| * Dans l'article "CULOTTER2,, verbe trans." CULOTTER2, verbe trans. A.− Culotter une pipe. Faire se recouvrir l'intérieur du fourneau, à force d'usage, d'une sorte de dépôt noir, afin que le tabac dégage pleinement son arôme lors de sa combustion. Il avait une pipe en terre et il s'appliquait à la culotter, malgré le goût fade et brûlant qu'elles ont au commencement (Ramuz, A. Pache,1911, p. 72): 1. ... en reprenant sa pipe, comme il tremblait, il la cassa. Alors il eut un geste désespéré, et il dit : « Tiens! C'est un vrai chagrin, ça, par exemple. J'en ai pour un mois à en culotter une nouvelle ».
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Garçon, un bock! 1884, p. 901. B.− P. anal. Noircir, patiner par l'usage. Les crachats qui culottaient son parquet de pavés (Flaub., Corresp.,1840, p. 64).C'était d'la saloperie : du vin à culotter les quarts comme des pipes (Barbusse, Feu,1916, p. 207). 2. On sait d'ailleurs que les antiquaires qui fabriquent des vierges gothiques ou des fausses plaques d'évangéliaires romans, les confient à des spécialistes qui les culottent en les portant sous l'aisselle.
Morand, Paris-Tombouctou,1929, p. 228. ♦ Emploi pronom. réfl. : 3. De toutes les peintures modernes, celles qui prennent la plus belle patine de cristallisation, celles qui se culottent le mieux en chefs-d'œuvre, ce sont les Decamps.
Goncourt, Journal,1864, p. 37. − [Le compl. d'obj. désigne la peau] Synon. bronzer, tanner.Le soleil s'est enfin décidé à me culotter la peau : je passe au bronze (Flaub., Corresp.,1849, p. 129). ♦ Emploi pronom. réfl. Se colorer. Sa face d'ivrogne, avec sa mâchoire de singe, se culottait, prenait des tons de vin bleu (Zola, Assommoir,1877, p. 646). − Au fig. ou p. métaph., emploi pronom. réfl. Se renforcer sous l'effet du temps. Voici un pied d'Andalouse, se dit-il à part lui : ceci est de bonne couleur, et ma passion se culotte tout à fait (Gautier, Jeunes-Fr.,1872, p. 108). Prononc. : [kylɔte]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1823 pipe culottée (Arcien, Diorama de Londres, 163 ds Barb. Misc. 9, p. 63); 1827 « donner une teinte foncée, noirâtre » (Th. Gautier, Le Petit cénacle ds Les Annales, 5 déc. 1926, 591, ibid.); 2. 1821 pronom. « s'enivrer » (Desgranges, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris); 3. 1838 pronom. « prendre corps, prendre une tournure décidée » (Th. Gautier ds Larch. 1872); 1842 trans. « rendre expert et audacieux » (ds Esn.); av. 1866 adj. « qui a de l'aplomb, aguerri » (Gavarni ds Larch. 1872, s.v. culotté). Dér. de culot* (d'une pipe); dés. -er. Les sens 2 et 3 sont issus du sens 1, p. métaph. allusion au culottage de la pipe; cf. avec 2 noir « ivre ». Fréq. abs. littér. : 14. DÉR. Culotteur. subst. masc.Culotteur de pipes. Personne qui culotte des pipes, p. ext. grand fumeur. Je résolus de fumer un peu pour me distraire. Cependant, quoique je fusse un culotteur de pipes renommé, je ne pus pas; dès la seconde bouffée, le cœur me tourna et je cessai (Maupass., Sur l'eau,1888, p. 87).− [kylɔtœ:ʀ]. − 1reattest. 1845 (Besch.); de culotter2, suff. -eur2*. BBG. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 100, 242; p. 223 (s.v. culotteur). |