| CORELIGIONNAIRE, subst. A.− Personne ayant la même religion que d'autres implicites ou mentionnés dans le contexte. 1. [En présupposant l'ensemble relig. auquel appartient une pers.; empl. avec l'adj. poss. (mon coreligionnaire) ou au plur. (les coreligionnaires)] Ses (des) coreligionnaires chrétiens, musulmans. Il intéressa des coreligionnaires, qui lui fournirent les ressources nécessaires (Tharaud, An prochain,1924, p. 16): 1. L'antisémitisme fait partout des progrès effrayants. En Russie, mes coreligionnaires sont chassés comme des bêtes sauvages.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 48. 2. [En présupposant les relations entre les membres d'un ensemble relig.; suivi de la prép. de] Les coreligionnaires de l'auteur de la Vie de Jésus (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 61).Quelques coreligionnaires de M. Bernstein (Léautaud, Théâtre Boissard,t. 1, 1926, p. 24). Rem. Attesté ds Ac. abr. 1832. Considéré comme néol. par DG. − P. anal. Personne qui pratique les mêmes rites ou usages particuliers : 2. Au bout de quelques minutes après l'absorption du haschisch (...) les fils qui relient vos conceptions sont si ténus, que vos complices, vos coreligionnaires seuls peuvent vous comprendre.
Baudelaire, Paradis artificiels,Du vin et du haschisch, 1860p. 336. B.− P. métaph. Personne qui professe les mêmes opinions ou doctrines qu'une ou plusieurs autres. Coreligionnaire de Fourier, coreligionnaire politique. Coreligionnaires en révolution (Bourget, Actes suivent,1926, p. 104).Des acteurs réalistes entourés de coreligionnaires à la Rembrandt (Morand, New York,1930, p. 169). − P. iron. Les coreligionnaires en irréligion (Goncourt, Journal,1891, p. 25). Rem. 1. Colin 1971 signale que la tendance mod. vers un emploi péj. n'est pas justifiée. Le mot semble partic. fréq. dans le vocab. des antisémites. 2. On rencontre ds la docum. coreligionnairement, adv. En coreligionnaire. [Il] n'avait pas le droit de prendre si coreligionnairement son parti (Goncourt, Journal, 1889, p. 1007). Le mot est absent des dictionnaires. Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀ(ə)liʒjɔnε:ʀ]. On peut entendre p. anal. avec corrélation, corrélatif, [kɔ
ʀeliʒjɔnε:ʀ] (cf. DG). Littré s'étonne de l'incohérence de Ac. qui admet le mot dans les éd. de 1835-1932 en l'écrivant avec 1 seul r alors qu'elle écrit corrélation et corrélatif avec 2 r. Mais corrélation, corrélatif sont empruntés, directement, au lat. scolast. correlatio, correlativus, alors que coreligionnaire est formé du préf. co- (cf. infra). Étymol. et Hist. 1. 1834 (Balzac, E. Grandet, p. 14); 2. 1866 p. ext. « celui qui professe les mêmes opinions qu'un autre » (Lar. 19e). Dér. de religion*; préf. co-*; suff. -aire2*. Fréq. abs. littér. : 79. Bbg. Quem. 2es. t. 4 1972. |