| DÉLUGE, subst. masc. A.− Inondation cataclysmique de toute la surface de la terre telle qu'elle est rapportée dans la Genèse (cf. Genèse 7, 11 à 8, 14). Le déluge universel; les eaux; le temps du déluge; l'arche, la colombe du déluge. − Locutions ♦ [P. réf. à l'ancienneté du déluge] Que signifie cette chanson et ce refrain d'avant le déluge? (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1860, p. 45).Beaucoup de ces étudiants sont nés en 1940. Pour eux, tout ce qui précède cette année fatidique est d'avant le déluge (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 22). ♦ [P. réf. à l'idée de catastrophe connotée par le terme] Après moi le déluge. Peu m'importe la catastrophe qui surviendra après ma mort. Je ne sais si tu comprends ce qu'il y a d'égoïste dans l'expression « faire son salut ». Ça sent le « chacun pour soi », le « sauve qui peut », l'« après moi le déluge » (Duhamel, Cécile,1938, p. 16). B.− P. ext. 1. Pluie très abondante, torrentielle. Il soulève le rideau, un déluge ruisselle sur les zincs et déborde des chéneaux (Colette, Cl. ménage,1902, p. 152): 1. Le parlement vient de s'ouvrir à Versailles sous un déluge de novembre qui rejoint les bassins du parc au ciel bas, étouffé de brume...
A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 86. 2. Larmes. Leverdier (...) l'avait trouvée [Véronique] noire et agitée, ayant sur son beau visage (...) les stigmates d'un récent déluge (Bloy, Désesp.,1886, p. 165). C.− P. anal. Surabondance (de quelque chose qui coule). Déluge de larmes. Voilà l'orage! qu'on se figure un déluge de feu sans vent et sans eau (Chateaubr., Voy. Amér.,1827, p. 116): 2. « Les hommes creusent et se mettent à l'abri. Le déluge de fer a recommencé et dure toute la nuit : c'est le vacarme assourdissant des explosions ininterrompues. »
Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 203. − Au fig. Déluge d'éloquence, de paroles, de chiffres. Prononc. et Orth. : [dely:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. diluvie « inondation du monde (dans la Bible) » (Psautier Oxford, XXVIII, 9 ds T.-L.); début xiiies. [date ms.] deluge (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4357); 2. 1640 « grande quantité » déluge de feux (Corneille, Horace, IV, 5). Adaptation du lat. class. diluvium « inondation, débordement » désignant notamment en lat. chrét. le déluge de l'histoire biblique. Fréq. abs. littér. : 628. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 091, b) 944; xxes. : a) 1 067, b) 591. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 352, 354. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 201. |