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CRIN, subst. masc.
A.− Poil.
1. Poil long et épais poussant à l'encolure et à la queue de certains animaux, plus spécialement des chevaux.
a) Gén. au plur. Crins blancs, noirs, épais, flottants, hérissés, raides, soyeux; crins de cheval, de bœuf, de lion. Courir au cheval, le saisir par les crins (Mérimée, Colomba,1840, p. 165).Leurs [des chevaux] belles têtes fières, au regard mobile, ombragé de crins (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 234).Des bidets râblés, à l'œil vif, aux crins épars (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 53):
1. Hélas! les étalons, ployant leurs jarrets grêles, De l'aube au soir, dans un âpre fourmillement, Ont bondi, les crins droits et le frein écumant, Leur naseau rose en feu, par masse, éperdument, Comme un essaim strident d'actives sauterelles. Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Le Suaire, 1886, p. 21.
MAN. Cheval à tous crins ou à tout crin (vx). Cheval à qui on a laissé tous ses crins. Un bon cheval d'escadron à tout crin (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 96).Faire les crins à un cheval. ,,Couper les crins de la partie inférieure des membres d'un cheval`` (Ac. 1878, 1932).
Loc. Être comme un crin/des crins. Être de mauvaise humeur prêt à protester, à se mettre en colère. Qu'avez-vous donc toutes deux? s'écria Rogron, vous êtes comme des crins ce matin (Balzac, Pierrette,1840, p. 104).
Rem. On rencontre, avec le même sens, être à crin, sans doute par confusion avec être à cran. Il est moins à crin, voilà tout. Ah! il a mis de l'eau dans son vin (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, p. 27).
b) Au sing., collectif. Le crin. Ensemble des crins d'un animal. Cheval d'un beau crin. Tout se vend de ces cadavres, le cuir, le crin, le sabot (Janin, Âne mort,1829, p. 24).Je le bouchonne moi-même [mon cheval], à l'ardennaise. Ici vous les bouchonnez à la souabe. Vous prenez le crin à contresens. Il devient terne. Surtout chez les rouans (Giraudoux, Ondine,1939, I, 2, p. 17).
2. En partic., gén. au sing.
a) Ce poil traité en vue d'un usage artisanal ou industriel. Crin de France, de Hollande, d'Irlande, de Russie; crin cardé, frisé; torsade de crin. Il avait acheté des crins, tout un solde, s'imaginant que les crins hausseraient; pas du tout, les crins baissaient, il était obligé de les expédier à perte (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 122).Il les voulait d'un emmanchement spécial, dédaignant la marte, exigeant du crin séché au four (Zola, Œuvre,1886, p. 269).
Crins carrés. ,,Crins de queue de cheval séparés de ceux de la crinière et rassemblés par mèches suivant leur longueur`` (Comm. t. 1 1837).
b) Ce poil traité, servant à divers usages. Balai, bourre, corde, étoffe, gant, matelas, oreiller, pinceau, plumeau, tamis de crin; fauteuil rembourré de crin. Table de toilette, ustensiles en laque rouge, boîtes rondes, grosse brosse en crin blanc (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 407).Il me fait voir que le fauteuil perd son crin (Green, Journal,1948, p. 175).
Loc. Peau de balle et balai de crin. Rien (cf. balle I C 3).
Crin d'archet (mus.). Crin plat, blanc, provenant de la queue du cheval et utilisé pour garnir les archets (cf. crin-crin.) L'archet est un bâton d'où pend un écheveau de crins rattaché à un anneau de cuivre que le musicien passe dans son pouce, il tire dessus en jouant pour lui donner le degré de tension nécessaire (Du Camp, Nil,1854, p. 117).
Étoffe de crin. Étoffe, tissu faits de crins tressés (crinoline, étamine). Rien n'est plus triste à voir que ce salon meublé de fauteuils et de chaises en étoffe de crin à raies alternativement mates et luisantes (Balzac, Goriot,1835, p. 10).Crin (p. méton.). Vieux col de crin en guise de chemise (Erckm.-Chatr., Conscrit,1813, p. 58).Gertrude Stein me fait asseoir près d'elle, sur un grand canapé recouvert de crin (Green, Journal,1945, p. 269).
3. P. anal., poét. (vx) et fam. Cheveu, poil de barbe, poil. Les touffes de crins de ses joues; prendre qqn aux crins. Les tempes plates pourvues de grandes oreilles et de crins noirs (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 47):
2. Deux flammes de poil lui [Noël Chérouvier] sortaient des oreilles comme des moustaches. Large, longue, exubérante était aussi la barbe, mêlée de noir et de jaune. Au milieu de tout ce crin, fleurissait un sourire très doux, très vivant, coloré de quelque malice. Duhamel, Cécile,1938, p. 83.
Fig. ou p. métaph. Fauve, accourant à grand bruit, Une comète aux crins de flamme, aux yeux de foudre (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 297).
Loc. ou expr.
Se prendre aux crins (cf. se prendre aux cheveux* I C). Se battre, se disputer (cf. Hautel t. 1 1808).
À tous crins ou à tout crin (Dub.). Vx. Avec tous ses cheveux. Chevelure à tous crins. Au fig. À toute épreuve, énergique, sans mesure, pur. Brave, démocrate, poète, réactionnaire à tous crins. Un catholique à tous crins (Green, Journal,1939, p. 174).Oh! Mendès, le voilà romantique à tous crins. Ça l'a pris comme un retour en enfance (Renard, Journal,1895, p. 296):
3. Eux aussi [les bourgeois] étaient enfin des révolutionnaires et à tous crins, qui pouvaient à leur tour cracher sur les patriotards et les jusqu'au-boutistes et supprimer les frontières et avoir des vues larges comme mes fesses. Aymé, Le Confort intellectuel,1949, p. 157.
Rem. À tous crins est noté comme signifiant « de mauvaise humeur » ds Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.], sans doute par confusion avec A 1 a, Loc.
Se faire des crins (cf. se faire des cheveux*). Se préoccuper, se soucier (cf. Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 271).
B.− P. anal. [En parlant de fibres de type varié]
Crin végétal. Fibre de certains végétaux préparée de façon à pouvoir remplacer le crin animal et employée à divers usages industriels. Nous faisons du crin végétal avec les zostères (Zola, Joie de vivre,1884, p. 862).Banquettes de velours grenat tout crevé, perdant leur crin végétal par maintes blessures (Bernanos, Crime,1935, p. 796).
Crin Tampico ou tampico (du nom du port de Tampico, Mexique). ,,Fibre tirée de la feuille d'un agave poussant au Mexique`` (Lar. mén. 1926). En France il est d'usage, pour remplir les matelas, d'employer deux tiers de laine et un tiers de crin ou de tampico (Lar. mén.1926p. 767).
Crin de Florence ou crin d'Espagne (parfois aussi appelé crin marin d'apr. Lar. encyclop.). Fibre obtenue en étirant la glande séricigène de la larve du ver à soie, utilisée autrefois pour la pêche et parfois aujourd'hui comme fil de suture chirurgicale. Ils vont pêcher. Parrain s'assied au bord de l'eau et déroule méthodiquement son crin de Florence (Renard, Poil Carotte,1894, p. 190).Il s'agit d'avoir un bon ver et un bout de crin invisible : un crin blanc, dit de Florence, qui soit de plus solide (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 236).
Crin acétate, artificiel ou synthétique ou absol. crin. Fil ,,obtenu par passage à la filière et étirage d'une matière thermoplastique polyamidique`` (Méd. Biol. t. 1 1970), et utilisé pour les ligatures chirurgicales et pour la pêche. Le cerclage aux crins est une solution parfaite pour l'olécrane et la rotule (Judet, Fractures membres,1948, p. 3).
Rem. Les dict. gén. attestent crinier, subst. masc. Ouvrier qui travaille, apprête le crin.
Prononc. et Orth. : [kʀ ε ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. : formes verbales de craindre. Étymol. et Hist. Ca 1050 crins « cheveux » (Alexis, éd. C. Storey, 428); ca 1160 « poil d'animaux, spéc. du cheval » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 4054); 1680 crin d'archet (Rich.); 1840 à tous crins (Rochefort et Carmouche, La mère St Martin, X ds Quem. Fichier). Du lat. class. crinis « cheveu, chevelure », et prob. « crin » à basse époque. Fréq. abs. littér. : 356. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 690; xxes. : a) 629, b) 365. Bbg. Brüch (J.). Die Wörter für Haar im Latein und ihr Fortleben im Romanischen. Wiener Studien. 1957, t. 70, pp. 63-64. − Gottsch. Redens. 1930, p. 54. − Quem. 2es. t. 2 1971.