| DÉFICIT, subst. masc. A.− Vx. ,,Article manquant dans un ensemble d'objets inventoriés`` (Ac. 1798-1878). ,,Il y a plusieurs déficit dans cet inventaire`` (Ac. 1798-1878). B.− Usuel 1. [En matière de finances publ. ou privées] a) Ce qui manque pour compléter une quantité donnée de numéraire ou pour balancer un compte. Déficit d'un budget; déficit budgétaire; déficit temporaire. Anton. excédent. 1. Grandet répondit que le notaire et l'agent de change dont les épouvantables faillites avaient causé la mort de son frère, vivaient, eux! pouvaient être devenus bons, et qu'il fallait les actionner afin d'en tirer quelque chose et diminuer le chiffre du déficit.
Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 181. 2. Les caisses primaires de la sécurité sociale reçoivent de la caisse nationale (...) une subvention de compensation égale à (...) du déficit constaté au compte de profits et pertes, les autres (...) étant couverts par une subvention ou une avance pour déficit.
La Réforme de la Sécurité sociale,1968, p. 8. SYNT. Déficit de caisse (synon. fam. trou); déficit d'un bilan (synon. passif); déficit des comptes, de la balance des paiements, de la balance commerciale; un déficit de x francs; un déficit qui s'élève à x francs, qui atteint x francs; le chiffre, le volume d'un déficit. b) P. méton. Situation financière résultant de ce manque. Être en déficit; mettre en déficit; déficit chronique d'une entreprise; déficit de la Sécurité Sociale, de la S.N.C.F., du Trésor public. Vidame est en déficit d'une bonne centaine de mille francs (Duhamel, Suzanne,1941, p. 84). c) Rare. Perte, manque à gagner : 3. ... ces bois ne rapportent plus guère à l'heure présente qu'une dizaine de mille francs. Et cela, il en parle en philosophe, moins touché de ce déficit dans sa fortune qu'amusé par la curiosité du spectacle que le présent lui apporte...
Goncourt, Journal,1896, p. 918. 2. Dans le domaine de l'écon.Écart entre une quantité réelle et une quantité prévue ou nécessaire pour répondre à une certaine demande, quand la quantité réelle est inférieure à la quantité optimale; situation de déséquilibre résultant de cet écart. Déficit de ressources. Anton. excédent, surplus.Un excédent de production en ce qui concerne certaines denrées essentielles et un déficit de production en ce qui concerne certaines autres (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 559): 4. L'intérieur de l'archipel [japonais] est tellement étroit, tellement montagneux que les terres ne suffisent pas à nourrir les habitants. Il faut demander à la pêche de combler le déficit alimentaire.
Albitreccia, Ce qu'il faut connaître des grands moyens de transp.,1931, p. 106. SYNT. (correspond à 1 et 2). Couvrir, compenser, financer, réduire un déficit; porter remède à un déficit; déficit global, partiel, annuel, provisoire, momentané, croissant, énorme; un déficit persiste, subsiste. 3. SC. HUM. a) MÉD. BIOL. Déficience quantitativement mesurée ou mesurable (cf. déficience A 1). Déficit auditif, nerveux, hormonal. C'est le déficit en une hormone donnée qui provoque la sécrétion de la stimuline correspondante et son excès qui en bloque la sécrétion (Quillet Méd.1965, p. 489). b) PSYCHOL. Déficit psychique, intellectuel. La faiblesse psychique donne naissance à des déficits plus ou moins profonds de l'intelligence, depuis la simple déficience intellectuelle, en passant par la débilité mentale, jusqu'à la démence (Mounier, Traité caract.,1946, p. 625). 4. CLIMATOL. Déficit de saturation. ,,Différence en un lieu donné entre la teneur actuelle de l'air en eau et la teneur maximum qu'elle peut atteindre à la température du moment`` (Plais.-Caill. 1958). Déficits pluviométriques (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 100). 5. P. anal., littér. Absence de quelque chose dont la présence ou l'action est considérée comme normale, souhaitable ou nécessaire. Léonard de Vinci conseillait aux peintres en déficit d'inspiration devant la nature, de regarder d'un œil rêveur les fissures d'un vieux mur (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 136).Les familles de Duo-Chalo n'ont aucune idée de l'éducation, fondement de toute société. Rien ne supplée à cet immense déficit (Chardonne, Ciel,1959, p. 75). Prononc. et Orth. : [defisit]. t final se prononce comme dans aconit, accessit, granit, prétérit, coït, affidavit, sufficit, transit, prurit (cf. Kamm. 1964, p. 174). Ac. 1835 écrit des déficit au plur. (cf. aussi ds Gattel 1841); mais Dupré 1972, p. 625, pense qu'il faudrait donner au mot la marque du plur. puisque le mot est entré dans l'usage dep. le xviiiesiècle. Étymol. et Hist. 1560 « pièce qui manque dans un inventaire » (Thierry, Monum. Tiers, 1res., II, 682 ds Fr. mod., t. 23, p. 62); 1771 fin. (Trév.). Mot lat. signifiant « il manque », 3epers. du prés. de l'ind. de deficere « manquer ». Fréq. abs. littér. : 222. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 169, b) 381; xxes. : a) 169, b) 493. Bbg. Baldensperger (F.). Notes lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, p. 254. − Gohin 1903, p. 294, 374. |