| * Dans l'article "CRÉMAILLÈRE,, subst. fém." CRÉMAILLÈRE, subst. fém. A.− Tige de fer à crans, fixée dans la cheminée, permettant de suspendre un récipient à hauteur variable, au-dessus du foyer, en vue notamment de la cuisson des repas : 1. La cuisine des Bordas était pareille à toutes les cuisines, avec la grande cheminée où pendait la marmite accrochée à la crémaillère, la longue table, les chaudrons de cuivre sur une étagère...
Mauriac, Le Sagouin,1951, p. 106. SYNT. Baisser hausser, installer, pendre, suspendre, placer la crémaillère; accrocher, suspendre, pendre à la crémaillère. − Loc. méton. Pendre la crémaillère. Donner un repas, une fête, une réception pour célébrer son installation dans un nouveau logement; assister à ce repas, à cette réception Aller pendre la crémaillère; pendre joyeusement la crémaillère; une pendaison de crémaillère; la crémaillère est pendue. On pend la crémaillère d'un petit journal d'annonces (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 173).Cela sentait une crémaillère pendue trop vite (Zola, Nana,1880, p. 1171); 2. Il ne m'eût pas semblé de bon goût de pendre sitôt la crémaillère.
Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 389. Rem. Crémaillère est parfois empl., p. ell., pour pendaison de crémaillère. La crémaillère fut très gaie (Zola, Assommoir, 1877, p. 680). − [P. anal. d'aspect ou de fonction] Il avançait d'une marche en crémaillère (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 126).Les crémaillères lumineuses de l'orage (Renard, Journal,1895, p. 294).Une arête en crémaillère qui figure le nez [d'un masque], comme dans la Grèce mycénienne (Morand, Paris-Tombouctou,1929, p. 213). − Spécialement ♦ FORTIF. Fortification dans les longues tranchées rectilignes, composée d'une série de branches en dents de crémaillère. Ouvrage à crémaillère. La crémaillère n'est en réalité qu'une modification du redan (Lar. 19e). ♦ FIN. Parité à crémaillère. ,,Régime dans lequel les parités de change sont susceptibles d'être révisées par une succession de modifications de faible amplitude`` (Giov. 1971). B.− P. ext. Pièce rectiligne dentée utilisée dans différents domaines. 1. MÉC. Organe rectiligne denté, engrenant avec une roue ou un pignon denté et capable de transformer un mouvement rectiligne en mouvement circulaire, et vice versa, ou engrenant avec un autre organe rectiligne. Crémaillère dentée, dentelée, cannelée, ondée; crémaillère engrenée, désengrenée, fixe; dents, engrenage, pignon, profil de la crémaillère; direction de la crémaillère; cycloïde de la crémaillère; crémaillère droite, gauche; crémaillère d'une direction d'automobile, de cric, de machine à impression, de raboteuse, de vanne de barrage. Robinet à crémaillère réglant simultanément l'air et le gaz (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 52). 2. MENUIS. Garniture de fer à crans successifs permettant de régler la hauteur, l'inclinaison d'un élément. Crémaillère d'armoire, de bibliothèque, de chaise, d'étagère, de porte, de pupitre, de table, de tabouret. Le bouton placé extérieurement sous le siège et qui déclenche la crémaillère qui permet de modifier à volonté la position du dossier (Feydeau, Dame Maxim's,1914, p. 22).Elle tirait sur la suspension, le beau globe jaune à crémaillère (Céline, Mort à crédit,1936, p. 56). 3. CH. DE FER. Rail supplémentaire muni de dents, correspondant à un organe denté (pignon) du matériel roulant (pour gravir des pentes très fortes, etc.). Locomotive, motrice, tramway à crémaillère; chemin de fer à crémaillère et funiculaire. Elle descendit de son lent wagon à crémaillère vers quatre heures du soir (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 492). 4. CHARPENT. Limon à crémaillère. Type de limon d'escalier comportant des crans pour recevoir l'about des marches. Faux limon, communément appelé crémaillère. Celui qu'on fixe contre le mur de la cage d'escalier pour supporter l'autre about des marches. On distingue le socle de marches à crémaillère et le socle de marches rampant (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 2, 1928, p. 175). 5. CONSTR., HORTIC. Tige de métal à crans maintenant plus ou moins ouvert un châssis, une tabatière, une cloche. Une mansarde de quelques pieds carrés sans cheminée, où la tabatière à crémaillère laissait passer l'haleine des saisons (Goncourt, Lacerteux, G.1864, p. 251). 6. TYPOGR. Nom donné à deux doubles branches de fer qui fixent la platine à l'arbre de la presse en bois. 7. HORLOG. Pièce dentée d'une montre, d'une pendule à répétition. 8. MAR. Mécanisme (à crémaillère) utilisé pour rider des haubans, des étais, des galhaubans (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Crémaillère de ridage. Synon. ridoir. Prononc. et Orth. : [kʀemajε:ʀ]. Passy 1914 transcrit [ɑ] post. (cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841) sans raison valable d'apr. Mart. Comment prononc. 1913, p. 36 puisque la syll. n'est pas tonique. Ac. 1694-1740 admet en outre la var. crémillère. Ac. 1762-1932 donne uniquement crémaillère. Étymol. et Hist. 1. xiiies. carmeilliere « pièce de fer munie de crans, dans une cheminée » (Gloss. lat.-fr. du XIIIes., B. N. 8426, fo110 rods Gdf. Compl.); 1445 cramailliere (Vente des biens de Jacques Cœur, A.N. KK 328, fo223 vo, ibid.); 1549 cremaillère (Est.); 2. 1680 cremiliere de chaise (Rich.); 1690 cremaillere (Fur.). Dér. avec suff. -ière de l'a. fr. cramail ([ca 1220 lat. médiév. cremalia plur., J. de Garlande, Dictionnarius, éd. Scheler, § 55] 2emoitié xives. cramail, E. Deschamps, éd. G. Raynaud, t. IX, p. 47, 1352) terme demeuré en usage dans les dial. de l'Est, issu du b. lat. cramaculus « crémaillère » (Capit. de Villis ds Nierm.), cremaculus (glose ds TLL), altération de cremasculus (d'où les formes bourguignonnes, franco-prov. et prov. de type c(r)oma(s)cle : 1157, Vaucluse cumascle ds Bambeck, p. 154; v. FEW t. 2, p. 1312 a), adaptation du gr. κ
ρ
ε
μ
α
σ
τ
η
́
ρ proprement « qui suspend ». Fréq. abs. littér. : 79. DÉR. Crémaillon, subst. masc.,vx. Petite crémaillère attachée à la grande. Dans les cheminées (...) pendait la crémaillère avec son allonge ou crémaillon (Ali-Bab, Gastr. prat.,1907, p. 65).− [kʀemajɔ
̃]. Pour la finale supra prononc. et orth. Ac. 1694-1740 admettent en outre la var. crémillon; Ac. 1762-1932 donne uniquement crémaillon. − 1resattest. 1352 cramillon (Glossar. lat.-fr., Bibl. nat. lat. 4120 ds Du Cange, s.v. cremale); 1690 crémaillon (Fur.); de cramail, crémail, v. crémaillère. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 227. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 13. − Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, p. 453. − Pauli 1921, p. 95. − Rog. 1965, p. 84. |