| DIAMANT, subst. masc. A.− Minéral généralement incolore fait de carbone pur cristallisé, d'une grande dureté et d'un indice de réfraction élevé : 1. La dureté d'un minéral reflète la cohésion de sa structure atomique; celle du diamant, insurpassable, lui a valu son nom qui signifie en grec « indomptable ».
Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 39. 1. BIJOUT., JOAILL. Pierre précieuse d'un grand éclat utilisée en bijouterie après avoir été taillée, puis sertie sur différents bijoux. Bague, collier de diamants. Des girandoles de diamants montées à l'ancienne façon (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 188). − P. méton. Le bijou lui-même. Il avait aux doigts des rubis, des saphirs, des diamants de la plus belle eau (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 178): 2. ... il trouvait plaisir à décrire des réceptions de splendeur royale, des régimes de valets en livrée écarlate et argent, les tables couvertes de vaisselle d'or, les rivières de diamants au cou des femmes, les saphyrs et les rubis héréditaires jetant des feux sombres...
Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 50. SYNT. a) Les diamans de Golconde, l'ambre des Maldives, le musc du Tibet (Volney, Ruines, 1791, p. 36). b) Beau, énorme, gros, magnifique, pur diamant; diamant brillant, brut; faux diamant (cf. strass, zircon); l'éclat, les feux du diamant; diamant bleu, jaune, vert, noir; diamant sans défaut (cf. parangon). c) Clivage, ébrutage du diamant; diamant taillé en table, en brillant, en rose (cf. Du Camp, Hollande, 1859, p. 123). d) Dur, pur, brillant comme le diamant; briller, étinceler, scintiller comme le diamant. Un étang dont l'eau pure avait l'éclat du diamant (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 278). La lune dans le ciel comme un diamant dans un lait d'opale (Goncourt, Journal, 1864, p. 93). 2. P. métaph. et au fig. a) [Appliqué à une pers. ou à une chose]
α) [P. réf. à la dureté du diamant] Enfin, Mademoiselle, vous êtes d'airain ou de diamant. Je ne sais ce qu'il faudrait pour vous émouvoir (Sand, Consuelo,t. 1, 1842-43, p. 170). − Avoir un cœur de diamant. Avoir un cœur dur et insensible. Cf. cœur de pierre.Vos ongles de tigre et de femme n'ont pas de prise sur ce cœur de diamant (Sand, Lélia,1833, p. 59).
β) [P. réf. à l'éclat du diamant] Le rayon charmant Au bout de tout brin d'herbe allume un diamant (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 771).Leurs œuvres sont des diamants taillés à facettes, qui réfléchissent et font rayonner les idées de toutes les époques (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 614).Des yeux de velours et de diamant noir (Goncourt, Journal,1862, p. 1026): 3. Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.
Valéry, Charmes,Le Cimetière marin, 1922, p. 147. − En diamant. Des larmes en diamant dans les yeux (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 611).
γ) [P. réf. à la pureté du diamant] Avoir une âme de diamant. Ne dédaigne pas Le pur diamant de mes rimes (Banville, Odes funamb.,1859, p. 276).Il reconnaissait dans cette âme un diamant pur et unique (Maurois, Ariel,1923, p. 85). − Fam. Avoir une voix de diamant. Posséder une voix pure et belle. MmeFélia Litvinne dont la voix d'or et de diamant sonna en merveilleuses fanfares (Bruneau, Mus. Russie,1903, p. 179).
δ) [P. réf. à sa valeur ou à sa beauté] Synon. perle, trésor.Le château d'Azay, diamant taillé à facettes, serti par l'Indre, monté sur des pilotis (Balzac, Lys,1836, p. 32). − [Employé comme terme d'affection] Tu es mon trésor et ma joie, mon diamant et ma perle (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 366). b) Plus spéc. [Avec valeur de symb.] − [P. réf. au diamant, symb. de vérité] :
4. On ne trouve les diamants que dans les ténèbres de la terre; on ne trouve les vérités que dans les profondeurs de la pensée. Il lui semblait qu'après être descendu dans ces profondeurs, après avoir longtemps tâtonné au plus noir de ces ténèbres, il venait enfin de trouver un de ces diamants, une de ces vérités, et qu'il la tenait dans sa main; et il s'éblouissait à la regarder.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 284. − [Symb. de la pérennité, et plus partic. de l'amour éternel] Les noces de diamant. Anniversaire célébrant la soixantième année de vie commune. Et Mathieu avait quatre-vingt-dix ans, Marianne quatre-vingt-sept, lorsque leurs trois aînés (...) complotèrent de célébrer leurs noces de diamant (Zola, Fécondité,1899, p. 721). c) P. iron., arg. Pointe de diamant. Clou de chaussure. Ses forts souliers (...) étaient ferrés d'un triple rang de ces clous dits « pointe de diamant » (Arène, Veine argile,1896, p. 190). Rem. Attesté ds la plupart des dict. d'argot. 3. P. anal., emplois techn. divers a) [P. anal. de forme] − ARCHIT., SCULPT. En pointes de diamant. Pierre taillée, bois sculpté comme les facettes d'un diamant. Des bossages taillés en pointes de diamant (Balzac, Vieille fille,1836, p. 300): 5. On ouvrait et on fermait avec dilection les hauts battants du meuble en cœur de chêne, taillés en pointes de diamant, qui soufflaient au visage un air salubre de lavande venue des bordures du jardin.
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 247. − MAR. Extrémité taillée à facettes de la verge d'une ancre à son point de jonction avec les bras. On aura soin (...) de frapper le câblot au diamant de l'ancre (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 108). b) [P. anal. avec l'éclat ou la valeur du diamant] − ÉD. Édition, volume diamant. Édition de luxe, de petit format. C'est bien dommage de n'avoir pas fait un volume diamant, comme « Émaux et camées » (Flaub., Corresp.,1853, p. 171). − ORNITH. Oiseau au plumage brillant : 6. Les bengalis au bec de pourpre, aux ailes fines,
Et les verts colibris et les perroquets bleus,
Et l'oiseau diamant, flèche au vol merveilleux,
Dans les buissons dorés, sur les figuiers superbes,
Passaient, sifflaient, chantaient au sein des grandes herbes...
Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Cunacépa, 1874, p. 54. B.− INDUSTR. Variété impure ou de petite taille utilisée dans l'industrie soit à l'état brut, soit taillée, et servant à l'usinage des métaux, au travail du verre, aux sondages, aux filières et, après broyage et enrobage, au sciage et au polissage des pierres dures. Les diamants industriels sont faits de fragments irréguliers de cristaux (David, Cybern.,1965, p. 148): 7. Les variétés de diamant. − On trouve dans la nature le diamant proprement dit ou transparent, le bort et le carbonado. Le bort est un diamant cristallin, souvent opaque, à faces courbes, impropre à la taille; il sert au polissage des brillants et à divers usages industriels comme abrasif. Le carbonado est noir et sans clivage; on l'emploie au forage des roches dures.
Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 66. SYNT. Diamant imparfait (bort, carbonado : diamant noir utilisé pour le forage des roches; cf. ex. 7). Diamant artificiel, synthétique. Diamant industriel reconstitué artificiellement. Mentionnons (...) la synthèse du diamant artificiel, réalisée en 1956 (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 233). Poudre de diamant (cf. diamanté II B 2). − P. méton. Outil ou dispositif muni d'un diamant. 1. TECHNOL. (grav., verrerie, etc.). Outil constitué par un manche à l'extrémité duquel se trouve enchâssé un diamant et servant soit à graver, soit à couper le verre, soit à façonner des pièces de matière très dure. Ces vieux verres de Bohême (...) taillés de gracieux personnages gravés au diamant (Du Camp, Hollande,1859, p. 64).On avait dans le panneau vitré (...) découpé un carré de verre, au diamant (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 363). 2. ÉLECTRON. Pointe utilisée pour la lecture des disques microsillons. Rem. On rencontre ds la docum. et par apocope la forme arg. diam, subst. masc. Des bagues dont ils faisaient briller le faux « diam » au creux de leurs grosses mains (Carco, Nost. Paris, 1941, p. 285). Prononc. et Orth. : [djamɑ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. ,,On peut assigner au groupe i + voyelle trois origines : 1oune diphtongaison (pied, fier, adj.); 2ole rapprochement de deux voyelles (fier, verbe), a. fr. fider; oublier, a. fr. oblider; miette = mie + ette, etc.)); 3oun emprunt (action, diamant, etc.). À l'origine, le groupe comptait pour une syllabe dans le premier cas, pour deux dans les autres. Après un long travail intérieur qui n'est pas encore accompli, l'i est devenu syllabique, s'il ne l'était pas, quand il vient après un groupe formé d'une muette et d'une liquide (br, bl, pr, pl, etc.). On dit donc : gri-ef comme oubli-er. Dans tous les autres cas, la tendance est de réduire le i en y`` (Rouss.-Lacl. 1927, p. 152). Étymol. et Hist. Fin xiies. diamant « sorte de pierre précieuse » (Floire et Blanche flor, éd. M. Pelan [ms. 1447], 647 : Diamanz et amacites); 1549 pointe de diamant « outil de vitrier » (Est.); 1676 diamant « id. » (Félibien Dict.). Du b. lat. diamas, -antis (attesté dans des tablettes d'exécration d'apr. M. Niedermann ds Anzeiger für indogermanische Sprach − und Altertumskunde, t. 23, p. 79), prob. issu par métathèse de *adimas, -antis (aimant*) sous l'infl. des mots gr. commençant par dia-(cf. gr. δ
ι
α
φ
α
ν
η
́
ς, diaphane*; v. FEW t. 24, 1, pp. 132-133). Fréq. abs. littér. : 1 911. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 827, b) 3 445; xxes. : a) 1 865, b) 1 893. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 251. − Rog. 1965, p. 74. |