| CROTTIN, subst. masc. A.− Excréments de certains animaux (mouton, chèvre et, particulièrement, cheval, âne) formés d'un amas de parcelles arrondies, utilisables comme engrais. Crottin frais, fumant; ramasser du crottin. La chaussée où les moineaux s'abattaient en troupes pour picorer le crottin (A. France, Vie fleur,1922, p. 321).Ça sent l'essence et le crottin de cheval (Giono, Gd troupeau,1931, p. 235). Rem. La docum. atteste qq. rares emplois du mot au plur. Des crottins de bouc (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 253); répandre des crottins (Claudel, Violaine, 1892, I, p. 507). ♦ P. méton. Crottin de cheval. Couleur du crottin de cheval. J'endossai donc l'habit crottin de cheval, la culotte noire (Michelet, Mémor.,1822, p. 210). ♦ P. métaph. : L'érudition frétait des bibliothèques alexandrines pour le ravitaillement d'innombrables rongeurs à lunettes, dont l'office était de picorer des fétus dans l'énorme amas de crottin documentaire fienté par de plus grands animaux.
Bloy, Le Désespéré,1886, p. 134. B.− [P. anal.] 1. [de forme] Crottin de Chavignol. ,,Fromage fermier du Sancerrois, au lait de chèvre, qui se présente sous la forme de petits cylindres aplatis recouverts de légères moisissures bleues`` (Ac. Gastr. 1962). 2. [de valeur] TYPOGR. ,,Mauvaise impression`` (Voyenne 1967). C.− Au fig., arg., vx (terme de mépris employé par le fantassin). Cavalier (cf. Merlin, Lang. verte troupier, 1888, p. 39; Bruant 1901). Rem. La docum. atteste l'adj. dérivé crottineux au sens de « boueux » (cf. crotte B). À la suite d'un méchant dérapage sur un terrain crottineux (Arnoux, Paris, 1939, p. 195). Prononc. et Orth. : [kʀ
ɔ
ε
̃]. Ds Ac. 1740-1932. Avec 1 t ds Camus, Cas intéress., 1955, 1ertemps, 1ertabl., p. 614. Étymol. et Hist. Ca 1346 crotin (Espinas, Doc. rel. à la drap. de Valenciennes, 245 ds Barb. Misc. 11, no21). Dér. de crotte*; suff. -in*, v. Thomas (A.) Essais, p. 375. Fréq. abs. littér. : 86. Bbg. Courtine (R. J.). Les Fromages fr... Vie Lang. 1972, p. 630. |