| COUVERCLE, subst. masc. A.− 1. Pièce mobile qui se place ou se rabat sur l'orifice d'un objet creux pour le fermer plus ou moins hermétiquement. Couvercle d'une boîte, d'une casserole, d'un piano; couvercle en bois, en fer; couvercle à charnière; couvercle bombé, ouvert; panier à couvercle; lever le couvercle, soulever le couvercle. Dantès introduisit le côté tranchant de sa pioche entre le coffre et le couvercle, pesa sur le manche de la pioche, et le couvercle après avoir crié éclata (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 295).Soupière dont le couvercle est surmonté d'une pomme rouge (Sartre, Mots,1964, p. 202): 1. Je viens de voir, dans une salle ornée de ramures de cerfs, des Allemands au crâne rasé, assis sur de lourdes chaises de bois plein, rabattre sur leur chope de la Hofbraü le couvercle d'étain, comme à Salzburg ou à Munich.
Morand, New York,1930, p. 212. − Proverbialement. Il n'est si méchant pot qui ne trouve son couvercle. Il n'y a si laide fille qui ne trouve à se marier. Cf. Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 87.Trouver couvercle à sa marmite. Trouver un mari ou un amant. Tu sais, comme on dit, il n'y a pas si vieille marmite qui ne trouve son couvercle... Dame! si ça devait mettre du beurre dans les épinards! (Zola, Assommoir,1877, p. 748). − Argotiquement. [P. anal. avec le couvercle d'une casserole ou d'une marmite] Chapeau, boîte crânienne. Les crânes bouillaient sous le soleil à faire sauter tous leurs couvercles (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 129). ♦ Expr. Fermenter du couvercle. Déraisonner. Bouillonner du couvercle. Délirer. Cf. Simonin, Bazin, Voilà taxi! 1935, p. 176. 2. Emplois techn. a) ANAT. En même temps [pendant le passage du bol alimentaire] le larynx remonte, son couvercle, l'épiglotte, le ferme hermétiquement (Arger, Init. art chant,1924, p. 30). b) BOT. Les boutons (...) avaient l'aspect de petites cassolettes fermées (...) et soudain le couvercle d'une de ces cassolettes cédait, soulevé par un bouillonnement d'étamines (Gide, Si le grain,1924, p. 435). c) BRASSERIE. Les mousses retombent graduellement et ne laissent plus à la surface qu'une couche brunâtre appelée « couvercle » (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 476). d) MÉCAN. Opercule d'un piston. Sur le couvercle ou fond du piston se trouve soudé un petit cylindre, dont le couvercle est percé d'un trou (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. Manuel organiste,1905, pp. 22-23 [encyclop. Roret]). e) ZOOL. Couvercles des ouïes (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 30).Les couvercles de leurs branchies (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805p. 125).Les « salamandres » n'ont sur leur fenêtre ovale qu'un petit couvercle cartilagineux, sans tige, et caché par les chairs (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 507). B.− P. anal. Partie supérieure d'un volume creux qui en recouvre et protège la cavité. Le couvercle d'un édifice, d'une voûte; le couvercle d'une caverne; le couvercle d'un chapeau-cloche. Synon. couverture.Un œuf à la coque souleva son petit couvercle, découvrit son jaune de bouton d'or (Colette, Gigi,1944, p. 129): 2. La gare neuve [de Metz] (...) nous étonne (...) mais rien ne s'élance, tout est retenu, accroupi, tassé sous un couvercle d'un prodigieux vert-épinard.
Barrès, Colette Baudoche,1909, p. 7. C.− Au fig. 1. [En parlant de tout ce qui, du fait de sa forme et de sa fonction, évoque la surface couvrante d'un couvercle] Le brouillard est levé ainsi qu'un grand couvercle (Jammes, Géorgiques,Chant 1, 1911, p. 20).Les hivers bloquaient le couvercle du ciel (Genevoix, Raboliot,1925, p. 117): 3. ... quelquefois ses joues [d'Albertine] étaient si lisses que le regard glissait comme sur celui d'une miniature sur leur émail rose que faisait encore paraître plus délicat, plus intérieur, le couvercle entr'ouvert et superposé de ses cheveux noirs...
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 947. 2. [En parlant de la valeur symbolique attribuée à l'obj. évoqué] a) [Idée de protection] Ce jour-là [le jour de l'ouverture du Canal de Suez], la poussée du commerce européen fit sauter le couvercle et déchirant d'un coup deux continents se fraya passage entre l'Asie et l'Afrique (Morand, Route Indes,1936, p. 194). b) [Idée d'oppression] Je me penche vertigineusement sur les possibilités de chaque être et pleure tout ce que le couvercle des mœurs atrophie (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1023). Prononc. : [kuvε
ʀkl̥]. Étymol. et Hist. Ca 1160 (Enéas, éd. Salverda de Grave, 6476); 1764 arg. « chapeau » (J.-J. Vadé, Jérosme et Fachonnette, Compliments, p. 55 ds IGLF). Du lat. impérial cooperculum « couvercle ». Fréq. abs. littér. : 466. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 834; xxes. : a) 834, b) 693. Bbg. Goug. Lang. pop. 1929, p. 44. − Quem. 2es. t. 4 1972. |