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DÉCHIRER, verbe trans.
Mettre en pièces, en morceaux, en lambeaux, sans se servir d'un instrument tranchant. Le lion déchire sa proie.
A.−
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Déchirer sa chemise, sa robe; déchirer une affiche, une lettre, la page d'un livre. Je déchirais l'ananas suivant les règles, en l'inondant de kirsch, de sucre (L. Daudet, Salons,1917, p. 19).
Spéc. Déchirer un bateau. [Le bachoteur :] J'ai justement un vieux bateau à moitié pourri; je voulais le déchirer (Sue, Myst. de Paris,t. 6, 1842-43, p. 55).
Expr. Déchirer ses vêtements (en signe de deuil, d'affliction). Déchirer le voile (de l'hypocrisie, du mensonge). Rétablir la vérité.
Arg. milit. Déchirer de la toile. ,,Faire un feu de peloton`` (France 1907). L'on entendait des fusillades lointaines. Les groupes disaient : − Voilà qu'on commence à déchirer de la toile (Hugo, Hist. crime,1877, p. 227).
2. Blesser, écorcher, lacérer. L'épervier déchire le moineau; être déchiré par les aigles, les loups, les ronces. Les griffes des panthères déchirent les membres nus (Faure, Hist. art,1921, p. 14).
[Avec un pron. réfl. indir. lorsque le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Se déchirer les mains; [avec ell. du compl. d'obj.] se déchirer aux arbustes, aux épines.
Expr. Se déchirer le visage avec les ongles (en signe de désespoir).
3. Ouvrir.
Emploi pronom. à sens passif. La nuée se déchire. L'eau se déchirait doucement sous la quille (Fromentin, Dominique,1863, p. 166).
Expr. Déchirer une enveloppe. L'ouvrir. Le laboureur déchire le sol. Ouvre la terre avec la charrue.
B.− Au fig.
1. [L'obj. désigne une chose, une partie de l'être humain]
a) Causer une douleur physique plus ou moins vive. Déchirer l'estomac, le tympan. La toux opiniâtre qui lui déchire la poitrine (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Première neige, 1883, p. 420).
P. ext. [L'obj. désigne une pers.; le verbe est gén. au passif] Être déchiré de doutes, de jalousie; être déchiré par l'angoisse, par le désespoir.
b) Causer une douleur morale, affective; toucher le cœur, émouvoir profondément. Déchirer le cœur de qqn. J'étais déchiré de regret et de passion insatisfaite (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 152).
En partic. Troubler par des disputes, des querelles, des divisions. Un pays déchiré par la guerre civile :
... l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles. Tzara, Manifeste Dada,1918, p. 32.
2. [L'obj. désigne une pers.] Dire du mal de quelqu'un, le mettre en pièces. « J'apprends de source sûre (...) que vous me déchirez, en mon absence, auprès de tous nos amis communs » (L. Daudet, Médée,1935, p. 274).
Rem. On rencontre ds la docum. déchirage, subst. masc. Action de défaire un train de bois flotté, de dépecer le bois d'un bateau hors d'usage. On m'a dit que je pourrais être employé sur le port au déchirage des bateaux (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 225).
Prononc. et Orth. : [deʃiʀe], (je) déchire [deʃi:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. « diviser, scinder, mettre en morceaux en tirant » (Canticum Habaccuc, 15 ds Ps Oxford, éd. F. Michel, p. 240 : les fluez de terre tu descireras [fluvios scindes terrae]); 1155 (Wace, Brut, éd. Andresen : sun qunfanun deschire); 2. mil. xiies. fig. « détruire, anéantir » (Ps. Cambridge, 59, 1 ds T.-L.); ca 1280 « attaquer par des paroles blessantes » (G. D'Amiens, Escanor, 3933, ibid.); 3. 3etiers xiiies. fig. li cuers me descire (A. Le Roy, Berte, éd. A. Henry, 2114). Issu, avec substitution du préf. dé-* à es-, de l'a. fr. escirer « déchirer » (B. de Ste-Maure, Ducs, éd. C. Fahlin, 33674; demeuré dans les dial. de l'est), lui-même issu de l'a. b. frq. *skerian « séparer, diviser » que l'on peut déduire de l'a. h. all. biskerian « privare, frustrare, separare », simple skerian (Graff t. VI, col. 532-533). L'étymon a. b. frq. skîran (EWFS2) « râcler, gratter » se rattachant à un groupe de mots germ. reposant sur la notion de « uni, lisse » fait difficulté du point de vue sém. (FEW t. 17, pp. 107-108). Fréq. abs. littér. : 2 570. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 066, b) 3 659; xxes. : a) 3 618, b) 3 322. Bbg. Gottsch. Redens, 1930. p. 29, 204, 205. − Walt. 1885, p. 75.