| DAMAS, subst. masc. Produit provenant originairement de la ville de Damas. A.− AGRIC. Damas violet. Sorte de prunier dont le plant provient de Damas. Quoique les arbres de reines-claude, les « monsieur jaune » et « les damas violet » fussent affaiblis et pleurassent la gomme (Colette, Gigi,1944, p. 240). B.− MÉTALL. Métal très dur, utilisé pour les lames de sabre et obtenu par un alliage de fer et d'acier dont les teintes différentes dessinent des motifs variés. Synon. [acier] damasquiné.Un cangiar de damas dans un fourreau d'argent (About, Roi mont.,1857, p. 82).Au Moyen-Âge on se servait du damas, ou du moins d'acier fabriqué selon les procédés orientaux (Mérimée, Lettres F. Michel,1870, p. 16). − P. méton. Sabre dont la lame est en damas. Brandir un damas : 1. J'eus beau nettoyer mon binocle, la ligne extrême de la mer était aussi nette que la lame courbe d'un damas.
Nerval, Voyage en Orient,t. 2, 1851, p. 27. − P. ext. Tout acier présentant un aspect moiré P. méton. Tout objet fabriqué dans cet acier. M. Rezeau remit une cartouche de 7 dans le canon droit de son vieux damas (H. Bazin, Vipère,1948, p. 66). C.− TISS. Étoffe monochrome, à double face, généralement en soie, ornée de dessins satinés, en relief sur fond mat, formés par le tissage. Damas broché, robe de damas, chambre tendue de damas. La haute salle aux décors de damas cerise (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 245).Le salon de damas rouge, aux fauteuils trop dorés (Maurois, Climats,1928, p. 155): 2. Chaque fenêtre était ornée de rideaux en damas vert relevés par des cordons à gros glands qui dessinaient d'énormes baldaquins.
Balzac, La Vieille fille,1836, p. 303. SYNT. Damas déteint, damas parfilé d'argent; damas de laine, damas à frange, à gros grains, à trois couleurs; canapé, fauteuil, portière en damas; chasuble, corset, habit, jupe de damas; dalmatique en damas; couvert, recouvert de damas. − P. ext. Étoffe (ou matériau) qui ressemble au damas. Damas des Indes, de Chine, des Gobelins; damas vénitien; papier peint en damas. Des damas lyonnais (Giraudoux, Bella,1926, p. 190). Prononc. et Orth. : [damɑ]. Cf. -as. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1352 « étoffe » (Comptes royaux ds Laborde : Draps d'or de damasque); ca 1380 damas (Inventaire des livres de Charles V, art. 849 ds La Curne); 2. a) xves. prune de damas (Opera salernitana..., éd. J. Camus ds Roll. Flore t. 5, p. 376); 1545 damas (A. Demery, Anthidote Contre la Peste, Paris, 26 rods R. Ling. rom. t. 35, p. 218); b) [peut-être dès 1359 damaso « raisin de Damas » (J. des dépenses du Roi Jean, éd. Douët d'Arcq, Comptes de l'Argenterie des rois de France, p. 270 ds Gdf.]; 1611 raisins de Damas (Cotgr.); 3. a) 1732 « sorte de sabre » (Trév.); b) 1762 acier de Damas (Ac.); 1783 « acier » (Encyclop. méthod. Arts et Métiers mécaniques t. 2, p. 52). Du nom de Damas, importante ville commerciale au moyen-âge. Pour 2 a cf. b. lat. damascena « prunes de Damas ». Fréq. abs. littér. : 159. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, no137/138, p. 218. − Lammens 1890, p. 263. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 276. |