| DESCENTE, subst. fém. I.− A. [Implique une idée de mouvement de haut en bas] 1. Action d'aller vers le bas. Descente en parachute (Ac.1932).À la fin de janvier les neiges arrivèrent (...) et la blanche descente des flocons commença (Maupass., Une Vie,1883, p. 107): 1. Ma mère me chantait aussi une chanson de ce genre la veille de Noël; mais comme cela ne revenait qu'une fois l'an, je ne me la rappelle pas. Ce que je n'ai pas oublié, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël...,
Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 155. − MYTHOL. et RELIG. La descente d'Ulysse aux enfers (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 14).La descente du Christ dans les enfers (Nerval, Filles feu,Angélique, 1854, p. 538).On ne peut concevoir la descente de Dieu vers l'homme ou l'ascension de l'homme vers Dieu sans écartèlement (Weil, Pesanteur,1943, p. 94). a) Spéc. Action de sortir d'un véhicule, de mettre pied à terre. À la descente de voiture, on est assailli par une foule de commissionnaires qui se distribuent nos effets (Gautier, Tra los montes,1843, p. 8).Nous allons vers midi, cueillir Henri Peyre à sa descente d'avion (Gide, Carnets Égypte,1939, p. 1074). − Loc. À la descente. ,,Pendant la descente ou au moment de la descente`` (Ac.). Il alla le recevoir à la descente du vaisseau (Ac.). b) P. ext. − Action, fait d'aller dans un endroit afin d'y séjourner. Il imagina son arrivée là-bas, la descente à l'hôtel au petit jour (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 193). − Spéc. Action, fait de faire irruption dans un lieu. Descentes de montagnards dans la plaine (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 283).En Parigotes émotives, elles [les figurantes] imaginent confusément, au seul mot de grève, la descente dans la rue, l'émeute, la barricade (Colette, Music-hall,1913, p. 119).En partic. Attaque brusque par mer : 2. ... cet événement nous privait, pour l'instant, de trente-deux hommes, et de deux chaloupes, les seuls bâtimens à rames qui pussent contenir un nombre assez considérable d'hommes armés pour tenter une descente.
Voy. de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 205. ♦ [En parlant d'une enquête policière] Action d'aller sur place recueillir des éléments d'information : 3. ... cela arrive quelques jours après cette descente judiciaire qui avoit pour objet un cadavre, et ce cadavre est dit-on un chevreau. Le jardinier persiste à dire que c'est un homme;...
Balzac, Annette et le criminel,t. 3, 1824, p. 150. ♦ Loc. Faire une descente [En parlant de gangsters] Aller dans un lieu pour y commettre des exactions. Faire une descente chez un commerçant (Vidocq, Mém. Vidocq,t. 4, 1828-29, p. 86).[En parlant de la police] Faire irruption dans un lieu en vue d'un contrôle, d'une rafle,... La police fit une descente, arrêta Théodore et saisit les objets (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 560): 4. On a pris Pierrot, (...), le petit métallo, le communiste. La Gestapo a fait une descente chez le bistrot où il logeait...
Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 74. ♦ Fam. Faire une descente (dans un café, dans un bal). Synon. de faire une virée*.Des marins qui font une descente (Goncourt, Journal,1860, p. 799). − P. anal. Dans certains sports d'équipe (football, etc.) Fait de parcourir le terrain avec le ballon. Pense un peu à toutes les combinaisons, les descentes et les passes qu'il faut faire avant de marquer un but (Camus, Peste,1947, p. 1341). c) ANAT. [En parlant d'un organe] Déplacement vers le bas. Synon. hernie.Descente de matrice, de ventre. Deux descentes qu'il avait à l'aîne (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 329). 2. [Correspond à l'emploi trans. du verbe] Action de porter (quelqu'un ou quelque chose) en bas. Des paniers ou des couloirs en tôle pour la descente du charbon (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 171). − Spéc. Descente de croix. ,,Tableau, gravure représentant Jésus-Christ qu'on détache de la croix`` (Ac.). La Descente de croix de Rubens; il a acheté une belle Descente de croix (Ac.). B.− P. méton., ARCHIT. (Tuyau de) descente. Tuyau d'écoulement des eaux de pluie. Une descente de fer, de plomb (Ac.). − Expr. pop. Avoir une bonne/belle descente. Boire volontiers et en grande quantité. Le bistro est le salon du pauvre (...) où l'on ridiculise les tempérants, où une belle « descente » passe pour une preuve de virilité (H. Bazin, Fin asiles,1959, p. 159). II.− [Implique une idée de mouvement le long d'une pente] A.− Action d'aller d'un point à un autre. Il [André] contempla (...) la rouge descente des nuages derrière les maisons (Huysmans, En ménage,1881, p. 324).Cette lente et constante descente vers le sud doit nous amener à Dakar ce soir (Gide, Voy. Congo,1927, p. 684). − Au fig. Descente en soi. Fait de s'analyser. Le Sang d'un Poète n'est qu'une descente en soi-même, une manière d'employer le mécanisme du rêve sans dormir (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 63). 1. En partic. a) AVIAT. Perte régulière d'altitude : 5. Il lut son altitude : mille sept cents mètres. Il pesa des paumes sur les commandes pour commencer à la réduire. Le moteur vibra très fort et l'avion trembla. Fabien corrigea, au jugé, l'angle de descente, puis, sur la carte, vérifia la hauteur des collines : cinq cents mètres.
Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 112. b) SP. Épreuve de ski, course de 500 à 1 000 mètres de dénivellation qui se fait contre la montre (d'apr. Gautrat Ski 1969). Champion national de descente (Peyré, Matterhorn,1939, p. 15). 2. HIST. Descente de la Courtille*. Passage des masques qui, les matins de carnaval, sortaient des bals et des guinguettes de la Courtille (située au haut du Faubourg du Temple) et rentraient dans Paris par la grande rue (d'apr. France 1907) : 6. La première fois que j'ai vu le peuple,... c'était par une affreuse matinée, le mercredi des Cendres, à la descente de la Courtille. (...). Les voitures de masques défilaient pêle-mêle...,
Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 108. 3. Spéc., MUS., CHANT. Fait de passer de l'aigu au grave. L'élévation musicale de l'accent tonique sur la pénultième ou l'antépénultième détermine une descente de la voix sur la dernière syllabe (Bénédictins, Paléogr. mus.,t. 3, 1889, p. 12). B.− P. méton. 1. [Ce par où quelqu'un ou quelque chose descend] a) Usuel. Chemin, route en pente. Nous allons trouver une descente à quelque distance (Ac.).La route (...) offre à cet endroit une belle descente toute droite (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 140). − Fam. [En parlant d'une partie du corps] Je m'étais assis dans l'espoir que vînt s'installer devant moi une belle personne de qui je pusse contempler la descente de reins (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 597). b) Spécialement − ART MILIT. Descente de fossé. Tranchée ou galerie que l'assiégeant pratique à travers la contrescarpe pour atteindre le fond du fossé. Travailler à la descente du fossé; faire la descente du fossé (Ac..) − MINES. Puits de descente. Pour les ouvriers, on peut [dans les ardoisières] faire des puits de descente de 1 m. 50 X 1 m. 50 (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 255). 2. [Ce sur quoi on descend] Descente de lit. Petit tapis sur lequel on pose les pieds quand on descend du lit. Il n'y avait pas d'autre tapis qu'une maigre descente de lit en lisières (Balzac, Pierrette,1840, p. 58). − P. métaph., péj. [En parlant d'une pers. qui manque de dignité] Elle a la même humilité de descente de lit (...). Elle est aussi flagorneuse que lui (Proust, Guermantes 1,1920, p. 203). Prononc. et Orth. : [desɑ
̃:t]. D'apr. Warn. 1968 : ,,parfois [dεsɑ
̃:t]``. Pour cette prononc. cf. aussi Land. 1834, Gattel 1841 et Littré. Cf. des-. Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. décente. Étymol. et Hist. 1. 1304 dr. « succession » descente de héritage (Year books of the reign of Edward the first, XXXII-XXXIII, p. 97 ds Gdf. Compl.); 2. 1370-82 « action de descendre de haut en bas » mouvement de descente (Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut, p. 428); en partic. 1585 [éd.] méd. descente [de la matrice] (Paré,
Œuvres, éd. Malgaigne, livre 1, chap. 34); 3. 1574 faire descente « débarquer » (Lett. de la reine Catherine, pièce 28, fo34 ds Gdf. Compl.); 1690 « action de descendre d'une monture » à la descente du cheval (Fur.); 4. 1559 « action de faire irruption dans un lieu, attaque brusque » descente des Teutons (Amyot, Marius, 17 ds Littré); 5. a) 1594 « endroit par lequel on descend; pente descendante » (Chassign., Mespr. de la vie, CXLV ds Gdf. Compl.); b) 1676 « tuyau d'écoulement pour les eaux » (Félibien Dict.); c) 1837 descente de lit (Balzac, C. Birotteau, p. 279); 6. 1690 « action de porter de haut en bas » en partic. une descente de croix (Fur.). Dér. de descendre, sur le modèle de pente, rente, vente correspondant à prendre, rendre, vendre. Fréq. abs. littér. : 974. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 926, b) 1 444; xxes. : a) 1 689, b) 1 561. Bbg. Quem. 2es. t. 1 1970. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 399. |