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COUDÉE, subst. fém.
A.− Anc. Mesure de longueur approximative en usage chez les Anciens, représentant la distance du coude à l'extrémité des doigts, soit 50 cm environ. Elles [les palmes] ont une coudée de longueur et deux pouces de largeur (Bern. S.-P., Harm. nat.,1814, p. 66).La forteresse [de Machaerous], dont les murailles étaient hautes de cent vingt coudées (Flaub., Trois contes,Hérodias, 1877, p. 139).Ils [les saints] sont ravis en extase à deux coudées du sol (Zola, Rêve,1888, p. 26).
Au fig., littér. Cent, mille coudées. Valeur considérable. Dépasser qqn de cent coudées, être à cent coudées au-dessus de qqn, de qqc. Palestrina, Pergolèse, Bach, Haydn, ces noms de cent coudées (Feuillet, Sc. et coméd.,1854, p. 93).Il plaçait Alphonse Daudet à mille coudées au-dessus de Dickens (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 172).
B.− P. méton. Espace nécessaire pour remuer les coudes en prenant ces mesures. [Seulement dans la loc. fam. fig.] Avoir les coudées franches. Avoir toute liberté d'action, n'être gêné par rien ni par personne. M. Brisson s'est débarrassé de ses « impedimenta » de programmes pour avoir ses coudées franches dans la noble entreprise de rendre ce pays à lui-même (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 441):
Les petites tyrannies qui ne peuvent s'exercer à l'aise, les abus qui n'ont pas les coudées franches (...) jettent les hauts cris contre cette maudite liberté de la presse. Chateaubriand, La Liberté de la presse,1822, p. 194.
Prononc. et Orth. : [kude]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1165-70 cotee métrol. (B. de Ste-Maure, Troie, 24133 ds T.-L.); mil. xiiies. [ms. début xives.] codee (Joufroi de Poitiers, éd. P.-B. Fayet et J.-L. Grisby, 574); 1530 couldée (Palsgr., p. 211); 2. 1580 [avoir les] coudées franches « avoir l'espace nécessaire pour remuer les coudes » ici au fig. « avoir la possibilité d'agir librement » (Montaigne, Essais, éd. Thibaudet, I, chap. 39); 1611 au propre (Cotgr.). Dér. de coude*; suff. -ée*; a supplanté l'a. fr., cute (coude*) au sens 1. Fréq. abs. littér. : 155. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 161. − Rog. 1965, p. 28, 132.