| CUVETTE, subst. fém. A.− Récipient servant à divers usages. 1. Récipient portatif. a) Récipient large et peu profond à bords évasés servant à divers usages domestiques et en particulier à la toilette. Cuvette d'eau, cuvette émaillée; se laver dans une cuvette : 1. Dans sa chambre, il se mit en bras de chemise, versa de l'eau et plongea sa tête dans la cuvette. Un brin de toilette n'était pas de trop.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 369. SYNT. Cuvette de faïence, de porcelaine, en fer, en plastique. cuvette d'eau savonneuse; remplir, vider, rincer une cuvette; tremper ses mains, sa tête, dans une cuvette. − P. méton. Contenu d'une cuvette. Bourget (...) lui avouait qu'il vomissait une cuvette de bile à un éreintement de journal (Goncourt, Journal,1888, p. 841). b) Récipient utilisé dans les laboratoires de chimie, de biologie, etc.; pour le développement des photographies. Cuvette à dissection; cuvette à photographie (Closset, Trav. artist. cuir,1930, p. 46).Quelques minutes plus tard, penché avec Plattner sur une cuvette photographique, il déchiffre le texte du message (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 713). c) Loc. (pour indiquer une forme) ♦ En cuvette. En forme creuse et déprimée. Ventre creusé en cuvette (Barbusse, Feu,1916, p. 250).Ventre en cuvette dans le décubitus (Mounier, Traité caract.,1946, p. 216). ♦ Faire la cuvette. S'incurver en s'affaissant. Étudier la manière (...) dont le centre d'un pont-l'évêque fait le coussin ou la cuvette (Colette, Pays. portr.,1954, p. 115). 2. Récipient profond, en forme d'entonnoir, et qui demeure fixé en un lieu. a) Bassin de faïence, de porcelaine rond ou oblong, fixé contre un mur ou posé sur un pied et servant à la toilette. Cuvette de lavabo. À force de piétiner l'asphalte, j'avais les nougats en tisons... Je me déchaussais un peu partout. J'allais me les tremper en vitesse dans les cuvettes des lavabos (Céline, Mort à crédit,1936, p. 368). b) Bassin de faïence surmonté d'un siège utilisé dans les installations de w(ater)-c(losets) pour recevoir les excréments. Cuvette des cabinets (Renard, Journal,1908, p. 1184).Il installe ses cabinets au-dessus de la sonnette de la porte. On tire la corde. La cuvette se vide (Renard, Journal,1906, p. 1028). c) ,,Entonnoir disposé pour recevoir les eaux d'un tuyau de descente, ou les eaux d'une source, d'un aqueduc`` (Noël 1968). Un voisin a imaginé de s'approprier la cuvette de la gouttière (...); il a bouché le conduit pour empêcher l'eau des étages supérieurs d'inonder son jardin (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 191). B.− [P. anal. de forme] 1. Partie concave (creuse et évasée) de divers instruments et appareils. Cuvette d'un moulin à café (A. France, Lys rouge,1894, p. 319). − Domaines techn. a) ARM. ,,Pièce qui garnit l'ouverture du fourreau du sabre pour empêcher la lame de sortir trop aisément`` (Lar. encyclop.). b) CORDONN. Cuvette du talon. ,,Surface concave du dessous du talon, destinée à recevoir le dessous de l'emboitage de la chaussure`` (Rama 1973). c) HORLOG. ,,Plaque de métal qui couvre en arrière le mouvement de certaines montres. Montre à cuvette`` (Ac. 1932). d) MÉTÉOR. Petit récipient rempli de mercure où plonge la partie inférieure d'un tube de baromètre, et p. ext., renflement de la partie inférieure du tube d'un baromètre. ♦ Cuvette de compas. Logement contenant le liquide où flotte l'aiguille du compas. La paroi intérieure de la cuvette [du compas] porte un repère (...) appelé ligne de foi (Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 27). e) MUSIQUE ♦ Cuvette de résonance. Caisse de résonance fermée d'une partie évidée ou concave de l'instrument. Une série de lames ou de lamelles de bois qui se fixent (...) sur le bord d'une cuvette de résonance (Schaeffner, Orig. instrum. mus.,1936, p. 139). ♦ Cuvette d'une harpe. Partie inférieure de cet instrument où sont situées les pédales. Une harpe se compose toujours de quatre parties (...) qui sont : la caisse sonore, le pied ou cuvette, la console et la colonne (Maigne, Maugin, Nouv. manuel luthier,1929, p. 298). f) TECHNOL. Cuvette d'un roulement à billes. Pièce concave servant de chemin de roulement aux billes. Les roulements à contact triple dans lesquels chaque bille s'appuie en un point sur le cône et en deux points sur la cuvette (Périsse, Automob.,1907, p. 18). 2. Partie concave d'un élément de l'espace géographique. a) Usuel. Petite dépression naturelle dans le sol et le plus souvent remplie d'eau. Cuvette d'une rivière. Leur cuvette n'est pas profonde [des étangs]; çà et là, jusque dans le centre de leur miroir, des roseaux et des joncs émergent, qui forment de bas rideaux ou des îlots de verdure (Barrès, Serv. All.,1905, p. 4).Le lac sombre dans sa cuvette de montagnes poudrées de blanc (Chardonne, Dest. sent.,1934, p. 63). b) GÉOGR. ,,Creux topographique, occupé actuellement par les eaux (à titre permanent ou saisonnier) ou anciennement occupé par les eaux et conservant les dépôts accumulés en milieu océanique, marin ou lacustre. Par extension, toute forme qui se prête à la constitution d'un bassin fermé`` (George 1970). Cuvette parisienne, du Tchad; cuvette de décantation, de déflation, cuvette synclinale : 2. La périphérie septentrionale du massif central asiatique avait pour issue naturelle, vers l'Est, la zone d'écoulement où l'érosion ravinée entraîne les eaux intérieures à la mer. Les bassins intérieurs, les anciennes cuvettes lacustres subissent dès lors une transformation : dessalées par l'afflux continuel des eaux courantes, renouvelées par l'apport continuel d'alluvions, elles entrent en liaison les unes avec les autres : ...
Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 57. Prononc. et Orth. : [kyvεt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 (1recontinuation de Perceval, éd. W. Roach, 7601); 2. 1784 cuvette [d'une boîte de montre] (Encyclop. méthod. Mécan., t. 3, p. 449); 3. 1835 la cuvette d'un baromètre (Ac.); 4. 1906 géogr. (Pt Lar.). Dér. de cuve*; suff. -ette*. Fréq. abs. littér. : 415. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 129, b) 595; xxes. : a) 1 159, b) 638. Bbg. Boyer (J.). Mini-glossaire trilingue. Meta. 1971, t. 16, no4, p. 227. |