| COUPE-GORGE, subst. masc. A.− Lieu dangereux, mal fréquenté, où l'on risque de se faire assassiner ou voler. Un vrai coupe-gorge : Le passage prend l'aspect sinistre d'un véritable coupe-gorge; de grandes ombres s'allongent sur les dalles, des souffles humides viennent de la rue; on dirait une galerie souterraine vaguement éclairée par trois lampes funéraires.
Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 4. − [En appos.] Les meublés coupe-gorge du boulevard Ornano (Lorrain, Phocas,1901, p. 284). B.− P. ext. 1. Vx. Lieu, et en particulier, maison de jeu où l'on se fait voler, où l'on perd beaucoup d'argent. Savez-vous, madame, que votre maison est un simple coupe-gorge? Je perds déjà dix mille francs pour ma part (Augier, Thommeray,1874, p. 331). 2. Milieu où sont commis des actes cruels ou de graves injustices. Le gouvernement est un coupe-gorge. (...) puisqu'on sauve la société, il faut bien qu'on extermine le peuple (Hugo, Hist. crime,1877, p. 74). Prononc. et Orth. : [kup̬gɔ
ʀ
ʒ]. Ds Ac. 1694, s.v. coupegorge; ds Ac. 1718-1932 en deux mots. Inv. (cf. coupe-bourse). Étymol. et Hist. Ca 1210 Cope-gorge topon. dans un récit allégorique (R. de Houdenc, Songe d'Enfer, éd. P. Lebesgue, 339); xiiies. coupe-gorge lieu où l'on assassine (Manuscrit latin de la B.N., no14952, fol. 208 ds B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la B.N., t. 4, p. 102). Composé de la forme verbale coupe (couper*) et de gorge*. Fréq. abs. littér. : 59. Bbg. Barb. Infl. 1923, p. 10. |