| DÉCONCERTER, verbe trans. A.− MUS., vx. ,,Troubler un concert de voix ou d'instruments`` (Ac. 1835, 1878). ,,Il ne faut qu'une voix discordante pour déconcerter toutes les autres. Un musicien qui bat mal la mesure, déconcerte tout l'orchestre, toute la symphonie`` (Ac.1835, 1878). B.− [Avec l'idée de dérangement, de dérèglement] 1. Littér. Déranger, troubler l'accord entre les différentes parties, les différents mouvements d'un organisme; dérégler. Vous n'avez qu'à reparaître pour déconcerter les pulsations de mon cœur (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 279).Vainement (...) décompose-t-on l'organisme spirituel, afin de déconcerter tous les rouages élémentaires de la vie (Blondel, Action,1893, p. 21). 2. Spéc. Déranger des projets, empêcher leur réalisation, et p. ext. déranger des personnes dans la réalisation de leurs projets. Les représentans du peuple avoient entre leurs mains des moyens aussi puissans que salutaires pour déconcerter leurs complots (Robesp., Discours,Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 104).Fâcheuse résolution (...) qui (...) suffit pour déconcerter les plans d'attaque et de défense le plus savamment combinés (CourierPamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 46).Pas plus à Berlin qu'à Paris, l'esprit militaire n'avait prévu les conséquences de cette inflation. (...) L'événement les [les généraux] déconcerta (Bloch.Dest. S.,1931, p. 184). C.− P. ext., cour. Surprendre quelqu'un, lui faire perdre l'assurance de son jugement ou de la conduite à tenir. Cette brusque apparition déconcerta Fernand et lui fit éprouver une crainte vague (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 343).Une maladie nerveuse (...) minait sourdement la frêle enfant (...). Elle déconcerta les médecins et aucun remède n'y put prendre (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 59).Les novateurs ont quelquefois déconcerté par leurs audaces (Hourticq, Hist. Art, Fr.,1914, p. 448). ♦ Emploi pronom. Castanier entra. Sans se déconcerter, Aquilina roula le billet, le prit dans ses pincettes et le brûla (Balzac, Melmoth,1835, p. 339). − Au fig. Tant (...) de longues agonies dont l'inutile cruauté déconcerte la raison (Marcel, Journal,1920, p. 231). ♦ Emploi pronom. passif. La fatuité de Grantaire ne se déconcertait pas (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 783). Prononc. et Orth. : [dekɔ
̃sε
ʀte], (je) déconcerte [dekɔ
̃sε
ʀt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xvies. deconcerter « troubler les plans de quelqu'un » (Ph. Le Picard, La Nouvelle fabrique, Additions, Bibl. elzév., p. 179 : Il faut peu pour deconcerter Ce que l'homme peut projetter); 2. 1671 « faire perdre contenance à quelqu'un » (Pomey d'apr. FEW t. 2, p. 999 a); 1835 adj. déconcertant (Michelet, Journal, p. 170). Dér. de concerter*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 484. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 484; xxes. : a) 784, b) 978. DÉR. Déconcertement, subst. masc.Fait d'être déconcerté. Ahurissement de MmeSichel, qui ne comprend pas, et déconcertement un peu honteux du préfet de police (E. et J. de Goncourt, Journal,1883, p. 252).− 1reattest. 1740-55 (Saint-Simon, Mémoires, éd. A. de Boilisle, t. XVIII, p. 349 d'apr. Adam, p. 24); de déconcerter, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér. : 3. BBG. − Gohin 1903, p. 239 (s.v. déconcertement). − Quem. 2es. t. 1 1970; Fichier (s.v. déconcertement). |