| CÉNACLE, subst. masc. HIST. DU CHRISTIANISME (ou HIST. RELIG.) A.− Salle haute où, d'après la tradition évangélique (cf. p. ex. Marc 14, 15), Jésus-Christ entouré de ses apôtres, institua l'Eucharistie : 1. ... au chœur, tout le groupe des prêtres autour du vieil Archevêque, dans l'évolution des cérémonies et le solennel échange des conversations psalmodiées, mélangé aux Officiants invisibles du Cénacle et du Calvaire, reprend contact avec l'Événement initial une fois de plus dans sa figure liturgique perpétré, ...
Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 8. B.− Salle haute où, après l'ascension de Jésus (cf. Actes des Apôtres 1, 13), ses disciples se réunissaient avec Marie sa mère et quelques autres intimes, hommes et femmes, pour « persévérer dans la prière ». − P. anal. Cercle restreint d'écrivains, d'artistes, d'hommes politiques ou de savants réunis dans un but commun. Les cénacles ou les chapelles littéraires d'antan se sont mués aujourd'hui en une quantité de centres d'action (Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 8011). − P. méton. Réunion de ce cercle. J'ai vu de Vigny depuis mon retour. Il y avait chez lui cénacle (Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 1, 1818-69, p. 536). SYNT. Composer, fréquenter un cénacle; entrer ou être admis dans un cénacle; tenir cénacle; cénacle littéraire, poétique, politique; le cénacle parnassien; héros, revue de cénacle. − P. ext. Réunion fermée d'amis : 2. C'est le moment où elle [Mademoiselle Lange] fréquenta Barras, qui réunissait dans ses salons du Luxembourg toute une pléiade de jolies femmes, tout un cénacle de jeunes élégants.
L. Schneider, Les Maîtres de l'opérette,Lecocq, 1924, p. 165. − Péj. Réunion fermée de gens unis par des intérêts communs : 3. La presse fuit la pensée, ou ne l'admet que si elle est un instrument de plaisir, ou l'arme d'un parti. Les coteries et les cénacles ne laissent le passage libre qu'à condition qu'on s'avilisse.
R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 948. Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. cénaculaire. Propre à un cénacle. Pour peu que l'on raisonne au lieu de gémir, il faut tenir compte de la nature révolutionnaire ou cénaculaire des lettres du siècle dernier (Maurras, L'Avenir de l'Intelligence, 1905, p. 49). Prononc. et Orth. : [senakl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose d'écrire cénâcle. Étymol. et Hist. 1. Début xiiies. d'apr. Dauzat 1973 et Pt Rob.; ca 1250 ou mil. xiiies. d'apr. Lar. Lang. fr.; 1495 « (dans l'Antiquité) chambre haute servant de salle à manger et de salle de réunions » (J. de Vignay, Mir. Hist. 9, 100 d'apr. Delboulle ds Quem.) et en partic. 2. xvies. « chambre haute où se réunissaient les disciples de Jésus-Christ à Jérusalem » (Actes, I, 13, Nouv. Testament, éd. Lefèbre d'Etaples, 1525 ds Littré); 3. [1823 d'apr. FEW t. 2, p. 578a] 1829 « coterie littéraire » (Sainte-Beuve, Poésies et pensées de Joseph Delorme ds Littré); cf. aussi Brunot, t. 12, pp. 168-171. Empr. au lat. class. cenaculum « salle à manger » et plus précisément « étage supérieur, salle située à l'étage, chambre haute », attesté ds le Nouveau Testament aux sens 1 et 2 (Vulgate, Marc, 14, 15 ds TLL s.v., 781, 17). Fréq. abs. littér. : 175. |