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COURBER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Rendre courbe.
1. Courber un objet; courber des branches, un bâton, des arbres. Quelques autres [lépreux] courbaient des nasses d'osier, ou taillaient des hanaps de buis (Bertrand, Gaspard,1841, p. 157).Leurs [des déesses des eaux] chevelures de pourpre emmêlées de perles que semblait avoir courbées l'ondulation du flux (Proust, Guermantes 1,1920, p. 40):
1. Courtiser Messaline, infante aux sens troublés, Très belle, quoi qu'on fasse, Ou Camille, aux bras nus, qui courait sur les blés Sans courber leur surface; ... Banville, Les Cariatides,Auguste Supersac, 1842, p. 177.
Emploi abs. Ainsi le vent, qui n'a point de poids ni d'odeur, connaît qu'il existe en creusant les blés. « Je suis, pense-t-il, puisque je courbe » (Saint-Exup., Citadelle,1944, p. 920).
2. Courber une partie du corps. Sa taille [de Françoise] que l'âge commençait à courber (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 896).
P. méton. Courber une personne. Un mal courbe ma mère et lui brûle le foie (A. France, Poésies,1876, p. 138).
B.− Pencher, en l'abaissant, une partie du corps. Courber sa tête sur les livres :
2. Il fallut après franchir un espace découvert. La fausse Hora laissa prendre de l'avance à Poëri, courba sa taille, se fit petite et rampa contre le sol. T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 270.
3. Il s'est tenu trente ans de suite à la porte de son magasin de nouveautés, courbant l'échine devant les gens qui entraient, et disant : − « Qu'y a-t-il pour le service de Madame? ... » Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 32.
P. méton. Le héros est courbé au labeur comme un animal de trait (Baudel., Salon,1845, p. 21).
En partic. [En signe de soumission] Courber la tête, le front, le genou :
4. Mais, dès qu'ils arrivaient devant le flamboiement, Les clairons effarés se taisaient brusquement, Tout ce bruit s'éteignait. Reculant en désordre, Leurs chevaux se cabraient et cherchaient à les mordre, Et la lance et l'épée échappaient à leur poing. En voyant la lueur qu'ils ne comprenaient point, Ils s'arrêtaient, courbant leurs faces étonnées; Ils avaient ce front bas des bêtes enchaînées Quand, le loup étant pris au piège et garrotté, L'air terrible fait place à l'air épouvanté. Hugo, La Légende des siècles,t. 6, La Vision de Dante, 1883, p. 346.
Courber la tête. Se résigner :
5. Sa mort. − Il en appelle à la nature, aux espaces. Il courbe la tête. Il se rend à la mort, il s'abandonne entre les mains de la mort. Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1921-22, p. 205.
P. métaph. [Le compl. d'obj. désigne une abstraction] :
6. Vraiment, le pardon calme à défaut d'espérance; Il détend la colère; on pleure, on apprend Dieu, Dieu triste! Comme nous voyageur en ce lieu, Et l'on courbe sa vie au pied de sa souffrance. M. Desbordes-Valmore, Élégies,Affliction, 1859, p. 42.
7. Eh bien, la grande erreur de notre temps, ç'a été de pencher, je dis plus, de courber, l'esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel... Hugo, Actes et paroles,1, 1875, p. 254.
8. Oui, vraiment, ce soir même où elle me parlait comme j'ai rapporté, je me sentais l'âme si légère et si joyeuse que je me méprenais encore, et encore en transcrivant ces propos. Et parce que j'eusse cru répréhensible l'amour, et que j'estimais que tout ce qui est répréhensible courbe l'âme, ne me sentant point l'âme chargée je ne croyais pas à l'amour. Gide, La Symphonie pastorale,1919, p. 912.
C.− Au fig. Courber qqn sous la domination de qqc. Soumettre quelqu'un à quelque chose :
9. Il veut tromper pour fonder un système dont la chaîne ait le premier anneau rivé dans le ciel au pied d'une divinité, ou bien il s'est enivré lui-même du vin des ciboires, et par peur du diable, s'agenouille en tremblant et voudrait courber le monde sous l'égoïsme et la terreur, sous l'attente d'une récompense mal rêvée ou d'un supplice burlesque. Vigny, Le Journal d'un poète,1863, p. 1382.
[Le compl. d'obj. désigne une abstraction] :
10. On sait avec quel noble désintéressement (...) Léonard Astier-Réhu se démit de sa charge au bout de quelques années (1878), refusant de courber sa plume et l'impartialité de l'Histoire devant les exigences de nos gouvernants actuels. A. Daudet, Immortel,1888, p. 18.
Rem. On rencontre en Suisse, arg. scol., courber. Manquer un cours, faire l'école buissonnière (cf. Itten-Bastian, Santé! Conversation! Lausanne 1970, p. 108).
II.− Emploi pronom.
A.− Devenir courbe, prendre une forme courbe, décrire une courbe. Ses épaules s'étaient courbées, elle grelottait un peu dans le froid de ses vêtements trempés de sueur (Zola, Germinal,1885, p. 1172):
11. J'avais pitié d'un poisson rouge plus long que le diamètre de son bocal, et qui tournait en se courbant. A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 16.
12. Entre deux assez hauts murs de terre il [le chemin] circule comme indolemment; les formes des jardins, que ces hauts murs limitent, l'inclinent à loisir; il se courbe ou brise sa ligne; dès l'entrée, un détour vous perd; on ne sait plus ni d'où l'on vient, ni où l'on va. Gide, L'Immoraliste,1902, p. 391.
B.− S'incliner, se pencher. La plante se courbe au grand soleil (Alain, Propos,1913, p. 160).Les maisons royales ressemblent à ces figuiers de l'Inde dont chaque rameau, en se courbant jusqu'à terre, y prend racine et devient un figuier (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 11).Les blés jeunes se courbaient et luisaient, comme couchés par une immense main d'argent (La Varende, Manants du Roi,1938, p. 157):
13. ... des femmes charmantes, qui, subissant elles-mêmes l'influence de ce spectacle, se courbent sur les balcons, se penchent hors des fenêtres, font pleuvoir sur les voitures qui passent une grêle de confetti qu'on leur rend en bouquets; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 511.
[En signe de soumission] Noble sicambre, à demi dépouillé au milieu de l'âge, courbez-vous! (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 266).Il [l'évêque] dressa les deux doigts de sa main droite et bénit l'homme qui ne se courba pas (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 105).
Au fig :
14. Une heure arrivait dans cette vie où Germinie renonçait à la lutte. Sa conscience se courbait, sa volonté se pliait, elle s'inclinait sous le sort de sa vie. E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 193.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. a) Un ex. d'emploi abs. au sens de « s'incliner ». L'Empereur se fâcha (...). Le grand-maître courba devant l'orage, et n'en continua pas moins son train accoutumé (Las Cases, Mémor. S.-Hélène, t. 1, 1823, p. 815). b) Emploi normal avec suppression du pron. réfl. derrière faire + inf. (cf. aussi Littré). − Qu'on se hâte! dit une voix au fond de la galerie. Cette voix fit courber tout le monde, comme le vent en passant sur la plaine fait courber un champ d'épis. Moi, elle me fit tressaillir. Cette voix, c'était celle de mon père (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 260). 2. On rencontre ds la docum. un ex. de courbeur correspondant au prov. mod. courbaire, employé (imprimé en italique) par Mistral dans sa trad. de Mireille et cité par Lamartine « ... le vent de mer, courbeur puissant des peupliers » (Cours litt., 40eentretien, 1859, p. 291).
Prononc. et Orth. : [kuʀbe], (je) courbe [kuʀb]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. Ca 1170 curberent le genuil (devant Baal) (III Rois, XIX, 18, éd. E. R. Curtius, p. 161). Du lat. vulg. *curbare, class. curvare « courber ». Fréq. abs. littér. : 1 095. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 405, b) 2 325; xxes. : a) 1 682, b) 1 199. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 25. − Gottsch. Redens. 1930, p. 153.