| * Dans l'article "COTON,, subst. masc." COTON, subst. masc. I.− Matière végétale. A.− Duvet végétal soyeux, entourant les graines du cotonnier et utilisé comme matière textile. L'industrie du coton, la plus vieille de toutes (Lesourd, Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 2, 1966, p. 556): 1. ... le coton (...) [présente les] caractères morphologiques (...) d'un poil ou tube unicellulaire, comprenant deux membranes minces, (...), ou cuticule et une matière intercuticulaire...
L. Vennin, G. Chesneau, Les Poudres et explosifs,1914, p. 211. SYNT. Balle de coton; blanchiment, tissage du coton; commerce, culture du coton; filature, plantation de coton. 1. Expr. fig., fam. [Avec une idée de mollesse] a) [Mollesse physique] Avoir les jambes (bras) en/de coton. N'avoir plus de force dans ses membres. Il se plaignait d'avoir des guibolles de coton (Zola, Assommoir,1877, p. 516): 2. Je sens en moi, sur mes jambes de coton, une petite allégresse de reprendre possession du pavé de Paris, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 391. b) [Mollesse morale] Vivre dans du coton; élever un enfant dans du coton. − Oui, répondit Chiquita, qui n'était pas un enfant gâté élevé dans du coton, ce court sommeil m'a rendu mes forces (Gautier, Fracasse,1863, p. 174).Mettre dans du coton. Une fois chez lui, sa mère l'a mis dans du coton; il s'y est accoutumé (Taine, Notes Paris,1867, p. 118). 2. Argot a) Pain (mou) : 3. Signifie aussi Le manger, comme Huile signifie Le boire, ainsi qu'en témoigne ce refrain (...) « Moi j'aim' mieux l'huil' que l'coton! »
Delvau, Dict. de la lang. verte,1867, p. 510. b) Loc. fig. Avaler du coton. Être pris pour dupe : 4. « Je veux par mes propres yeux vérifier si oui ou non on m'a fait avaler du coton » (Saint-Patrice, Aventures de Nabuchodonosor Nosebreaker).
Rigaud, Dict. de l'arg. mod.,1881, p. 113. B.− P. ext. Duvet recouvrant certaines parties de végétaux : 5. Son ventre était fleuri de blanc, comme de coton de clématite sur de l'herbe.
Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 72. C.− P. anal. Poil follet apparaissant sur les joues et le menton des jeunes garçons : 6. À peine adolescent, de son léger coton
La jeunesse en sa fleur ombrage son menton.
Delille, L'Énéide,1804, p. 215. − Fam. Brouillard épais : 7. Un moutonnement blanchâtre dévalait les pentes de l'Erdre, bourrait de coton les clairières cernées d'arbres frileux repliés dans leurs branches.
H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, pp. 137-138. II.− P. méton. A.− Étoffe fabriquée à partir du coton. Bas, molleton, flanelle de coton; des draps de coton. Le tissage des cotons (Lamart., Corresp.,1831, p. 215). − En partic. Coton mort : 8. Certaines variétés de cotons renferment plus ou moins de filaments qui refusent la teinture (...). Les filaments connus sous le nom de coton mort...
A. Wurtz, Dict. de chim. pure et appliquée,t. 1, 2evol., 1870, p. 784. B.− Fil de couture obtenu à partir du coton. Les filatures de coton (L. Blanc, Organ. travail,1845, p. 46). − Loc. fig., fam. Filer un mauvais coton. Avoir ou donner des inquiétudes. − Vous filez un mauvais coton, reprit la sage-femme après un long silence (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1537). − Loc. arg. C'est coton. C'est difficile. Mais pour retrouver un emploi? ça c'était coton! (Céline, Mort à créd.,1936, p. 679).Avoir un coton. Avoir du mal. J'ai eu un coton terrible pour la rattraper (Céline, Mort à créd.,1936p. 631). C.− Spéc., MÉD. Coton hydrophile. Ouate obtenue par l'élimination des substances grasses et résineuses : 9. ... recouvrir de compresses stériles, puis de coton hydrophile, le tout maintenu à l'aide de bandes.
Quillet Méd.1965, p. 304. − Expr. fig., fam. Avoir du coton dans les oreilles. Entendre mal. Et la lune a, bonne vieille, Du coton dans les oreilles (Laforgue, Poésies,1887, p. 99). Prononc. et Orth. : [kɔtɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160 « duvet végétal » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 7449); b) 1671 fig. mettre, élever dans du coton (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 2, p. 167); c) 1839 fig. jambes en coton (Stendhal, Chartreuse, p. 366 : Ses jambes lui semblaient comme du coton); 1877 guibolles de coton (Zola, loc. cit.); d) 1846 fig. filer un mauvais coton (Monnier, Scènes pop., II, 27 ds Quem. Fichier), 2. ca 1165 cotun « fil, étoffe de coton » (B. de Sainte-Maure, Roman de Troie, éd. L. Constans, 7907 [var.]); 3. 1680 « arbre qui porte le coton » (Rich.) − 1771 (Trév.), remplacé par cotonnier. B. 1. 1574 bot. « duvet de certaines plantes » (R. Belleau, Odes d'Anacréon, Œuvres, I, 26 ds IGLF); 2. 1916 arg. milit. « nuage » (Cartault, Feuillets de campagne ds Esn. Poilu 1919, p. 175); 3. 1890 adj. arg. « embrouillé, difficile » (Esn.). Empr. à l'ar. quṭun, « coton » par l'intermédiaire de l'ital. cotone (cf. lat. médiév. cutto à Gênes en 1156 et cutuneus en Sicile en 1144 d'apr. Vidos 1939, pp. 336-338). La culture de cette plante a été introduite en Sicile et en Andalousie par les Arabes au xiies. (FEW t. 19, p. 102b, s.v. quṭun). Fréq. abs. littér. : 869. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1335, b) 1 698; xxes. : a) 876, b) 1 118. DÉR. 1. Cotoniser (se), verbe pronom.Devenir mou comme du coton. Oh! le XIXesiècle, à en juger du moins par la tête de la société et de la littérature, est bien peu le fils de son père le XVIIIe. Plus il avance en âge, plus il se cotonise et s'affadit. (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 11, 1863-69, p. 224).Néol. pour Littré et Guérin 1892. Attesté également ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Quillet 1965.− Seule transcr. ds Littré : ko-to-ni-zé. − 1resattest. a) 1829 cotonniser « façonner comme le coton » (Boiste) − 1851 (Land.), b) 1867 se cotoniser « devenir mou, fade » (Sainte-Beuve, loc. cit.); de coton, suff. -iser*. 2. Cotonnerie, subst. fém.a) Plantation de cotonniers (cf. cotonnier1). b) Usine où l'on travaille le coton (cf. cotonnier2); v. Lesourd, Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes., t. 2, 1966, p. 344. − [kɔtɔnʀi]. − 1resattest. a) 1772 « champ de cotonniers » (Raynal, Histoire philosophique des Indes, XIII, p. 38 ds Littré); b) 1832 « lieu où l'on travaille le coton » (Raymond); c) 1832 « culture du coton » (ibid.); de coton, suff. -erie*. − Fréq. abs. littér. : 2. 3. Cotonnette, subst. fém.Étoffe de coton bon marché. D'assez, point trop nombreux villages aux bonnes auberges crépies à la chaux, fenêtres aux rideaux d'cotonnette à grands carreaux roug'brique et blancs (...) sont riverains de droite et de gauche (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confess., 1895, p. 121).− [kɔtɔnεt]. − 1reattest. 1755 (Registre notarial, 2742, 32, Archives cantonales du canton de Fribourg ds Pat. Suisse rom. t. 4, p. 360); de coton, suff. -ette*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 212, 237. − Goug. Mots. t. 2. 1966, pp. 125-126. − Hope 1971, p. 35. − Lammens 1890, p. 264 (s.v. hoqueton). − Rog. 1965, p. 74. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 102. − Vidos 1939, p. 337. |