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CROTTE, subst. fém.
A.− [Sens gén. de fiente]
1. Fiente globuleuse plus ou moins dure de certains animaux et, p. ext., tout excrément solide (animal et humain). Crotte de brebis, de souris; crotte de cheval (synon. crottin). Faire, semer ses crottes. Je gardais la crotte au cul des semaines. Je me rendais compte de l'odeur (Céline, Mort à crédit,1936, p. 77).C'est le royaume de la crotte! Ce malheureux chien mange trop (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 180).Je vais faire ma crotte sous un arbre ficus (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 285).
Loc. région. Aller aux crottes. Ramasser le crottin des chevaux sur les routes (cf. Martellière, Gloss. Vendômois, 1893 et Rougé, Folkl. Touraine, 1943).
Loc. pop., fig., vx. Ne pas chier de grosses crottes. Avoir mal dîné ou pas dîné du tout (d'apr. Delvau 1866). Chier de petites crottes. Être dans la gêne, la misère (d'apr. Delvau 1866). Panier à (aux) crottes. Fesses ou jupon de femme. Quelle grue! s'écria-t-il, en redevenant grossier. Je vas t'asseoir sur ton panier aux crottes, tu sais, madame Belles-Fesses (Zola, Ventre Paris,1873, p. 88).Mettre à qqn son nez dans sa crotte. Le forcer à admettre ce qu'il ne veut pas reconnaître (cf. nez).
Interjection d'impatience, de dépit, de fureur. Crotte! Crotte de bique! (synon. atténué de merde). Quand on joue on oublie un peu mais si c'est pour évoquer les tuiles passées alors; crotte! (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 14).
2. [P. anal. de forme] Objet ou matière qui ressemble à une crotte. Pouffant (...) quand une crotte de mortier leur sautait au visage (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 164).Une crotte de beurre. Petite quantité de beurre en forme de boulette. Synon. noix, noisette.Crotte en chocolat. Bouchée en chocolat de forme sphérique. Tout ce que la confiserie médiocre de Montigny peut offrir : depuis les crottes en chocolat à la crème jusqu'aux berlingots rayés (Colette, Cl. ménage,1902, p. 48).
Arg. et vx. Lâcher ses crottes (en parlant d'un avion qui lâche ses bombes), synon. pruneau(ds Esn. Poilu 1919).
GÉOL. Crotte de bouc. ,,Concrétion ferrugineuse dans la terro-bouc ou marbouc ou dans une boulbène`` (Plais.-Caill. 1958).
3. P. compar. ou p. métaph., péj. Produit sans valeur, personne insignifiante ou méprisable. Synon. merde.Je suis las des « crottes », des vers « chiés » comme en pleurant (Verlaine, Corresp.,t. 1, 1873, p. 103).On va reprendre le Supplément littéraire, dit Huret, et vous pourrez nous redonner de vos petites crottes (Renard, Journal,1898, p. 469).Les Coantré étaient de la crotte de bique à côté des Coëtquidan (Montherl., Célibataires,1934, p. 768):
1. Les plus maussades trouvent que c'est une « gentille petite fille », « un peu exigeante parfois, mais pas méprisante, ne vous regardant pas comme de la crotte » Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 57.
B.− P. ext., vx ou littér. Boue des rues, des routes ou des chemins. Il faut dire qu'il marche dans une crotte épaisse, épouvantable (Jouve, Scène capit.,1935, p. 70):
2. J'ai quitté Cannes au moment où la campagne était dans toute sa beauté pour venir trouver ici [à Paris] la crotte et les pluies éternelles. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 2, 1870, p. 180.
P. ext. Crasse, saleté. La saleté de la maison dépasse toute rhétorique et l'occupante actuelle, une veuve à faire reculer les saints autels, est un prodige de crotte et de vermine (Bloy, Journal,1903, p. 180).
P. métaph. De la boue électorale, de la crotte électorale, et de la boue encore! (Sainte-Beuve, Corresp., t. 2, 1818-1869, p. 64).
Loc. fig. Tomber, traîner, être dans la crotte. Être dans la misère (matérielle ou morale). C'est un ancien camarade, et ça m'a retourné le cœur, quand je l'ai vu à ce point dans la crotte (Zola, J. Damour,1884, p. 351).Je suis dans la crotte jusqu'au cou, pour changer (Sartre, P. respect.,1946, p. 71).
Rem. Dans ses emplois récents, cette expr. est comprise également au sens A (cf. être dans la merde*).
Loc. arg., vx. Se carrer, vivre dans la crotte. Mener une vie crapuleuse (d'apr. Delvau 1866 et Rigaud, Dict. jargon paris., 1878).
Rem. Besch. 1845, Guérin 1892, Quillet 1965 attestent l'adj. crotteux, euse. Synon. de crotté « souillé de crotte ». La docum. n'atteste que le sens fig. « méprisable » (cf. supra A 3). Ah! Les enfoirés! ... Malheureux Béotiens crotteux! ... ânes légaux... ânes du purin moi que je dis! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 477).
Prononc. et Orth. : [kʀ ɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. crotes de chievres (Audigier, éd. Barbazan et Méon, t. IV, p. 233, 516); 2. 1269-78 crotes plur. « boue sur un vêtement » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11911); 1900 terme de confiserie (DG). Prob. de l'a. b. frq. *krotta à déduire du rhénan krotz « brique mal moulée; épaisse motte de terre; fruit rabougri; reste » (le sens primitif étant « excrément globuleux »; cf. le m. angl. crote « petit morceau, fragment », NED) plutôt que du m. néerl. krotte « boue déposée sur les vêtements » non attesté av. 1599 (ce sens secondaire étant peut-être dû au fr. largement antérieur), v. Valkh., De Vries Nederl., s.v. krot; FEW t. 16, p. 407 b. Fréq. abs. littér. : 186. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 69. − Quem. 2es. t. 1 1970; t. 2 1971. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 102; Sources t. 2 1972 [1925], p. 138.