| CRAMPON, subst. masc. A.− [Élément matériel] 1. Dispositif permettant l'accrochage d'un élément à un autre. a) CONSTR. Pièce métallique, repliée aux extrémités, utilisée en maçonnerie, charpenterie, etc., pour assembler deux éléments. Crampon à pattes, à pointes, à scellement. De gros coins de bois dans lesquels ces hardis travailleurs enfoncèrent des crampons de fer (Balzac, Langeais,1834, p. 345).L'un des crampons qui maintenaient la gouttière (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 255).Cf. cramponner A 1, ex. 1 : Les Arènes [à Nîmes] sont construites en pierres sans ciment; elles étaient reliées par des crampons de bronze.
Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 2, 1838, p. 142. b) SERR. Pièce de fer dans laquelle s'engage un verrou. Le lourd verrou qui grince dans les crampons rouillés (Renard, Poil Carotte,1894, p. 11). c) CH. DE FER. Pièce avec laquelle on fixe le coussinet sur la traverse. Le rail (...) est fixé [sur la traverse] au moyen de crampons ou de tirefonds (Bricka, Cours ch. de fer,t. 1, 1894, p. 299). 2. P. ext. Dispositif destiné à assurer l'adhérence sur un sol glissant. a) Partie recourbée et pointue d'un fer de cheval ferré à glace. Le vieux cheval planta dans la neige semi-liquide les crampons de ses sabots (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 27). b) Dispositif, fixe ou amovible, sous les chaussures. − Une des pointes de caoutchouc, de cuir ou de métal, fixées sous certaines chaussures (principalement celles de joueurs de football et de rugby). Souliers à crampons. Mieux vaut perdre un crampon, botter de travers et risquer de gâcher une partie, que le petit ennui d'aller chez le cordonnier! (Montherl., Olymp.,1924, p. 294). − ALPINISME. Dispositif métallique, ayant la forme générale d'une semelle, muni de pointes acérées, que l'on fixe sous la chaussure au moyen de lanières et qui permet de progresser, sans glisser, sur la neige durcie et la glace. Il [Tartarin] commandait en Avignon (...) des crampons système Whymper pour sa chaussure, un piolet système Kennedy (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 37).Cf. cramponner C, ex. 5. 3. P. anal., BOT. Appendice de la tige à l'aide duquel une plante se fixe à un support. Les crampons des algues (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 454).Chez le Lierre, ce sont des racines adventives qui jouent le rôle de crampons (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 152). B.− Au fig., fam. Personne dont on a peine à se défaire, importun tenace. Le Taciturne (...) n'envoyait pas promener cette scie vivante, ce crampon (Verlaine,
Œuvres posth.,t. 1, Souv., 1896, p. 252).Alors, celui-là, comme crampon! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 361). − [En constr. d'attribut, avec valeur d'adj.] Les femmes, c'est crampon (Arland, Ordre,1929, p. 103).Elle était crampon comme un arrière qui vous « marque » au foot (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1516). Rem. La docum. atteste la forme adj. fém. cramponne. Théâtreuses indiscrètes et cramponnes (Colette, Cl. ménage, 1902, p. 84). − Arg. Maîtresse. Trimballer son crampon (Rigaud, Dict. jargon paris.,1878, p. 334). Rem. La docum. atteste un emploi fig. partic. de crampon au sens de « emprise, autorité que l'on a sur quelqu'un ». Mademoiselle n'a jamais pu avoir beaucoup de crampon sur lui (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 649). Prononc. et Orth. : [kʀ
ɑ
̃pɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1268 « pièce de fer recourbée servant à attacher » (E. Boileau, Métiers, 168 ds T.-L.); 1611 crampons d'un fer de cheval (Cotgr.); 2. 1835 bot. (Ac.); 3. 1858 fig. quel crampon! (Crémieux, Orphée, p. 32). De l'a. b. frq. *krampo « crochet » que l'on peut déduire de l'a. saxon krampo, a. h. all. krampfo (Falk-Torp). Fréq. abs. littér. : 108. DÉR. Cramponnet, subst. masc.Partie d'une serrure, d'une targette dans laquelle se glisse le pêne (cf. crampon A 1 b). Attesté par Ac. et la plupart des dict. gén. qui donnent aussi le sens de « petit crampon ».− [kʀ
ɑ
̃pɔnε]. Ds Ac. 1798-1932. − 1reattest. 1611 cramponnet « petit verrou » (Cotgr.); de crampon, suff. -et*. BBG. − Walt. 1885, p. 66. |