| DÉSAVOUER, verbe trans. A.− Refuser de reconnaître comme vrai ou d'approuver. Quasi-synon. blâmer, condamner, renier. 1. [L'obj. désigne un acte ou une attitude du suj.] Nier quelque chose, ne pas le reconnaître. Ne jamais me repentir de mes actions ou de mes paroles en désavouant le passé (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 197). − Emploi pronom. réfl. Se dédire, se renier. Je prends honte de moi, me désavoue, me renie (Gide, Si le grain,1924, p. 581): 1. ... on a rarement le cœur de se désavouer et de crier sur les toits qu'on a cru un jour les menteurs sur parole; il faut être bien fort pour ces aveux publics, on aime mieux avoir été complice que naïf.
Nizan, La Conspiration,1938, p. 48. 2. Infliger un démenti ou un blâme. a) [L'obj. désigne une pers. ou son attitude] Désavouer une démarche; désavouer formellement, ouvertement. Il [Poil de Carotte] sait Madame Lepic capable de le désavouer en public (Renard, Poil carotte,1894, p. 94): 2. Toute femme donc qui a l'air de faire bon marché du secret de toutes les femmes, du bien commun de son sexe, est désavouée comme une impudique, réprouvée comme une sacrilège, et cela par les plus douces et les plus généreuses de ses compagnes.
Amiel, Journal intime,1866, p. 193. − En partic. Refuser d'entériner la conduite d'un mandataire. Il [l'empereur] ne voulut pas ratifier les préliminaires du traité et désavoua même son agent à Paris, comme ayant dépassé ses pouvoirs (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 538).Dupleix fut désavoué dans l'Inde où il nous taillait un empire (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 293). b) [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Désavouer publiquement cette spéculation (Bloy, Journal,1893, p. 75).Qu'est-ce que l'Église attend pour désavouer la guerre? (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 1006). − P. anal. Certains jugements spontanés (...) que la raison désavoue (Cournot, Fondem. connaiss.,1851, p. 227). B.− Refuser de reconnaître comme sien. Synon. renier. 1. [L'obj. désigne une pers.] Désavouer un enfant; désavouer qqn pour son parent (Ac.1798-1932).Ignorant si mon père ne m'avait pas désavoué et ne me repousserait pas pour jamais (Constant,Cahier rouge, 1830, p. 65). Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé désavoué, ée en emploi adj. Cet enfant désavoué, qui aimait son père, qui tous les ans s'acheminait chez lui pour y apporter le pardon de sa mère; mais qui, tous les ans, se cognait contre la porte de la maison paternelle, inexorablement fermée (Balzac, Goriot, 1835, p. 21). 2. [L'obj. désigne une chose, gén. un ouvrage] Je n'ai pas à désavouer mes œuvres de jeunesse (Gide, Journal,1910, p. 308): 3. − Tant mieux, reprit Dominique, cela me prouve qu'en bien comme en mal vous m'estimez ce que je vaux. Il y a là deux volumes de pareille force. Ils sont de moi. J'aurais le droit de les désavouer, puisqu'ils ne portent point de nom;...
Fromentin, Dominique,1863, p. 31. − Ne pas désavouer. Reconnaître digne de soi. Une de ces symphonies naturelles que n'eût pas désavouée un compositeur de l'avenir (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 150). Prononc. et Orth. : [dezavwe], (je) désavoue [dezavu]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desadvoüer (tréma pour maintenir la diérèse); ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1176 « renier (quelqu'un) » (E. de Fougères, Manières, éd. J. Kremer, Marburg 1887, 1076); ca 1255 dr. féodal (P. de Fontaines, Conseil, éd. A. Marnier, chap. 13, § 15 : provez qu'il ait son seignor désavoé); 1283 « refuser de reconnaître ce que l'on tient de son seigneur » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1418); 2. 1283 « refuser de reconnaître une action, les agissements de quelqu'un » (Id., op. cit., § 803); 3. 1580 « revenir sur ce qu'on a dit ou fait » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 3, chap. 10, p. 1144); 4. 1671 « être en contradiction avec » (Pomey). Dér. de avouer*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 239. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 402, b) 221; xxes. : a) 268, b) 390. |