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CRITIQUE2, adj.
A.− [En parlant d'une pers.] Qui a le don, le pouvoir de juger un être, une chose à sa juste valeur, de discerner ses mérites et défauts. Lecteur, spectateur critique :
1. Le soliste se trouve dans l'obligation, tout en suivant son inspiration, et même son émotion musicale, de se dédoubler, et de transformer une partie de lui-même en un auditeur critique, qui l'avertira constamment s'il est dans le juste milieu entre ce qu'il ressent et ce que le spectateur perçoit de ses propres sensations. Lallement, La Dynamique des instruments à archet,1925, p. 223.
P. méton. Œil, regard critique. Faculté de juger un être, une chose à sa juste valeur en faisant preuve d'objectivité. Pas mal! dit-il en examinant son travail d'un œil critique (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 13).
En partic. Dont le discernement s'accompagne de doute quant au bien-fondé des valeurs absolues, des règles, des conventions. (Quasi-) synon. frondeur, négateur, sceptique.On ne peut songer à obtenir d'une race vive et critique cette discipline formelle, cette tenue toute rigoureuse (Valéry, Variété IV,1938, p. 57):
2. Le doute est le complice de la tyrannie. « Si un peuple ne veut pas croire, il faut qu'il serve », disait Tocqueville. − Toute liberté implique une dépendance et a ses conditions. C'est ce qu'oublient les esprits frondeurs, critiques, négatifs. Amiel, Journal,1866, p. 541.
P. ext. [En parlant d'une faculté intellectuelle, d'un sentiment] Il y avait dans son esprit un certain sens artiste, et dans sa gaieté un tour d'observation critique (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 448).Le moment où Madame Laetitia laisse tomber sur l'Empereur les claires sentences, la tendresse critique d'une mère (Colette, Jumelle,1938, p. 40).
Esprit critique. Esprit qui n'accepte aucune assertion sans contrôler la valeur de son contenu et son origine. La crédulité est un signe d'extraction : elle est peuple par essence. Le scepticisme, l'esprit critique est l'aristocratie de l'intelligence (Goncourt, Journal,1861, p. 963).L'esprit pénétrant et critique, qui savoure à loisir le charme de manier son instrument exact et sûr (Renan, Avenir sc.,1890, p. 16).
Sens critique. Faculté de ne pas admettre sans contrôle, soit la réalité d'un fait, d'un phénomène, d'une idée, d'une opinion, soit la valeur, la portée d'une réalisation. Je n'écris que le matin parce que c'est le moment où le sens critique est chez moi le plus en éveil. Le soir, c'est l'heure du lyrisme (Green, Journal,1946, p. 314).
Intelligence critique. Même sens. Durant ce temps où il [Proust] avait renoncé à son dessein, qu'il parlât de Balzac ou de Sainte-Beuve, tout le ramenait à cette vue de ce qui dans l'œuvre ne relève pas de l'intelligence critique (Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 108).
B.− [En parlant d'activités d'ordre intellectuel] Qui implique l'examen objectif, raisonné auquel on soumet quelqu'un ou quelque chose en vue de discerner ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections.
1. [En parlant des facultés de jugement et de discernement d'une pers. dans un domaine intellectuel, littér. ou sc.] Attitude, jugement, opinion critique. Dans le premier « Faust », cette forme existe pure et belle, la pensée critique en peut suivre tous les contours (Nerval, Faust,1840, introd., p. 10):
3. ... pour apprécier le style en vers de Molière, Boileau sut se mettre au-dessus de sa propre pratique, et c'est en cela qu'il fit preuve d'un goût critique excellent. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 234.
P. méton. [En parlant d'une pers. versée dans un domaine intellectuel] Historien sérieux et solidement critique (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. XCVI).
2. [En parlant d'une activité sc., littér., et etc.] Qui implique une méthode d'examen mettant en jeu des critères variables selon les domaines, d'après lesquels il est possible de discerner les parts respectives des mérites et défauts d'une entreprise, d'une œuvre, d'un système de pensée. Analyse, démarche, exégèse, méthode, philosophie, réflexion critique. Un examen critique de ma doctrine historique (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 264).Je voudrais (...) entreprendre un exposé méthodique et critique de ce que j'entends par médecine expérimentale (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 93).
P. méton. [En parlant d'une production résultant de cette méthode] Essai critique. Il n'y a pas de travail plus urgent qu'un catalogue critique des manuscrits des diverses bibliothèques (Renan, Avenir sc.,1890, p. 217).
Rem. En ce sens, critique peut entrer comme élément dans un adj. composé : un aperçu historico-critique.
En partic. Édition critique. Édition qui restitue la teneur d'un texte (éventuellement ses états successifs; cf. apparat2critique) et qui comporte un commentaire explicatif. C'est en 1862 que cet éditeur plein d'amour donna sa première édition critique des poésies d'André Chénier (A. France, Vie littér.,1888, p. 305).
P. ext.
a) [En parlant d'une production littér.] Qui relève du genre littéraire de la critique (cf. critique3B 3 p. ext. a) représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit. Dans le « Traité du sublime » lui-même, c'est-à-dire dans la meilleure œuvre critique de l'antiquité (Renan, Avenir sc.,1890p. 144).Dans l'appendice critique de « Clarissa » (volume V, p. 524), Richardson considère le peu de rôle que joue, dans la poésie dramatique, la préoccupation de la vie future (Gide, Journal,1931, p. 1036).
b) [En parlant d'une production de la presse écrite ou parlée] Qui rend compte, en la soumettant à un examen raisonné, de l'actualité, littéraire ou artistique. Un article critique annonçant un livre sensationnel (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 520).
C.− [En parlant du comportement d'une pers.] Qui manifeste un jugement défavorable sur les défauts de quelqu'un, les imperfections de quelque chose; qui manifeste une tendance à privilégier de tels jugements. Humeur, esprit critique (Ac.1835-1932).Une foule considérable d'agents, qui prenaient sur place, à notre égard, une attitude hostile, ou tout au moins critique (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 524).
En partic., domaine littér. ou artistique. Qui concerne le relevé des défauts et des imperfections d'une œuvre :
4. ...après m'avoir fait des éloges de mes deux peintures, il [Chenavard] est arrivé à la partie critique et une nuance de malaise s'est fait jour. Delacroix, Journal,1855, p. 321.
Rem. On rencontre ds la docum. les dér. a) Critiquement, adv. D'une manière critique, avec critique. Penser critiquement (cf. Renan, Souv. enfance, 1883, p. 389). [Elle] commença d'examiner critiquement, c'est-à-dire de mettre en doute, les directives de ma vie (Gide, Robert, 1930, p. 1325). Mentionné par Littré, Lar. 19eSuppl. 1878-Lar. encyclop., Guérin 1892. b) Criticule, subst. masc., rare et péj. Méchant critique de parti pris, sans compétence. Soufflant la technique de l'éreintement à deux ou trois criticules qui venaient prendre là le mauvais air de l'art (Goncourt, M. Salomon, 1867, p. 160). Criticules de « La Plume » et des similaires périodiques (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 162).
Prononc. et Orth. : [kʀitik]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Cf. critique3.
STAT. − Critique1 et 2. Fréq. abs. littér. : 1 108. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 1 595; xxes. : a) 1 943, b) 1 850.