, faire de grosses différences (Ac. 1932). Payer des différences. Je n'avais pu éteindre mes différences de bourse (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 407).Une différence de mille livres (Maurois, Disraëli,1927, p. 32).
COMM. Somme d'argent représentant l'écart entre deux autres sommes. Le vin de cette année vaudra le double l'année prochaine si la récolte est mauvaise. Le négociant gagnera la différence puisqu'il a tout en cave (Hamp, Marée,1908, p. 186).
JEU. Perte subie par un joueur. Des différences énormes au baccara (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Endorm., 1889, p. 1174).
b) SC. et TECHN. Écart entre deux grandeurs, entre deux quantités comptables ou mesurables; résultat d'une soustraction.
ARITHM. Cinq heures de différence entre le méridien de Washington et celui de l'île Lincoln (Verne, Île myst.,1874, p. 132).Une différence de cinq centimètres (...) une différence d'une demi-seconde (Montherl., Bestiaires,1926, p. 559).
Cour. Différence d'âge. Écart entre deux âges. J'ai trente-quatre ans (...) Et moi, trente-huit. Ça fait une belle différence (Renard, Journal,1902, p. 746).
MAR. La différence des tirants d'eau arrière et avant se nomme la différence (Quinette de Rochemont, Trav. mar.,1900, p. 127).
MATH. Des équations linéaires aux différences simples ou partielles (Laplace, Théorie analyt. probabil.,1812, p. 1).Équations linéaires aux différences finies (Les Gds cour. pensée math.,1948, p. 52).
PHYS. Différence de densité, de marche, de niveau, de pression. Différence de potentiel entre les deux conducteurs (Breton, Manif. Surréal.,1erManifeste, 1924, p. 61).Cette différence de phase dépend de la longueur d'onde (Prat, Opt.,1962, p. 37).
Prononc. et Orth. : [difeʀ ɑ ̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 deferance « caractère qui distingue une chose d'une autre » (Gregoire, Homelies sur Ezechiel, 36, 37 ds T.-L.); mil. xiiies. (Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, éd. L. Constans, 5384, var. ms. K); spéc. 1680 log. (Rich. : Attribut essentiel qui distingue une espèce d'une autre); 2. 1611 géom. (Cotgr.); cf. 1690 (Fur. : Cet angle est de 60 degrez, celuy-là de 90. Leur difference est de trente degrez). Empr. au lat. class.differentia « différence; différence spécifique, caractère distinctif ». Fréq. abs. littér. : 5 292. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 976, b) 4 588; xxes. : a) 5 767, b) 8 066. Bbg. Gohin 1903, p. 295, 334, 351.