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CRAQUER1, verbe intrans.
Produire un bruit généralement sec.
A.−
1. [Le suj. désigne une chose faite d'une matière dure, rigide] Produire un bruit sec en se dilatant ou en se comprimant, en se froissant, en se brisant. Une bûche craqua dans le vaste feu (Malègue, Augustin,t. 2, 1933. p. 427).Elle coupait le pain, qui craquait en se brisant sous la lame (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 48):
1. ... le parquet ou quelque meuble, ou, peut-être, le lit lui-même, craqua. Ce fut un bruit sec comme si quelque support s'était brisé; ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Mal d'André, 1883, p. 385.
SYNT. Le bois, une charpente, un meuble, le cuir, des souliers, les feuilles mortes, la neige gelée craque(nt).
Emploi factitif. Faire craquer une allumette (en la frottant pour l'enflammer).
Absol. Il craqua une allumette et alluma sur une petite table une lampe à esprit de vin (G. Leroux, Parfum,1908, p. 148).
Craquer + compl. prép.
[Le compl. indique la cause] Aussi doucement qu'elle monte, les marches craquent sous son poids (Mauriac, Génitrix,1923, p. 341).Et l'on entendit craquer le céleri rave et le radis rose sous des dents aussi puissantes que jaunâtres (Queneau, Pierrot,1942, p. 164):
2. ... ce havane, a craqué sous le pouce de telle façon que je puis vous assurer les plus hautes délices. A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 288.
[Le compl. indique le point précis où se situe, d'où part le bruit (cf. infra 3 : craquer du bec)] Tout le moulin, sous l'effort des ailes, tremblait sur son pivot (...) et craquait dans sa membrure (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 17).C'était un train composé de vieux wagons démodés et sans couloirs. Il craquait de toute sa charpente et cliquetait de toutes ses vitres (Duhamel, Suzanne,1941, p. 96).
Rem. On rencontre ds la docum qq. ex. où le suj. ne désigne pas la chose qui fait le bruit (elle est exprimée par un compl.) mais celle qui en est la cause. J'entendis des pas légers craquer sur le parquet (Lamartine, Raphaël, 1849, p. 185).
Au fig., vieilli. L'heure qui craque. L'heure précise (cf. tapant). Elle [la pendule] doit sonner juste à l'heure qui craque (Estaunié, Bonne-Dame,1891, p. 213):
3. Honoré. − Quant à M. Brotonneau, à neuf heures, mais vous savez, pas de ces neuf heures comme il y en a tant, à neuf heures précises, à neuf heures craquant, pendant que ça sonne, il arrive... Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, I, 1, p. 3.
2. [Le suj. désigne certaines part. du corps hum.] Les jointures, les doigts, les genoux craquent; les dents craquent. [Il] arrivait à une telle tension de nerfs que ses dents craquaient (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 150).
Emploi factitif. Il crispait ses poings à faire craquer les jointures (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 731).
3. [Le suj. désigne un animal et plus partic. certains oiseaux qui crient ou font claquer leur bec] Craquer du bec (cf. craqueter). Les corbeaux me regardaient. Ils se mirent à craquer les deux comme des branches qui se cassent (Giono, Solit. pitié,1932, p. 185).
B.− P. ext.
1.
a) Se déchirer, se fendre, se briser (en produisant ou non un bruit sec). Sur le pavé de Paris (...) les fines chaussures craquaient en deux jours (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 80).L'enduit a craqué sous les chaleurs de l'été (Jouve, Paulina,1925, p. 12):
4. Toute la ramure est pesante de fruit. Elle va fléchir, craquer peut-être. Quel effort de chaque fibre pour ne pas laisser périr l'épuisant, le vivant fardeau!... Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 135.
Emploi factitif. Le soleil faisait craquer les derniers et tardifs bourgeons des chênes sous la pression chaude de ses rayons (Pergaud, De Goupil,1910, p. 108).
P. métaph. :
5. Nous croyons leur [aux jeunes filles] enseigner la timidité à domicile, elles n'en prennent que la grimace; encore cette apparence craque après trois mois de mariage et de monde; ... Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 63.
Craquer + compl. (indiquant l'endroit précis qui craque).Un vêtement craque dans le dos, aux épaules.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois trans. du verbe, vraisemblablement p. ell. de faire, au sens de déchirer, briser. Je ne suis invitée qu'au dessert. Alors on craque ensemble des noix (Claudel, Protée, 1914, II, 3, p. 344).
b) Au fig.
[Le suj. désigne une chose abstr.] S'écrouler, se briser :
6. Que tout craque une bonne fois, qu'on la porte à la poubelle, cette République. Une honte. Plus que ça irait mal et mieux que ça vaudrait. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 88.
Emploi factitif. Il faut si peu de chose pour faire craquer un mariage (Labiche, Sensit.,1883, I, 1, p. 318).
[Le suj. désigne une chose ou une pers.] Échouer, se dérober (cf. claquer1I B). Tout me craque dans les mains pour le quart d'heure, parents, amis, argent, et vous, vous sur qui je comptais toujours (Flaub., Corresp.,1847, p. 46):
7. Et il [Bompard] racontait ses aventures, dénombrait toutes les belles occasions de s'enrichir qui lui avaient craqué, là, dans la main... A. Daudet, Tartarin sur les Alpes,1885, p. 86.
[Le suj. désigne une pers., ses facultés phys. ou mor.] S'effondrer, faiblir, avoir une défaillance. Il sentit sa raison craquer sous le poids de la passion (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1404).J'ai une faim, j'en craque (Montesquiou, Mém.,t. 1, 1921, p. 252).Les nerfs d'Ali craquèrent subitement. (A. Le Breton, Rififi1953, p. 81).
P. ext. Mourir (cf. claquer1I B) :
8. ... cette explosion fut suivie d'une si complète faiblesse, que ces mots : « Oh! mon fils » furent comme un murmure. − Va-t-il aussi nous craquer dans les mains, celui-là? demanda le surveillant. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 510.
2. P. exagér. Être plein, tendu à craquer; craquer de qqc. L'armoire (...) craquait d'ouvrages spéciaux, de collections sans cesse consultées (Zola, Joie de vivre,1884, p. 864).La voiture, pleine à craquer, qui ramenait les deux familles Haudoin à la maison (Aymé, Jument,1933, p. 226).
P. métaph. Je descends dès neuf heures en ville, libre, et craquant du bonheur d'être libre (J. Vallès, J. Vingtras, Enf.,1879, p. 153).J'ai vu pleurer le général en chef. Or il est riche, craque d'orgueil, et viole les filles (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 857).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. craqûre. Cassure, rupture. Au fig. [Lavaux] dans la très prochaine craqûre du ménage s'est mis du côté qu'il suppose le plus solide (A. Daudet, Immortel, 1888, p. 112).
Prononc. et Orth. : [kʀake], (je) craque [kʀak]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. a) 1544 « émettre un bruit sec et répété (en parlant d'un oiseau, avec son bec) » (L'Arcadie de Sonnazar, trad. I. Martin, 108 vod'apr. Vaganay ds R. Et. rab., t. 9, p. 304); b) 1546 plus gén. « produire un bruit sec » (Palmerin d'Olive, 226 a d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 38); 2. a) 1662 « se briser » (Pascal, Pensées, I, 1, éd. Lahure ds Littré); b) 1806-07 « aller à sa destruction, se décomposer (en parlant d'une association, d'une entreprise, de toute réalité socio-économique) » (J. de Maistre, Corresp., t. 2, p. 352); c) 1847 « ne plus tenir le coup, céder au désespoir » (Balzac, Splend. et mis., p. 510). B. Trans. 1. 1908 « faire céder, faire se rompre » (Hamp, Marée, p. 59); 2. 1908 craquer une allumette (G. Leroux, Parfum, p. 130). Dér. de l'onomat. crac*. L'emploi du verbe à propos des réalités socio-économiques (2 b) est à rapprocher de l'angl. to crack connaissant de tels emplois dès le xviies. (NED). Bbg. Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 475. − Termes tech. fr. Paris, 1972, p. 36.