| COUILLON, subst. masc. A.− Vieilli, pop. Testicule : 1. [Recette de philtre d'amour] Tirez de votre sang, un vendredi de printemps; mettez-le sécher au four dans un petit pot, avec deux couillons de lièvre et un foie de colombe...
Druon, Le Lis et le lion,1960, p. 216. − Au fig. 1. Sot, imbécile. Ne fais pas le couillon : 2. − À première vue, dit le jeune homme en clignant des yeux, j'aurais parié à quarante contre un que vous êtes un de ceux qui font les couillons comme ils respirent; ...
Giono, Le Hussard sur le toit,1951, p. 50. 2. Poltron, lâche : 3. Non, mon cher monsieur, je n'ai commis aucune lâcheté, même de geste, relative à votre endroit; et avant de traiter un homme de couillon, il faut avoir des preuves.
Flaubert, Correspondance,1857, p. 198. B.− MAR. Tampon d'étoupe, ficelé dans la toile de la voile et permettant de l'empoigner pour la serrer. Margouillet grossier. Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. couillonisme. Bêtise ou frayeur érigée en système. On ne meurt pas de chagrin, sois-en sûr. Avoue plutôt que « tu n'oses pas ». Tu te payes à toi-même, d'une bonne raison, ton couillonisme (Id., ibid., 1855, p. 190). Prononc. et Orth. : [kujɔ
̃]. Ac. 1798-1878 enregistrent coïon, coïonner, coïonnerie. On rencontre coïonnade ds Ac. Compl. 1842. Ces formes avec trémas sont également ds Besch. 1845, Lar. 19e(qui préconise déjà la graph. avec -ill-), Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG et Quillet 1965; elles sont aussi ds Lar. 20emais comme formes anc. de couillon, couillonnade, couillonner, couillonnerie. Certains de ces dict. donnent en outre les graph. coyon (cf. Goncourt, Journal, 1889, p. 1036), coyonnade, coyonner, coyonnerie (cf. Lar. 19e-20eet Guérin 1892). La forme couillon apparaît comme terme de mar. ds Besch. 1845 et Littré; cf. aussi ds DG qui note aussi le sens A; elle est au sens B ds Guérin 1892 (qui renvoie à coïon), avec ses dér. ds Lar. 20e, Rob., Lar. Lang. fr. et ds Quillet 1965 (qui renvoie également à coïon). Étymol. et Hist. A. 1. Début xiiies. coillons (Gervaise, Bestiaire, éd. F. Meyer, 689); 2. 1813, 18 mars « homme peureux, lâche » (Stendhal, Journal, t. 5, p. 21). B. 1560 coion « homme mou, sans énergie » (Grévin, Les Esbahis, V, 4 ds Gdf. Compl.); 1592 coyon (Montl., Comm., I, 7, ibid.), forme encore inscrite ds Lar. 20eavec renvoi à couillon. A du b. lat. *coleonem acc. de *coleo (CGL II, 103, 29), class. coleus « testicule ». B empr. à l'ital. coglione proprement « testicule », au fig. « homme mou, balourd, sot » (1remoitié xvies., L'Arétin ds Batt.); A 2 est prob. un dér. sém. de B. Fréq. abs. littér. : 99. Bbg. Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 70. |