| * Dans l'article "CUISINER,, verbe trans." CUISINER, verbe trans. A.− Préparer, accommoder (un plat, des mets). Cuisiner une soupe, un dîner, des petits plats, des plats délicats. Je crois être quelque temps capable de cuisiner un bon pâté de venaison (Martin du G., Souv. autobiogr.,1942, p. CXIV): 1. Le dîner, de même que le déjeuner et le souper, toujours composés de choses exquises, étaient cuisinés avec cette science qui distingue les gouvernantes de curé entre toutes les cuisinières.
Balzac, Les Paysans,1844-50, p. 251. − Emploi abs. Faire la cuisine. Bien cuisiner. D'habitude, il [Loubet] se chargeait volontiers de la popote; et on l'en remerciait, car il cuisinait à ravir (Zola, Débâcle,1892, p. 25). B.− Au fig., fam., gén. péj. 1. [Le compl. d'obj. désigne une manifestation de l'esprit hum.] Préparer avec soin (en secret ou d'une manière peu avouable). Il ne faudrait pas me demander de cuisiner une élection (Bloy, Journal,1901, p. 69). ♦ Emploi pronom. à sens passif. [Les] gros clients dont les affaires juteuses se cuisinaient en ce moment (Balzac, Chabert,1832, p. 14). − Spéc. (surtout dans la lang. des journalistes). Présenter astucieusement, élaborer (un texte, etc.). Déjà ils croyaient lire, au courrier mondain du « Gaulois », l'entrefilet qu'ils cuisineraient eux-mêmes en famille (Proust, Sodome,1922, p. 767). 2. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Interroger pour faire avouer. Il me « cuisinerait » à la façon d'un juge d'instruction (Blanche, Modèles,1928, p. 242).[Il] fut chambré dans une pièce et dûment cuisiné par les officiers du 2ebureau qui lui tirèrent les vers du nez (Cendrars, Main coupée,1946, p. 203): 2. − Écoute, dit Dubreuilh, tout en le soignant, essaie donc de le cuisiner : les drogués parlent facilement, nous saurons peut-être ce qu'il a dans le ventre.
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 561. Rem. La docum. atteste cuisinage, subst. masc. Action de cuisiner (supra B 2). Pour le cuisinage, un père de famille assisté de la maman et de la mémé bat largement un commissaire de police (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 106). Prononc. et Orth. : [kɥizine], (je) cuisine [kɥizin]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xiiies. (Chanson d'Antioche, éd. P. Paris, V, 16); 2. 1832 fig. « combiner, manigancer des affaires » (Balzac, loc. cit.); 3. 1881 pop. « interroger » (d'apr. Esn.). Dénominatif de cuisine*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 93. DÉR. 1. Cuisinement, subst. masc.,rare. Préparation (d'un plat cuisiné de manière élaborée). Une peinture (...) du troussement, du flambement, du cuisinement d'un « faisan à la géorgienne » (Goncourt, Journal,1896, p. 927).− 1resattest. mil. xvies. (Fr. Habert, trad. d'Horace, Satyres, II, 2 (paraphrase) ds Hug.) − 1611, Cotgr., à nouv. ds Guérin; de cuisiner, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Cuisinerie, subst. fém.,fam. et vx. Art, manière de cuisiner. Synon. cuisine.Cette triple canaille de faux marquis, ton maître en cuisinerie (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 127).− Dernière transcr. ds Littré : kui-zi-ne-rîe. − 1reattest. 1530 (Le Fèvre d'Étaples, Bible, Sam, I, VIII ds Gdf. Compl.); de cuisiner, suff. -erie*. Bbg. Rog. 1965, p. 80. |