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COUCHE, subst. fém.
I.− Lit, endroit préparé pour y dormir.
A.− Littér. Couche conjugale, nuptiale. Partager sa couche avec qqn (Ac.). Lit large, antique et solennel comme une couche mortuaire (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Duchoux, 1887, p. 698).Une époque où l'on a pour couche des lits divans démontables (Arnoux, Paris,1939, p. 169):
1. Grand ou petit, couche ou couchette, le lit est garni, quand il est bon, d'une paillasse, dont l'enveloppe peut être bourrée de foin aussi bien que de paille, puis, au-dessus, d'un matelas de laine et de coton, enfin d'une couette de plumes. Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 159.
B.− En partic. et p. méton., le plus souvent au plur.
1. Temps d'alitement de la femme pendant et après l'accouchement. Être en couches. Après les couches de Mmela comtesse de Montholon, un jeune ecclésiastique anglais (...) vint baptiser son enfant (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 471).
2. L'accouchement lui-même. Couches laborieuses; faire ses couches, relever de couches; suites de couches. En lui donnant le jour avant terme, sa mère était morte en couches (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 105).Ma cousine Élisa (...) souffrait depuis quelque temps des suites d'une couche difficile (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Confess., 1895, p. 103).Des gémissements de femme en couches (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1086).
P. métaph. La « Revue » vous dira de quel gros travail j'étais en couche. Je relève (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1818-69, p. 625):
2. Il faut savoir ce que lui coûtait [à Flaubert] une bonne page, lui qui s'était stérilisé volontairement, dans son désir toujours inassouvi de la perfection. C'était un arrachement continu, des couches douloureuses à hurler, des doutes sans cesse renaissants... Zola, Les Romanciers naturalistes,Flaubert, 1881, p. 166.
Au sing. Fausse couche. Avortement involontaire. Elle fit un jour une fausse couche en tombant dans l'appartement ivre morte (Goncourt, Journal,1862, p. 1120).
[Employé comme injure] Synon. trivial de avorton.Et d'où veux-tu donc qu'il chante, fausse couche? Du cul? (Arnoux, Zulma,1960, p. 29).
C.− Expr. et loc. fig.
1. [La couche symbolisant le mariage] Dieu a béni leur couche. Ils ont eu beaucoup d'enfants. Les fruits de la couche de qqn. Ses enfants. Souiller, déshonorer la couche de qqn, la couche nuptiale. Commettre l'adultère.
2. [La couche symbolisant l'union charnelle] Iron. Honorer la couche d'une personne. Coucher avec cette personne, avoir des rapports sexuels avec elle. Il [Aristide Briand] devait (...) honorer la couche de princesses étrangères (L. Daudet, Bréviaire journ.,1936, p. 147).
D.− P. méton. Linge ou bande absorbante à l'usage des jeunes enfants qui n'ont pas encore le contrôle de leurs fonctions naturelles, servant notamment à préserver la literie. Changer la couche d'un enfant; on a donné à la nourrice une douzaine de couches (Ac.). Comme monsieur Gervais finissait de téter, Marianne s'aperçut qu'il s'était oublié dans sa couche (Zola, Fécondité,1899, p. 234).
II.− [P. réf. à la forme et à la disposition horizontale d'un lit ou d'un drap de lit]
A.− Étendue plus ou moins uniforme d'une substance dont l'épaisseur est faible relativement à l'étendue superficielle. La couche cornée de l'épiderme; la couche sensible d'un film photographique. Il faut mettre une couche de fraises puis une couche de groseilles, puis une couche de sucre (Ac.).Il y avait sur le poêle de fonte, une couche de rouille (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 101):
3. ... ces bois sentaient si bon qu'on avait envie de s'étendre sur la couche épaisse des feuilles mortes et de rester là jusqu'au soir, à respirer ce parfum âcre et doux qui montait du sol. Green, Moïra,1950, p. 150.
SYNT. Couche de ciment, de plâtre; couche de glace, de neige; couche de poussière, de saleté; une couche de beurre, de miel sur une tartine; une couche de crème, de fard sur le visage.
1. Spéc. Enduit. Couche de badigeon, de peinture, de vernis; couche d'apprêt, de finition, d'impression. Deux petites ombrelles de zinc enduites d'une épaisse couche de vermillon vif (Zola, Assommoir,1877, p. 501).
2. Loc. fig., fam. et iron. En avoir, en tenir une couche (de bêtise). Être sot, borné. Vous en avez une couche! Vous comprenez bien que si je n'étais pas sûre de mon fait, je ne m'avancerais pas à vous raconter un pareil boniment (Lévy, Gosses Paris,1898, p. 52).Faut-i' qu't'en tiennes une couche! Ton père, il était peintre! (Barbusse, Feu,1916, p. 232).
3. Emplois sc. et techn.
a) BOT. Couches corticales. Lamelles fibreuses superposées les unes aux autres et formant l'écorce. Couches ligneuses. Épaisseurs de matière ligneuses disposées concentriquement du centre à la périphérie, superposées les unes aux autres et formant l'aubier.
b) BOULANGERIE, vx. Tissu ou treillis sur lequel on étend la pâte à pain façonnée, pour la faire lever avant de l'enfourner. Ceux-ci [ces paniers] étaient des « couches à pain », dans lesquelles on mettait la pâte en forme pour qu'elle levât (La Varende, Contes fervents,Heur. humbles, 1942, p. 58).
c) GÉOL. Étendue de dépôts sédimentaires de faible épaisseur, de composition homogène, limitée en haut et en bas par deux surfaces approximativement parallèles. Couches géologiques; couche sédimentaire; couche secondaire, tertiaire; l'inclination des couches. La direction et l'étendue des couches sont très variables (Ac.). Les couches géologiques se relèvent sensiblement au nord-est de Paris (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 102).
Spéc., MINES. Gisement (de charbon, de minerai, de sel, etc.) de nature compacte et régulière, compris entre deux plans parallèles (d'apr. Haton de La Goupillière, Exploit. mines, 1905, p. 4) :
4. ... la grande profondeur de Jean-Bart augmentait chez lui le prix de l'extraction, condition défavorable à peine compensée par la forte épaisseur des couches de houille. Zola, Germinal,1885, p. 1392.
P. anal. Couches d'air, de l'atmosphère; couches de l'océan. Le rayonnement cosmique des hautes couches de l'atmosphère (Goldschmidt, Avent. atomique,1962, p. 237).
P. métaph. Les couches profondes du moi (cf. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,1889, p. 109).Les couches profondes de la subconscience (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 119):
5. ... le renouveau agronomique qui se dessine en France septentrionale au cours du xviiiesiècle plonge justement ses racines à travers les théories des physiocrates jusqu'aux couches puritaines de la bourgeoisie terrienne anglaise. L. Levadoux, La Vigne et sa cult.,1961, p. 8.
Au fig., usuel, SOCIOL. [Dans une société plus ou moins nettement hiérarchisée] Ensemble de personnes ayant en commun des caractères tels que l'âge, le sexe, la religion, les activités professionnelles ou économiques (d'apr. Willems 1970). Couche d'âge, couche sociale, couches laborieuses. Le public de Zola est un public petit-bourgeois, classes moyennes, « nouvelles couches » comme on disait (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 425):
6. ... la classe prolétarienne ne s'est pas accrue indéfiniment. Les conditions mêmes de la production industrielle (...) ont augmenté de façon considérable la classe moyenne et créé même une nouvelle couche sociale, celle des techniciens. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 265.
d) HORTIC. Étendue de matière susceptible de dégager une chaleur artificielle par fermentation pendant un temps assez long afin de hâter le développement des plantes. Couche de fumier, de terreau; couche chaude, sourde, tempérée. Garantir les couches avec des paillassons et des brise-vent (Ac.). Je suis allé mettre les châssis sur les couches (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 213).
Rem. On rencontre ds la docum. le composé couche-mère, subst. fém. Couche sur laquelle on fait lever les plants jusqu'à ce qu'ils aient acquis une force suffisante pour être repiqués ailleurs (cf. Carrière, Encyclop. horticole, 1862, p. 129).
Champignon de couche. Agaric comestible cultivé sur une étendue de terreau. L'homme cultive le champignon de couche dans les carrières des environs de Paris (J. Rostand, Vie et problèmes,1939, p. 96).
B.− Disposition couchée, horizontale de quelque chose. Quatre-vingt-seize solives de couche et cinquante-deux solives debout (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 494).
ARM. Disposition plus ou moins plane de la crosse qui permet de tenir fermement le fusil et de l'immobiliser lorsque l'on vise. Je voulais m'offrir une arme à ma couche, chez Gastrine-Rennette. Mais ma femme trouve la dépense excessive (H. Bazin, Vipère,1948, p. 66).
Plaque de couche. Semelle de la crosse du fusil :
7. ... un camion chargé de fusils arrivait. − On dirait des semelles! dit Ramos. En effet, on ne voyait des fusils que la plaque de couche. Malraux, L'Espoir,1937, p. 442.
P. méton. Pièce disposée horizontalement.
ARCHIT. Pièce de bois posée horizontalement à terre, sur laquelle s'appuient des étais (cf. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., 2, 1928, p. 91).
MÉCAN. Arbre de couche. Longue pièce cylindrique rectiligne, qui transmet un mouvement de rotation à diverses pièces d'une machine à vapeur, d'une turbine, etc. P. métaph. La Comédie Humaine peut concerner le siècle, précisément parce que la génération de Balzac a été l'arbre de couche de ce siècle (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 234).
Prononc. et Orth. : [kuʃ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 culche « lit » (Rois, éd. E. R. Curtius, XXVIII, 24), ,,n'est plus guère employé que dans le burlesque`` (Rich.) ou ,,la Poësie`` (Ac. 1694); 2. 1505 coucqne [lire coucque] « linge dont on enveloppe les jeunes enfants » (Dépenses pour les enfants trouvés, Arch. mun. Lille ds Gdf. Compl.); 1575 couche (Paré, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, 16, 37); 3. 1552 estre en couche « être dans le travail de l'enfantement (ou dans la période qui suit) » (Gouberville ds Pope, p. 255); 1671 fausse couche (Mmede Sévigné, Lettre 20, éd. Perrin, 1734, t. 1, p. 65). B. 1. 1268 « assemblage, lit de plusieurs objets réunis, couchés ensemble (draps, cuirs) » (E. Boileau, Livre des mestiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, 2epart., II, 12); 2. 1529 hortic. (ds Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1887, 179 ds IGLF); 1835 champignon de couche (Ac.); 3. [xives. « lit de terre » (Macé, Bible en vers, fo141, 1recol. verso ds Littré)]; 1580 géol. (B. Palissy, Discours admirables, éd. A. France, p. 440); av. 1783 couches de l'atmosphère (D'Alemb. Œuvres, t. XIV, p. 29 ds Pougens d'apr. Littré); 4. 1580 « étendue uniforme d'une substance sur un espace déterminé » (B. Palissy, Discours admirables, p. 460 ds IGLF); 1883 pop. en avoir une couche « être bête » (G. Fustier, Suppl. au dict. de la langue verte d'A. Delvau, p. 510); 5. 1771 bot. couches ligneuses (Trév.); 6. 1830 couches de la société (Lamart., Corresp. gén., p. 38). C. 1444 estre en couche « être disposé horizontalement (d'un objet) » (4 nov., fo17 vo, Ch. des compt. de Dijon, B 11881, A. C.-d'Or ds Gdf. Compl.); 1676 terme de charpentier (Félibien Dict., p. 542); 1680 couche de fusil (Rich.); 1869 arbre de couche (Lar. 19e). Déverbal de coucher1*. A 3 prob. du m. fr. coucher « accoucher » (fin xive-début xves., Quinze joies de mariage, éd. J. Rychner, 3ejoie, p. 18) issu de accoucher* par aphérèse. Fréq. abs. littér. : 2 316. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 882, b) 3 572; xxes. : a) 3 597, b) 2 454. Bbg. Boyer (J.). Mini-gloss. trilingue... Meta. 1971, t. 16, no4, p. 224. − Gottsch. Redens. 1930, p. 449. − Pauli 1921, p. 28. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 10, 150.