| DÉBILE, adj. et subst. I.− Emploi adj. A.− Qui manque de force. 1. [En parlant d'un animé humain, de son état physique, moral ou intellectuel] Enfant, organisme, intelligence débile : 1. S'il [le comte] avait en exécration les beaux hommes, il ne détestait pas moins les gens débiles chez lesquels la force de l'intelligence remplaçait la force du corps.
Balzac, L'Enfant maudit,1831-36, p. 366. 2. ... tous les gosses ne possèdent pas la même résistance. Les uns sont vigoureux, les autres débiles.
Queffélec, Le Recteur de l'île de Sein,1944, p. 119. SYNT. Caractère, corps, nourrisson, oiseau, opinion, poitrine, santé, souffle, vieillard débile; chétif et débile, délicat et débile, faible et débile, incertain et débile, jeune et débile, mince et débile, précaire et débile, souffreteux et débile, timide et débile. 2. P. anal., BOT. Qui manque de vigueur. Arbre, arbuste, fleur, tige débile : 3. La végétation parisienne est plus débile, elle n'a pas de sève paysanne puissante, elle est étriquée et maladive...
Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 36. 3. P. ext. [En parlant d'un inanimé] Qui manque d'intensité. Clarté, lumière débile; rayons, veilleuses débiles. Le fer débile gratte mal la surface du sol (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 180). B.− Au fig. 1. Domaine de l'action, de la pensée.Qui manque d'efficacité; régime débile, argument débile. La débile bourgeoisie libérale du parlement de Francfort (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 41). 2. Domaine spirituel.Faible. Âme, espoir, foi débile. Dieu! que l'homme est débile au souffle du malheur! (Borel, Rhaps.,1831, p. 102). II.− Emploi subst., PSYCH. Un débile (employé seul ou avec un qualificatif). Personne dont le quotient intellectuel est inférieur à 80. Un débile léger, moyen, profond. Synon. arriéré, anormal, imbécile, idiot. Rem. 1. Au xixes. le terme débile nécessite un complément d'information quant à la partie atteinte (cf. ex. 1); au cours du xxes. il a subi un rétrécissement du sens pour désigner presque exclusivement une déficience intellectuelle. 2. La plupart des dict. attestent l'adv. débilement « d'une manière débile, mollement », dont on rencontre un seul ex. dans la docum. Ils entrent dans l'eau avec des rires absurdes, et débilement ils vont s'étendre au milieu (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 123). Prononc. et Orth. : [debil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1265 (Statuts d'hôtels-dieu et de léproseries, recueil de textes du xiieet du xives., 135 ds Quem. Fichier); ca 1308 (Aimé du Mont Cassin, Hist. des Normands, éd. Bartholomaeis, VIII, XIX, p. 359, 8). Empr. au lat. class. debilis « faible » à côté de la forme pop. deible, deble (cf. ca 1180 endieble, Marie de France, Le Purgatoire de Saint Patrice, 391 ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 443. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 722, b) 619; xxes. : a) 728, b) 497. Bbg. Quem. 2es. t. 4 1972. |