| DÉMOLITION, subst. fém. A.− [Correspond à démolir A] Action, fait de démolir une construction. Entrepreneur de démolitions (Ac.). Travaux de démolition. Fait d'être l'objet de tels travaux. (Édifices) en démolition : 1. Depuis le guichet qui mène au pont du Carrousel jusqu'à la rue du Musée, tout homme venu, ne fût-ce que pour quelques jours, à Paris, remarque une dizaine de maisons à façades ruinées, où les propriétaires découragés ne font aucune réparation, et qui sont le résidu d'un ancien quartier en démolition depuis le jour où Napoléon résolut de terminer le Louvre.
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 48. − P. méton., au plur. Matériaux provenant des bâtiments démolis. Il trottait avec une agilité de souris surprise dans des démolitions (A. France, Anneau améth.,1899, p. 5). B.− [Correspond à démolir B] 1. Destruction physique ou morale d'une personne. [Le] parti républicain, si puissant dans la réclame et dans la démolition des gens (Goncourt, Journal,1859, p. 643): 2. 11 septembre. − Lu dans la Raison, feuille de l'ignoble Charbonnel, un article de mon vieux plagiaire Laurent Tailhade. Ce borgne atteint de ramollissement démocratique, non content de servir la messe, chaque matin, à son père spirituel, semble avoir promis, en outre, ma démolition à l'abbé Victor. C'est désarmant.
Bloy, Journal,1901, p. 70. 2. Destruction d'un ensemble abstrait présentant une cohérence interne. Elle [la mère] décréta que l'instruction était une entreprise de démolition et mon père fut de son avis (L. de Vilmorin, Migraine,1959, p. 160): 3. Avant de discourir sur la science, il faut en déterminer l'objet, en trouver la méthode et le principe : il faut en débarrasser la place des préjugés qui l'encombrent. Telle doit être la mission du dix-neuvième siècle. Pour moi, j'en ai fait le serment, je serai fidèle à mon
œuvre de démolition, je ne cesserai de poursuivre la vérité à travers les ruines et les décombres.
Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 317. Prononc. et Orth. : [demɔlisjɔ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xives. « défaite, déroute » (Chron. fr. ms. de Nangis, sous l'an 1302 ds La Curne); 2. 1367 « action de démolir » (Lett. d'abolition de Phil., prem. d. d'Orl., A. Loiret ds Gdf. Compl.); 1676 subst. plur. (Félibien Dict.). Empr. au lat. demolitio « action de mettre à bas ». Fréq. abs. littér. : 195. |