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CROQUER1, verbe.
I.− Emploi intrans. [En parlant de qqc. que l'on broie avec les dents] Faire un bruit sec et cassant. Fruit vert, bonbon qui croque sous la dent; salade qui croque (parce qu'elle est mal lavée, ou naturellement dure). Synon. craquer :
1. Au Luxembourg, j'ai voulu manger des pousses d'arbre, comme à Montigny, mais ici elles croquent sous la dent, poudrées de charbon. Colette, Claudine à Paris,1901, p. 105.
II.− Emploi trans.
A.− [En parlant d'aliments]
1. Broyer sous la dent avec un bruit sec et cassant. Croquer des amandes, des gâteaux secs; noisettes qui se croquent facilement. Le chat a sauté vers un taon. Il tient la bête entre ses griffes. Il tend ses crocs. Il croque le corselet de dur charbon (Giono, Gd troupeau,1931, p. 226).Il alla s'asseoir sur le rebord de la fenêtre et commença de croquer un oignon (Aymé, Jument,1933, p. 43):
2. Déjà quand j'étais garçon de café (...) j'épatais les clients (...) en croquant des pattes de homard... Queneau, Loin de Rueil,1944, pp. 200-201.
SYNT. Croquer des biscottes, des biscuits, des bonbons, un croûton, des dragées, des gaufrettes, un morceau de sucre, une poire verte, une pomme, des radis.
2. P. ext., fam. Croquer (à belles dents). Manger et en partic. manger avec appétit, dévorer. Un fermier [accuse] le renard de lui avoir croqué une oie (Sandeau, Sacs,1851, p. 20).Chérie, tu devrais profiter du répit pour croquer deux ou trois babioles; sinon tu vas mourir de aim (Butor, Passage Milan,1954, p. 62):
3. Il [Gros-Louis] marchait, pas un sou, rien à croquer et la tête qui bat comme un cœur, il marchait et ses semelles tapaient dans sa tête... Sartre, Le Sursis,1945, p. 156.
Loc. Que le crique (la crique) me croque. Formule familière d'imprécation. Synon. que le diable m'emporte.Cf. crique2.Loc. fig. N'en croquer que d'une dent. Ne pas avoir ce qu'on désire (cf. Ac. 1798-1878).
Rem. 1. La docum. atteste croqueter, verbe trans. Croquer ou manger avec délicatesse. Il ne dîne qu'à huit heures. Autour de lui, son fils et ses deux filles, les bras un peu nus, croquetant avec de jolis gestes, les écrevisses d'un grand plat (Goncourt, Journal, 1863, p. 1300). 2. On rencontre ds la docum. (Ségur, Auberge ange gard., 1863, p. 350) le composé croquembouche, subst. masc. ,,Sorte de pièce montée, faite d'articles sucrés, au choix du pâtissier : quartiers d'orange, profiterolles, marrons, etc., mais toujours glacés de sucre cuit au dernier degré (grand cassé), ce qui les rend effectivement croquants en bouche`` (Mont. 1967).
B.− Au fig.
1. Usuel
a) [En parlant d'argent, de biens matériels] Dépenser, dilapider, gaspiller. Croquer la dot, ses économies, un héritage, son patrimoine. Synon. manger.Quatre millions qu'elle a mangés de son air calme, tranquillement, qu'elle a croqués avec un sourire doux (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Épingle, 1885, p. 1026).Elle a dû te croquer déjà pas mal de sous. − J'ai l'habitude de payer pour les femmes avec qui je sors (Queneau, Pierrot,1942, p. 128):
4. ... on jouait sur les quartiers à bâtir comme on joue sur un titre de rente. Certaines dames, de jolies filles (...) étaient de la partie; une d'elles, dont les dents blanches sont célèbres, a croqué, à plusieurs reprises, des rues entières. Zola, La Curée,1872, p. 416.
P. ext. [Sujet non animé] J'ai mis un peu de fric à gauche, mais pas assez pour vivre de mes rentes. D'ailleurs tous les six mois une dévaluation m'en croque la moitié (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 103).
b) Croquer une note. L'escamoter, la sauter, ne pas la jouer. Elle leur prescrit de (...) bien « prononcer tous les mots et syllabes », sans croquer ou sans traîner démesurément quelque note (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 51).Cf. croque-note.
2. Argot
a) [Le compl. désigne un être humain]
Prendre le dessus sur (quelqu'un); battre (quelqu'un). Le Limard fut un peu plus difficile à croquer mais au septième round Jacques lui estomaqua le plexus solaire d'une gauche infaillible (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 62).
Croquer une femme, une fille. Avoir des relations intimes avec elle. Synon. s'envoyer, se taper.Ô ma petite Elsa, (...) bébé succulent, nubile à croquer (Laforgue, Moral.,1887, p. 135).
Rem. On rencontre ds la docum. croquer utilisé dans ce sens avec un sujet fém. et un compl. d'objet masc. Monte-Carlo, paradis de vieilles dames, peuplé de monstres qui ne peuvent s'assouvir qu'à table : jeux et petits gâteaux. De temps en temps elles croquent le lift ou le garçon d'étage (Mauriac, Du côté Proust, 1947, p. 185).
b) En croquer
Profiter de quelque chose, parfois dans des circonstances inavouables. [N. et Q.] montent une flanche du tonnerre : c'est si gros qu'ils veulent en faire croquer à personne (Simonin, Pt Simonin ill.,1957, p. 136).
,,Être indicateur de police`` (Simonin, Pt Simonin ill., 1957, p. 77 : Esn. 1966). [Ce vieux chauffeur profitait] de l'esprit de jalousie et de délation qui régnait en compagnie : « il en croquait de toutes les façons » (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 34).
Femme qui en croque. ,,Prostituée`` (Lacassagne, Devaux, Arg. « milieu », 1948).
Prononc. et Orth. Cf. croquer2. Enq. : (il) croque/kʀok/. Étymol. et Hist. Cf. croquer2.