| DAILLER, verbe intrans. Région. (Lorraine). Échanger des propos plaisants entre garçons et filles. C'est en effet une très vieille coutume en Lorraine, un usage qui vient du passé profond, que d'aller « dailler » le soir aux fenêtres (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 15).Rem. 1. La docum. atteste, sous la forme daïer, un emploi trans. proche du sens de « railler » et atteste également le subst. daïe. Comme on en voit aux veillées lorraines, où les filles et les garçons échangent des facéties et des bouts rimés. C'était une véritable séance de daïe, où François daïait la religieuse (Barrès, Colline insp., 1913, p. 144). 2. La docum. atteste aussi un homon. dailler « vaguer, gambader » (cf. FEW t. 3, 3). Les longues friches où daillait le bétail (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 140). Étymol. et Hist. 1remoitié xves. dallier « railler » (Jean de Stavelot, Chron., p. 365 ds Gdf.); [xves. daiemant (Ms. Epinal 189, fo77 ds Bull. de la Société des anc. textes fr., t. 2, 1876, p. 114)]; 1583 dayer (J. Bourgoin ds Romania t. 41, p. 454), attest. isolées; de nouv. [1845 dayot « enfant qui fait des niaiseries » (E. Saubinet, Vocab. du bas lang. rémois, Reims)]; 1881 daïer (Adam). Prob. issu de l'all. dahlen, auj. dial. (attesté seulement en 1531 « parler indistinctement », 1559 « bavarder », 1702 « badiner, folâtrer »), d'orig. discutée; d'apr. J. et W. Grimm, Deutsches Wörterbuch, Leipzig, 1970, il serait emprunté au m. angl. dalien, angl. dally (xives. « bavarder », xves. « badiner », xvies. « traiter légèrement, s'amuser avec (quelqu'un ou quelque chose) », NED et ODEE. Dans cette hyp., l'angl. serait prob. lui-même emprunté à l'agn. dalier (2emoitié xiies. soi entredalier « se quereller », Rois, éd. E.-R. Curtius, p. 113, 23; ca 1240 dalier « parler, bavarder », Deuxième coll. agn. des mir. de la Ste Vierge, éd. H. Kjellman, p. 52, 110 − début xives., N. Bozon ds T.-L.). L'agn. serait, d'après une 1rehyp. du FEW (t. 15, 2, p. 52a), empr. à une forme ags. correspondant à l'all. D'après une 2ehyp. (FEW loc. cit.), il serait emprunté à l'a. nord. *daéla « fréquenter, issu de *dal(i)jan « préparer, apprêter »; dans ce dernier cas, il n'y aurait apparemment pas de lien entre le groupe all.-lorr. et le groupe nord-angl. Fréq. abs. littér. : 6. |