| COULPE, subst. fém. THÉOL. CATH. A.− Péché : 1. ... l'opprobre de la misère est absolument indicible, parce qu'elle est, au fond, l'unique souillure et le seul péché. C'est une coulpe si démesurée que le Seigneur Dieu l'a choisie pour sienne, quand il s'est fait homme pour l'assumer.
Bloy, Le Désespéré,1886, p. 338. ♦ P. métaph. Il [Napoléon] aurait pu étendre sa confession à d'autres coulpes (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 640): 2. Lord Elgin, en déportant au British Museum les frises du Parthénon − mise à part sa coulpe de déménageur sacrilège − n'a certainement pas fait mieux que Shakespeare qui a transporté dans les brumes de Londres le soleil de la latinité.
L. Daudet, Ét. et milieux littér.,1927, p. 27. − Loc. Dire sa coulpe. Confesser son péché. − En partic. Manquement extérieur contre la règle dans un monastère ou un couvent (d'apr. Foi 1968). B.− P. méton. 1. Reconnaissance, aveu de son péché. Faire sa coulpe. Le malheureux [le P. Gaucher] était à genoux dans l'oratoire du prieur, et faisait sa coulpe avec un ruisseau de larmes (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p. 225). 2. Signe par lequel on se reconnaît coupable. Battre sa coulpe. Chez les premiers chrétiens, la confession était publique. Certains ordres monastiques ont conservé cet usage et, chaque soir, « battent leur coulpe » devant leurs frères (H. Bazin, Vipère,1948, p. 60). Prononc. et Orth. : [kulp]. Admis ds Ac. 1694-1932. Vx mot, peu empl. surtout dans la parole, dans lequel le l de culpa (a. fr. colpe, coupe) a survécu dans la graph. et même se reprononce (cf. Buben 1935, § 114). Étymol. et Hist. 1. 881 colpe « faute » (Ste Eulalie, 20 ds Henry Chrestomathie, p. 3); ca 1100 culpe (Roland, éd. J. Bédier, 1173); ca 1460 coulpe (Cent Nouvelles nouvelles, éd. Sweetser, 4, 102, p. 51); 2. ca 1150 batre culpe (Wace, Vie de Saint Nicolas, 898); ca 1130 batre sa colpe (Le Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 773). Du lat. class. culpa « faute ». Le mot a gardé une graphie et une prononc. savantes sous l'infl. du lat. d'église (dans le Confiteor, le prêtre prononce à haute voix les paroles mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa en se frappant la poitrine). Fréq. abs. littér. : 25. Bbg. Gohin 1903, p. 306. |