| DÉPUTER, verbe trans. Vieilli, littér. [Le suj. désigne une pers. phys. ou mor.] A.− Envoyer (une ou plusieurs personnes) en mission officielle ou non. Députer (qqn) à qqn, à qqc. (lieu, réunion), auprès de qqn, dans (un lieu), vers qqn, pour, afin de + inf. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers., parfois un de ses attributs ou un animal] Députer qqn auprès du roi. Qui donc a député ce petit Judas? (Bloy, Journal,1892, p. 57).Le 9 Nivôse an II, le Comité de Salut Public le députait dans les départements de Meuse et de Moselle, en mission toute spéciale (Valéry, Degas,1936, p. 56): C'est le rouge-gorge, qu'une fée charitable a député vers le travailleur solitaire pour lui dire qu'il y a encore quelqu'un dans la nature qui s'intéresse à lui.
Michelet, L'Oiseau,1856, p. 202. 2. Absol. Il députa au pape afin d'obtenir la permission de se faire précéder par un porte-croix (Stendhal, Mém. touriste,t. 1, 1838, p. 471). B.− Envoyer (un ou plusieurs représentants) à une assemblée délibérante. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou une collectivité] L'ancien abus, par lequel le tiers députait des nobles (Sieyès, Tiers état,1789, p. 39). 2. Absol. Députer aux États généraux. L'aristocratie anglaise (...) ôtait au bourg de Stockbridge, en Southampton, le droit de députer au parlement (Hugo, Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 125). Prononc. et Orth. Dernière transcr. ds DG : dé-pu-té. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1285 « assigner » (Chartes et documents poitevins, Fontevrault, 258, 15 ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, p. 337) − xvies. ds Littré; 2. 1328 « déléguer » (Charte ds Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 351); 1748 « élire quelqu'un pour représenter dans une assemblée délibérante » (Montesq., Espr. des Lois, XI, 6 ds Brunot t. 6, p. 451, note 4). Empr. au b. lat. deputare « estimer; assigner; envoyer » (v. aussi Nierm., s.v. no11) [« tailler » en lat. class.], dér. de putare « émonder, tailler; apurer un compte; calculer; estimer, penser ». Fréq. abs. littér. : 40. Bbg. Quem. 2es. t. 4, 1972. |